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jura - Page 2

  • VDV#56: trou de mémoire...

     

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    Vendredisduvin

     C'est le dernier vendredi du mois. Un mois de mai bien pourri sur lequel il tarde à beaucoup de monde de tirer un trait. C'est Vendredi du vin et j'ai failli oublier. Modestement, je n'en ai encore manqué aucun et celui-là a failli passer à la trappe. Oublié et modeste, c'est justement la thématique choisie au hasard Balthazar par Jeff Heering, Brusseleir dans l'âme, qui n'aurait pas aimé que le mois de mai soit finalement oublié des vendredistes bruxellois. Sans compter que, sans présidence ni sujet de VDV, les Brusseleirs n'auraient modestement pas su quoi boire lors de leur pantagruelique rencontre  mensuelle, qui renvoie en cour de récré n'importe quel autre participant plus modeste à ce grand raout vinique, fier et content d'arriver avec sa belle, unique et jolie bouteille collant à la thématique du mois.

     

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    Alors, pour tenter d'égaler a minima la performance la prouesse récurrente de ces Belges un peu fous, j'en  ai bien peur, ce ne sera pas d'un seul cépage oublié et modeste dont je voudrais parler aujourd'hui, mais au moins d'une quinzaine. Tous réunis dans la même bouteille, j'espère que l'on saluera la prouesse, digne d'un VDV Brusseleir minimaliste. Béclan, mézy, gueuche, gouais, gamay blanc, portugais bleu, enfariné..., les autres je les ai oubliés. Certaines âmes bien pensantes auraient d'ailleurs bien voulu qu'ils soient définitivement éradiqués, et ce dès 1772 au Parlement de Besançon, mais ce patrimoine ampélographique a été sauvé de l'oubli total, grâce à l'obstination et la persévérance de jeunes vignerons, qui n'hésitent pas à reprendre les micro-parcelles de ces petits papys qui vinifiaient, souvent pour eux-mêmes, un vin rouge de pays un peu rustique, certes, mais gouleyant et préservé des nombreux travers de l'œnologie moderne. Du rouge qui ne tache plus tant que cela, pour un peu que l'on apprécie les vertus d'un vin réellement authentique.

     

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    Le Ratapoil, Étienne Thiébaud, Fanfan Ganevat, le domaine Pignier..., tous ont choisi de préserver ces vieux cépages de la disparition, n'hésitant pas à en replanter, sous le manteau parfois, afin que la richesse viticole du Jura soit préservée. Et pour démontrer que tous ces cépages modestes, honnis, méprisés peuvent donner naissance à des vins simples rustiques mais de grande qualité. S'en passer serait misère...

     

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    Olif

     

    P.S.: les vendredis de la peinture, ça commence aussi aujourd'hui. Michèle Aubéry, du domaine Gramenon, expose ses toiles pendant un mois à la Pointe du Groin. Ce n'est pas à Cancale que ça se passe, mais chez Thierry Breton, à Paris, dans le Xème. 

     

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  • Apocalypse Tomorrow?

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    Quoi de plus excitant que le vrombissement des hélicoptères et l'odeur du napalm au petit matin dans les vignes du Jura? On se le demande, tiens! Pour cause de printemps compliqué, voilà-t-y-pas que le syndicat de la viticulture veut jouer de l'hélicon. Mais c'est pas ça le vrai instrument, comme le chantait Boby. Popopo. Con!

     

     

    La problèmatique d'un arrosage phytosanitaire par hélicoptère, c'est justement que ça arrose. Tous aux abris, sortez couverts! Des trucs pas trop catholiques qui finissent dans le verger de la Tata Irène, dans la tasse de café du grand-père Louis, dans le potager de Mamyvonne, dans l'assiette du quidam installé bêtement en terrasse par ce froid, dans les vignes des vignerons bio qui n'ont rien demandé à personne. Il n'y a guère qu'en Valais que l'on expérimente l'hélico bio, ce qui nécessite à la fois des moyens et de ne pas en être à un paradoxe près... À moins que l'hélicoptère ne soit à pédales? Toujours à la pointe, les valaisans!

     

    Enfin voilà! Le printemps est pluvieux, mais frais. La pression maladie n'est pas encore trop forte de ce fait, malgré l'humidité ambiante, et les seules taches de mildiou ont, semble-t-il, été observées pour l'instant chez des vignerons en chimico-conventionnel, ce qui ne donne pas envie. Mais cela justifie-t-il une dérogation de traitement? Les vignerons bio n'ont d'ailleurs pas envie de se tenir coi. La question ne se pose pas, comme le chantait également Boby. D'ailleurs, je n'ai pas la réponse. Mais je n'en pense pas moins...

     

    Olif

     

    P.S.: le petit Château Pécauld dans la prairie, c'est le prochain épisode des rencontres de l'IFCVG d'Arbois. Pour tout savoir sur les petites fleurs qui nous entourent et sur le rôle de ces espaces indispensables à notre bien-être. Ce sera le 6 juin en Arbois, de 20h à 22h30.

     

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    P.S.2: demain, on n'oublie pas, c'est choucroute au menu. À Strasbourg, au fil du vin libre, en partenariat avec la librairie des Bateliers. Sans Comté, mais avec des flammess (sur réservation) et, surtout, les 4 vignerons alsaciens tronchisés. Une belle dégustation en perspective.

  • Prise de position

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    Il n'a pas le crâne rasé, ni ne porte de calot, Géraud. Géraud Fromont, mari de Pauline, s'est installé dans le Jura en 2006. Aux Marnes Blanches, plus précisément. Dans une grosse bâtisse située le long de l'ancienne route nationale, à Sainte-Agnès, Sud-Revermont. Rapidement converti en bio, son domaine a intégré l'association du Nez dans le Vert, celle des vignerons bio du Jura, qui tiendra salon au domaine de la Pinte les 24 et 25 mars prochains. Authentique comtois, originaire de Velotte, quartier bisontin localement au moins aussi célèbre que Camaret, grâce à son curé, réputé pour avoir tout ce qu'il faut dans sa culotte, il lui en a sans doute fallu un peu pour prendre en charge, en plus de son domaine, le néo-vignoble de Besançon, recréé sur les bords du Doubs, à Velotte, justement, où des traces du passé attestent de la présence de la vigne à cet endroit-là, bien avant que le phylloxéra et l'ANPAA ne commencent leur œuvre destructrice.

     

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    Quand on regarde son reflet dans une glace, cette bouteille de chardonnay se laisse prendre en photo par derrière. La preuve! Un verso technico-poético-informatif, véritable reflet de l'état d'esprit et du terroir de ce vin.

     

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    En levrette, terroir de calcaires à gryphées (petites huîtres fossiles qui n'ont plus que la coquille), vous mettra à genoux, c'est écrit sur la contre-étiquette. En levrette, c'est un lieu fréquenté par les lièvres, étymologiquement parlant. Vert au printemps, rieur, charmant, revigorant, il doit faire bon s'y ébattre dans l'herbe tendre, par devant, par derrière, quand on est un père lapin ou une mère lapine.

     

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    En levrette 2009, c'est un beau chardonnay ouillé aux arômes délicatement floraux sur une touche fumée, avec une petite pointe de gras en bouche, qui donne des envies de Sud Revermont et des pulsions de lièvre.

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    Olif

     

    P.S.: les 24 et 25 mars, les vignerons bios du Jura prendront une nouvelle fois position pour se retrouver le nez dans le vert. Ça se passera au domaine de la Pinte, il fera beau comme à l'accoutumée et les vins seront bons. Avec, sans aucun doute, une belle exposition de Tronches de vin!

     

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  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip...

     

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    Jura: vignoble dont on a fait une montagne. Accessoirement, département immatriculé 39, de couleur plutôt verte. Par ailleurs, bouteille spécifique de forme un peu particulière, destinée à accueillir du vin du Jura, quelle que soit sa couleur, sauf jaune.

    Entièrement situé dans le département du Jura, adossé au massif du Jura, le vignoble du Jura est une simple bande de terre de 80 km de long qui s'étend sur les coteaux du Revermont, de Salins les Bains jusqu'à Saint-Amour, aux portes de la Bresse, en passant par Arbois, Château Chalon et Rotalier. Reposant sur des sols argilo-calcaires qui sont à l'origine de certaines de ses particularités, ce petit bout de vigne affiche une sacrée personnalité. Séparé de la Bourgogne voisine par la large vallée de la Saône, il ne craint désormais plus l'ombre portée par le prestigieux voisin. Les marnes du Lias et du Trias ont permis l'épanouissement de cépages autochtones originaux particulièrement adaptés à ce type de sols, cépages que l'on ne retrouve nulle part ailleurs ou presque. Savagnin, poulsard (ou ploussard, peu importe, l'important, c'est d'en boire) et trousseau résistent bien au développement croissant du chardonnay et du pinot noir, cultivés aussi de longue date, mais vraisemblablement importés de Bourgogne. La renommée du vin du Jura lui vient en grande partie de l'un de ses produits-phare, le vin jaune. Cet accident oenologique, élevé pendant 6 ans dans un fût en vidange, sous un voile de levures qui le protègent d'une transformation en vinaigre, en ménageant son oxydation, donne un vin hors norme que le néophyte ne sera pas toujours à même d'apprécier à sa juste valeur. Les arômes caractéristiques de noix qu'il dégage font souvent fuir l'amateur de vins non-initié, autant qu'ils attirent comme des mouches ceux qui sont rompus à la dégustation de ce breuvage.

    Outre de grands vins, le Jura a également donné naissance à de grands hommes. Le plus célèbre d'entre eux est sans nul doute Louis Pasteur, qui a effectué une grande partie de ses travaux sur la fermentation alcoolique dans la petite ville d'Arbois. On ne le remerciera jamais assez d'avoir considéré le vin comme étant la plus saine et la plus hygiénique des boissons, mais on déplorera tout le mal causé aux fromages au lait cru par la pasteurisation. Le plus injustement méconnu des inventeurs jurassiens est sans conteste Charles Sauria, né à Saint-Lothain, dont l'éclairage fut plutôt bienvenu à l'intérieur des caves, une fois qu’il eût inventé l’allumette à friction.

    Les vins du Jura sont fort justement considérés par les Jurassiens comme les meilleurs des vins produits au monde.

     

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    Salins-les-Bains: cité thermale, d'art et d'histoire, ville sinueuse se faufilant entre les montagnes, en suivant le lit tourmenté de la Furieuse, Salins-les-Bains ne manque pas de sel. En 52 avant Jésus-Christ, Salins-les-Bains a failli devenir célèbre, en manquant de peu le siège de la bataille d'Alésia, qui s'est déroulée à une trentaine de kilomètres de là, du côté de Champagnole et Chaux des Crotenay. Le Jura, terre de défaite, mais pas tout le temps non plus, faudrait voir à ne pas trop pousser le bouchon. On murmure même que Rouget de Lisle, illustre natif de Lons-le-Saunier, a failli appeler son hymne national victorieux la Juraseillaise. C'est dire. En 2012 après Jésus-Christ, Salins-les-Bains est devenue totalement mythique, pour avoir accueilli le camp de base des adorateurs de Saint-Glou, qui, comme chacun sait désormais, se fête avec tous les autres Saints. Glou, saint patron des buveurs, a donc élu domicile temporaire au pied du Mont Poupet, haut-lieu du vol libre et, désormais, du vin libre. Pour une canonisation rituelle et annuelle dans les règles de l'art, une large et belle victoire digne de Jules César. "La Saint-Glou 2012, j'y étais!" pourront dire en 2052, la larme à l'oeil, les survivants, encore poilus ou pas.

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    Pour profiter pleinement d'un séjour, il faut bien dormir, c'est une évidence. La Maison Salines, qui a ouvert ses portes en juillet cet année, ne manque pas d'atouts. Cet ancien hôtel particulier, rénové avec classe et avec goût, dans le respect du style de l'habitation, possède tout le confort moderne. Ses immenses salons favorisent la bonne convivialité, les afters prolongés et les debriefings passionnants. Possédant 5 belles chambres, aux lits confortables, indispensables à la bonne récupération des glouglouteurs, elle permet de loger une dizaine de personnes, ce qui peut nécessiter de réserver des annexes, pour contenir l'invasion de la Séquanie par des hordes de Belges assoiffés, le tire-bouchon entre les dents, qui ignorent encore que la guerre des Gaules est terminée, depuis une certaine bataille qui s'est déroulée pas très loin d'ici (voir plus haut). Une fois les participants excédentaires logés, qui dans un petit gîte attenant, qui à l'Hôtel voisin des Deux Forts (tirant son nom de la présence toute proche du fort Belin et du fort Saint-André, surplombant la ville, rien à voir donc avec la corpulence des gaillards qui y dorment), la Saint-Glou peut officiellement débuter. Direction Arbois, aux Jardins de Saint-Vincent, pour une soirée apéritive autour de la relève vigneronne arboisienne.

     

    Les Jardins de Saint-Vincent, Arbois: quel autre endroit pourrait être plus indiqué pour découvrir les jeunes vignerons jurassiens? Le jardinier Stéphane Planche en mission sommellerie dans le Mâconnais, c'est Julien qui est aux manettes, solidement épaulé par une triplette vigneronne, eux-même parfois assistés de leur secrétariat de direction.

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    Au menu, des jus de 2012, en avant-première mais pas en primeur, le Plouplou nouveau n'ayant pas encore fait suffisamment école pour se contenter d'élevage aussi bref. Charles Dagand, du domaine de L'Octavin a le privilège de l'ancienneté. Tout auréolé d'une bonne et belle assurance, il n'a pas tremblé, lorsqu'il s'est agi de faire goûter ses jus. Encore un bien joli travail sur l'enzymatique, pour la cuvée 2012 du trousseau des Corvées, dite cuvée du nain, une macération carbonique complètement maîtrisée. Pamina 2009, le chardonnay de la Mailloche, se boit comme du petit lait.

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    Renaud Bruyère n'en est qu'à son deuxième millésime, mais n'a déjà plus rien à vendre. Petit domaine, petite production et un travail à temps partiel chez Stéphane Tissot. Depuis qu'Adeline a quitté le GAEC Houillon pour le rejoindre, l'idée est effectivement de s'agrandir. Les 2012, blancs comme les rouges, sont déjà superbes et donnent envie d'en boire. L'ultime bouteille d'Arbois blanc 2011, miraculeusement sauvée de la cave des Jardins pour l'occasion, a fait des étincelles.

     

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    Alexis Porteret a démarré l'aventure des Bodines avec le millésime 2010. Secondé par sa femme Émilie, il continue de travailler au domaine de la Pinte, tout en produisant quelques fabuleux jus de trousseau, poulsard, chardonnay ou savagnin. Les rouges 2012 promettent de belles choses et confirment haut la main la très bonne impression déjà laissée par les deux millésimes antérieurs.

     

    Stéphane Tissot, Montigny-les-Arsures:

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    Quand Stéphane Tissot montre la Mailloche, le Saint-Glouglouteur photographie le doigt...

     

    On ne présente plus la star du vignoble arboisien, chargé d'ouvrir le bal du Savagnin day. Ou, comment tenter de faire appréhender la complexité, la grandeur et le potentiel de ce cépage en une seule journée. Le savagnin dans tous ses états, ou presque, pour un remake in situ d'une certaine dégustation vendéenne... Pendant des décennies, on a voulu faire croire au peuple que l'arôme typique de ce cépage était la noix et que cela correspondait parfaitement au goût du Jura. Une question de mode et de loi du marché, essentiellement local, pour ce breuvage exclusivement caractérisé par une typicité d'élevage.

     

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    À peine le temps d'un BBF apéritif, départ en courant pour profiter d'une éclaircie, direction En Muzard, pour une petite leçon de terroir, méthode Assimil accélérée. L'élément-clé du terroir jurassien, ce sont évidemment les marnes. Rouges, jaunes, bleues, blanches, irisées. Les rouges proviennent du trias. Ce sont géologiquement les plus anciennes et elles conviennent particulièrement bien au trousseau. Montigny en est fort bien dotée, ce qui lui a valu le titre de Capitale mondiale du trousseau. On ne demande qu'à vérifier, même en jour "savagnin".

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    Retour au caveau, donc. Et, en théorie, au savagnin. Après quelques chardonnays, quand même, pour une dégustation en jour "racines et des ailes*". Graviers, En Barberon et Clos de la Tour de Curon 10 témoignent de la belle expression du millésime, après des 09 un peu plus riches. Et puis un superbe et juvénile Clos de la Tour de Curon 2004, le premier millésime de cette parcelle exclusivement calcaire, pour mieux cerner la problématique calcaire vs argile. Et aussi En Barberon blanc 2000, la première cuvée sans soufre en blanc du domaine. Un peu de rouge, pour continuer de se faire la bouche, dont le poulsard du DD 2012, une véritable carbo en foudre, mais qui n'en a pas l'air, et qui se sirote à grandes lampées, et un impressionnant Trousseau 2011, en jour "amphore", la première tentative d'élevage dans ce contenant sur un rouge au domaine. Et puis le savagnin, enfin. En commençant par un Traminer 11, parti à la recherche de ses racines alsaciennes. Et enfin, avant de passer au jaune, ce vin orange totalement envoûtant, magnifié par la terre cuite, dans le millésime 2011.

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    Les blancs de macération, dits blancs cuvés, semblent être une très ancienne tradition arboisienne, inconnue de tous, y compris des arboisiens. La première expérience de Stéphane Tissot remonte à 1992, sur un savagnin, justement. Élevé pendant 6 ans sous voile. Le premier vin jaune orange au monde, en fait. On en a profité pour le goûter, pendant qu'on y était. Réellement étonnante cette petite sensation tannique finale apportée par la macération. La transition toute trouvée pour basculer dans le monde de l'oxydatif, une indéniable tradition jurassienne. Un petit tour dans la cave à jaunes, située à l'étage (il en existe une deuxième, plus fraiche, pour jouer sur le style des vins) permet d'appréhender visuellement le voile et de le humer. Hummmm! Des flaveurs complètement différentes selon les fûts et/ou le millésime, entre malt et épices, mais sans la noix. Et, en bouche, une expression complètement différente en fonction du terroir, puisque Stéphane pratique des vinifications parcellaires sur ses jaunes depuis 2003. Les Bruyères, En Spois, la Vasée, et, prochainement, la Mailloche, bénéficient donc d'un enclavelinage séparé.

     

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    Séance shooting pour vin orange en carafe...


    Et en guise de conclusion, l'apothéose finale avec la cuvée Mélody 2004, savagnin de glace récolté le 22 décembre par -11°C. L'unique vin de ce type produit ici, sur une parcelle laissée volontairement en surmaturité, mais que les conditions climatiques automnales n'ont pas permis de vendanger tardivement dans de bonnes conditions. Ultime chance: que l'hiver rattrape le coup, ce qui fut fait de fort belle façon. Un vin d'exception, à l'équilibre magique et glacé, dont on ne se lasse pas.


    Cancoillotte, Mont d'Or, Morteau, pommes de terre et pitits gâteaux conticiniens

     

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    Le savagnin, ça donne faim, surtout après 4 heures de dégustation. Il était grand temps de rentrer à la Maison Salines pour un déjeuner franc-comtois roboratif, constitué de produits du cru et du meilleur de la pâtisserie parisienne. La cancoillotte maison a été élaborée à partir de metton de la maison Poitrey et il a fallu touiller, ça c'est sûr! Le tout accompagné de quelques vins de vignobles voisins, conviés à table. La cuvée des Gueux 2009, un beau Chignin collaboratif, bien rond, élaboré par la famille Berlioz, n'a pas été trop dépaysée par l'accord fromager.


    Laurent Macle, Château Chalon:

    C'est le ventre bien rempli que les pélerins de la Saint-Glou ont alors pris le chemin de Château Chalon, à la nuit tombante et sous une pluie battante, pour pénétrer dans le Saint des Saints, une cave fraîche à vin jaune.

     

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    Ici, d'ailleurs, on ne fait pas de vin jaune. Uniquement du Château Chalon, le seul et unique grand cru de cette couleur, même si ce n'est pas officiel. Appellation modèle, qui essaie de tirer l'ensemble des viticulteurs vers le haut pour valoriser le cru (déclassement complet d'une récolte lorsque le degré n'est pas au rendez-vous, comme en 2001, par exemple). Pour se faire la bouche, comme il est désormais de coutume lorque l'on déguste en compagnie de Laurent Macle, un chardonnay ouillé, celui des Vendanges à Manue. Millésime 2010 et une jolie fraîcheur acidulée. Le tradition 2009 est pour l'instant encore un peu sous influence du millésime, avec richesse et rondeur. Beaucoup plus tranchant, le 2008 remporte les suffrages. Même décalage entre Château Chalon 2005 et 2004. Le Côtes du Jura 1979 et le Château Chalon 1982 arrivent à point pour faire juge de paix et donner des envies de coq!

     

    La Balance, Mets et vins, Arbois:

    Ça balance pas mal, à Arbois, ça Balance. Thierry Moyne y veille depuis un certain nombre d'années, maintenant. L'idée, pour prolonger le Savagnin day jusqu'au bout de la nuit, c'était finir sur un coq. Au vin jaune, évidemment. Celui de la Balance est mijoté et servi en cocotte. Du bonheur pour un coq. Quasiment en pâte. Avec quelques vieux jaunes pour l'accompagner, j'en ai bien peur. Après un ou deux magnums de Pupillin 2011 du domaine Overnoy-Houillon pour se préparer le palais et étancher la soif, il est vrai.

     

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    De gauche à droite, par ordre d'apparition sur la table:

    -L'Étoile 1990 du domaine de Montbourgeau: une vinification signée du père de Nicole Deriau, Monsieur Jean Gros, absolument rien à voir avec moi, donc. Une grande émotion pour le bistrotier du fond à gauche, qui a assidument fréquenté le domaine à cette époque. De la finesse dans l'oxydation et une jolie acidité qui maintient le vin encore largement debout.

    - Arbois 1987 Camille Loye: celui-là, il est encore parfaitement juvénile, loin de la retraite, contrairement à Monsieur Camille, qui a cessé son activité et vendu ses vignes en 1990. Un vin taillé pour une (encore) très longue garde, à l'image des 79 et 82 qui se donnent à fond actuellement.

    -Château Chalon 1986, Domaine Berthet-Bondet: le vin d'Eva, même s'il fait beaucoup moins jeune qu'elle. On approche déjà la quintessence d'expression d'un jaune un peu évolué. Miel, épices, morilles, un chouïa de noix, aussi. Mais pas trop. Très bon.

    -Arbois Vin jaune 1988, Jacques Puffeney: le vin d'un gars du métier. Plus claquant que le Château Chalon, mais aussi plus réservé. Un vrai jaune d'Arbois, massif et puissant, qui aurait encore mérité de longues années de garde.

    -Arbois Vin jaune 1996, Domaine de la Tournelle: plus fin que puissant, c'est toutefois une petite déception, du fait d'un déséquilibre sur l'acidité. A revoir ou à attendre..?

    -Arbois 1999, Michel Gahier: la grosse claque de la soirée, côté jaune. Un maillot pas volé, tellement il se boit avec délectation et gourmandise. Déjà bon très jeune, il est encore meilleur maintenant et le sera sans doute toujours plus tard, mais il est surtout doté d'un fort coefficient de torchabilité, ce qui n'est pas si courant pour un jaune.

     

    Maison Pierre Overnoy, Pupillin:

     

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    Pupillin, 11 heures du matin, dans l'antre de Maître Yoda, malheureusement absent pour cause de mission sanitaire. Anne et Emmanuel Houillon sont là pour nous accueillir. Dans le contrejour de la grande salle à manger de Pierre Overnoy, le ploussard 2011 (deuxième mise) resplendit dans les verres. De couleur très pelure d'oignon, ce n'en est pas pour autant un rosé, avec ses petits tanins fins, ses notes d'orange confite et d'épices. Pour Manu, il se rapproche des vins de Guy, frère de Pierre, qui s'épanouissent toujours en finesse. Il n'en subsiste que de très vieux millésimes dans la cave du domaine, goûtés de temps en temps lors de séances de dégustation organisées par Pierre.

    Aujourd'hui, malgré l'absence du maître de maison, également Maître loyal de ce genre d'exercice gustatif, la mission reste identique. Vins servis à l'aveugle, 0,8 seconde pour prendre le premier nez. Cépage, millésime, producteur et éventuellement la marque des roues du tracteur qui a transporté la vendange. Avec une question subsidiaire pour les plus pointus, la couleur des marnes où sont plantées les vignes.

     

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    0,8 seconde pour le premier nez, pas une de plus!

     

    De cette dégustation d'anthologie, vécue de façon purement hédoniste, sans aucune prise de notes, il faut forcément retenir quelques bouteilles, qui émergent à la surface de la mémoire. Comme cet énormissime vin jaune 1999, le premier à être produit depuis le mémorable 1989. Exception faite néanmoins du 93, qui, lui, ne sera jamais commercialisé. Presque 20 ans sous voile. Du jus de concentration de quintessence d'essence de jaune. Les anges se sont gavés, mais le dé à coudre qu'ils ont laissé permet d'entrevoir le caractère ultime du processus. Des notes épicées d'une infinie douceur, une rondeur suave en bouche et un alcool puissant mais fondu. On croirait boire un vieux rhum patiné par le fût et les ans. Et encore ce ploussard 91, toujours debout, dans un tout petit millésime que tous les vignerons voudraient avoir oublié, mais qui, ici, refuse de mourir. Tout au plus une petite faiblesse au nez, compensée par une bouche qui a encore de l'allant.

     

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    Avec moult terrines, puis saucisses vigneronnes, cuites au vin sur des sarments, les bouchons ont continué de sauter. En magnum de préférence, mais pas que. Anglore au foulard rouge, Clos des Vignes du Mayne, pinot noir alsacien de Bruno Schueller et même du persan de Nicolas Gonin en Balmes Dauphinoises. Avant un petit morceau de gâteau très conticinien d'Édouard Hirsinger, suivi d'une petite promenade digestive au belvédère du vignoble pour les plus courageux, les autres se contentant d'un petit tour en monte-charges à la cave.

     

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    Malgré son absence temporaire, Maître Yoda n'a jamais été bien loin de nous...

     

    Chocolaterie Hirsinger, Arbois:

    Rendez-vous avait été pris à 18 heures chez Édouard Hirsinger, Meilleur Ouvrier de France et Meilleur Chocolatier du Cosmos. On a failli être en retard. La faute aux bouchons entre Pupillin et Arbois, c'est une évidence. Quatrième génération de chocolatier, toujours dans la même maison, sur la place de la liberté en Arbois, Édouard Hirsinger poursuit le destin familial de la plus belle des manières.

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    En une grosse demi-heure, montre en main, tous les secrets de la fabrication d'un chocolat vivant nous ont été révélés. Avec, enfin, la réponse à cette angoissante question: mais comment font-ils pour réussir à mettre la ganache à l'intérieur du chocolat?

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    Et quelle est donc la clé de la réussite d'un véritable marron glacé? Le confisage maison, c'est une évidence. Lent, long et fastidieux, c'est néanmoins un savoir-faire qu'il ne faut pas perdre. À l'heure où 90% des marrons glacés sont confits industriellement, ici, tout est fait à la main, avec les meilleurs marrons du Var ou d'Ardèche, de l'épluchage jusqu'au glaçage. Un point d'honneur pour Édouard, qui accorde à juste titre une très grande valeur à la collerette bleu blanc rouge qui orne sa tunique.

    La visite de l'atelier se cloture traditionnellement par celle du musée du Chocolat, dans la cave de la maison. Là sont pieusement conservées les reliques d'un savoir-faire ancestral qu'il est désormais primordial de ne plus jamais oublier.

     

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    Restaurant Jean-Paul Jeunet, Arbois:

     

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    Impossible d'imaginer un séjour œno-gastro-touristique sans faire une halte chez Nadine et Jean-Paul Jeunet, le graal de tout gastronome affamé de Jura. Accueillis sur le perron par le grand chef en personne, le festival des saveurs peut se poursuivre en beauté. Homme de goût ouvert et cultivé, Jean-Paul Jeunet n'hésite pas à recommander un excellent brasseur belge aux Bruxellois de passage. Cantillon, pour ne pas la nommer. Ça tombe bien, ils en avaient rempli le coffre avant de venir. Ardent défenseur de l'identité du terroir, même dans les mets les plus simples, il nous a brillamment démontré la nécessité absolue de servir de la Morteau avec la choucroute, là où les Alsaciens recourent habituellement à la Strasbourg et où les Bruxellois n'hésitent pas à faire appel aux bulots.

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    À table, les mets sont d'une finesse remarquable, construits autour d'une alliance harmonieuse de saveurs et de textures. Parmi les choses les plus simples, les plus surprenantes et goûteuses de la soirée, dans un menu en 5 services qui valait largement 2 étoiles, figurent ces 3 petits cylindres de beurre. Et plus particulièrement celui du milieu. Parfumé à la saucisse de Morteau, une absolue petite tuerie, à tartiner avec immodération, en l'absence d'hypercholestérolémie, sur les divers petits pains arômatisés présentés. La Morteau aura donc été le véritable fil d'Ariane de cette Saint-Glou franc-comtoise. Il n'y a qu'au dessert que nous n'en avons pas mangé...

    Carte blanche à Alain Guillou pour le service des vins. Choix argumentés, parfois controvérsés, mais pleinement assumés par le sommelier, le meilleur pour l'année 2013 selon le Gault et Millau. Mention particulière au Crémant du Jura de Michel Gahier servi à l'apéritif, au Vin de Pays de Franche-Comté rouge 2010 du domaine des Cavarodes servi avec la terrine de colvert en strates de foie gras aux trompettes de la mort, ainsi qu'à l'accord, pour moi idéal, mais diversement apprécié, entre Spirale 2002 de Stéphane Tissot et la figue de Solliès rôtie.

     

     

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    Et ce fut le retour à la Maison Salines, pour un after traditionnel autour d'un verre de Cantillon, assorti d'un reste de pomme de terre trempé dans la cancoillotte, pour celle qui avait encore un peu faim...

     

    Jean-François Ganevat, La Combe de Rotalier:

    Mettre un pied dans la Combe, c'est l'assurance de finir par les avoir les deux. Les Saint-Glouglouteurs ne pensaient plus pouvoir être impressionnés par le Jura, ils allaient voir ce qu'ils allaient voir!

     

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    Fanfan (vous permettez que je l'appelle Fanfan? C'est un copain!) absent, retenu prisonnier en Batavie, ce ne sont pas une, ni deux bouteilles qu'il fallait goûter pour tenter d'appréhender un des plus grands domaines jurassiens,  mais pas loin de 50 bouchons que Anne, sa sœur Anne (ne vois-tu rien venir, à part une bande de Saint Glouglouteurs?), à qui Fanfan avait confié les rênes de la dégustation, allait devoir dégoupiller.

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    Au menu, des blancs pour l'apéro, de 2010 à 2000, des rouges pour la table, de 2011 à 2000, des jaunes pour le fromage, de 2004 à 2003, tout ça pour finir Sul Q au dessert. Et, côté solide, les mets préparés par Pierre-Ivan Boos, l'alchimiste de Pontarlier, qui avait fait le déplacement depuis ses montagnes pour l'occasion. Le chien Schiste, grand amateur de bellota, l'attendait d'ailleurs de pied ferme.

     

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    Les blancs 2010 font encore un pas en avant vers la félicité absolue. Le millésime s'y prête bien, avec son équilibre plus fin et digeste que 2009. Superbes acidités, vins vibrants, avec une préférence aujourd'hui pour Florine, les "jeunes vignes" des Chalasses, plantées en 1986. Le chardonnay des Grands Teppes est paradoxalement plus accessible que celui des Chalasses vieilles vignes, alors que c'est le contraire d'ordinaire, dans la période de jeunesse. Le travail du sol effectué sur la parcelle de Grusse commence à porter ses fruits, le vin gagne en dynamisme et tonicité d'année en année. En 2008, Marguerite fait toujours le bonheur de tous en offrant son cœur, sans pour autant prendre le melon. La queue rouge de cette variété de chardonnay y est sans doute pour quelque chose.

     

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    Pour faire la transition, quelques bulles de vieux cépages 2007 ont fait un grand 8 éphémère dans la bouche. Non dosées, fraiches, désaltérantes et extrêmement confidentielles, limite il n'y en a déjà plus une seule bouteille au monde.

     

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    À table, les rouges 2011 font des merveilles. Glissants, digestes, de faible degré alcoolique, salins et hautement buvables. Mention particulière au Pinot noir de Grusse, vinifié à part (après tri grain par grain et section du pédicelle au ras du raisin) et finalement embouteillé à part, tant il s'exprime différemment du Pinot noir Cuvée Julien habituel. De bien jolis tanins croquants complètement craquants. Superbe! Des vins dans la lignée des 2010, déjà hautement recommandables, mais pas à tout le monde ou n'importe qui... On fera l'impasse sur la dégustation des 2008 et 2009, pour ne pas abuser et mieux apprécier J'en veux 2000, qui a gardé encore pas mal de choses dans sa culotte. Le culte du vieux cépage ne sont pour Fanfan ni une lubie, ni une passade!

     

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    ©Mme Olif, toute reproduction interdite

     

    Repos du guerrier, Salins-les-Bains:

     

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    Dimanche soir, quelques potes ont repris la route, d'autres le train, mais certains sont restés au coin du feu. Pour un pot-au-feu d'adieu, dans l'ambiance cosy de la Maison Salines, autour d'ultimes quilles, les dernières cartouches de cette Saint-Glou 2012. Tous les participants peuvent être fiers d'eux et ce sera sans doute l'œil humide, que, dans une ou deux dizaines d'années, ils raconteront le Jura à leurs enfants ou petits enfants, en leur disant, des sanglots dans la voix:  "La Saint-Glou jurassienne 2012? J'y étais!"

     

    Dans le Jura, finalement, "on est des privilégiés!", comme le dit Édouard Hirsinger à la journaliste de France 3, dans l'émission "Des racines et des ailes"*. Pas mieux comme mot de la fin!

     

    Vivement la prochaine!

     

    Olif

     

    Des racines et des ailes a pris ses quartiers dans le Jura dès l'automne 2011, chez Edouard Hirsinger et Stéphane Tissot, notamment, pour une émission diffusée sur France 3 le 7 novembre 2012. La Saint-Glou a en partie marché et volé sur ses traces à la Toussaint 2012.

     

  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip, Jour 4...

    Ouillage: opération qui consiste à remplir, scrupuleusement et sans se faire mal, les fûts de vin pendant leur élevage, pour éviter qu'ils ne prennent l'air. L'absence d'ouillage aboutit à la formation du voile, dont le port est autorisé en public à l'intérieur des caves jurassiennes.

     

    Vin jaune: vin du Jura issu du seul cépage savagnin, élevé sous voile de levures, qu'il faut attendre de pied ferme pendant plus de 6 ans avant de pouvoir le goûter. Son caractère si particulier arrache parfois un rictus jaune au néophyte, lors de la première gorgée.


     

    Jean-François Ganevat, La Combe de Rotalier:

    Mettre un pied dans la Combe, c'est l'assurance de finir par les avoir les deux. Les Saint-Glouglouteurs ne pensaient plus pouvoir être impressionnés par le Jura, ils allaient voir ce qu'ils allaient voir!

     

    saint-glou,jura,salins les bains,maison salines,stéphane tissot,jardins de saint-vincent,ganevat,macle,château chalon,overnoy-houillon,pupillin,renaud bruyère,domaine des bodines,alexis porteret,domaine de l'octavin,charles dagand

     

    Fanfan (vous permettez que je l'appelle Fanfan? C'est un copain!) absent, retenu prisonnier en Batavie, ce ne sont pas une, ni deux bouteilles qu'il fallait goûter pour tenter d'appréhender un des plus grands domaines jurassiens,  mais pas loin de 50 bouchons que Anne, sa sœur Anne (ne vois-tu rien venir, à part une bande de Saint Glouglouteurs?), à qui Fanfan avait confié les rênes de la dégustation, allait devoir dégoupiller.

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    Au menu, des blancs pour l'apéro, de 2010 à 2000, des rouges pour la table, de 2011 à 2000, des jaunes pour le fromage, de 2004 à 2003, tout ça pour finir Sul Q au dessert. Et, côté solide, les mets préparés par Pierre-Ivan Boos, l'alchimiste de Pontarlier, qui avait fait le déplacement depuis ses montagnes pour l'occasion. Le chien Schiste, grand amateur de bellota, l'attendait d'ailleurs de pied ferme.

     

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    Les blancs 2010 font encore un pas en avant vers la félicité absolue. Le millésime s'y prête bien, avec son équilibre plus fin et digeste que 2009. Superbes acidités, vins vibrants, avec une préférence aujourd'hui pour Florine, les "jeunes vignes" des Chalasses, plantées en 1986. Le chardonnay des Grands Teppes est paradoxalement plus accessible que celui des Chalasses vieilles vignes, alors que c'est le contraire d'ordinaire, dans la période de jeunesse. Le travail du sol effectué sur la parcelle de Grusse commence à porter ses fruits, le vin gagne en dynamisme et tonicité d'année en année. En 2008, Marguerite fait toujours le bonheur de tous en offrant son cœur, sans pour autant prendre le melon. La queue rouge de cette variété de chardonnay y est sans doute pour quelque chose.

     

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    Pour faire la transition, quelques bulles de vieux cépages 2007 ont fait un grand 8 éphémère dans la bouche. Non dosées, fraiches, désaltérantes et extrêmement confidentielles, limite il n'y en a déjà plus une seule bouteille au monde.

     

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    À table, les rouges 2011 font des merveilles. Glissants, digestes, de faible degré alcoolique, salins et hautement buvables. Mention particulière au Pinot noir de Grusse, vinifié à part (après tri grain par grain et section du pédicelle au ras du raisin) et finalement embouteillé à part, tant il s'exprime différemment du Pinot noir Cuvée Julien habituel. De bien jolis tanins croquants complètement craquants. Superbe! Des vins dans la lignée des 2010, déjà hautement recommandables, mais pas à tout le monde ou n'importe qui... On fera l'impasse sur la dégustation des 2008 et 2009, pour ne pas abuser et mieux apprécier J'en veux 2000, qui a gardé encore pas mal de choses dans sa culotte. Le culte et la culture du vieux cépage ne sont pour Fanfan ni une lubie, ni une passade!

     

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    ©Mme Olif, toute reproduction interdite

     

    Repos du guerrier, Salins-les-Bains:

     

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    Dimanche soir, quelques potes ont repris la route, d'autres le train, mais certains sont restés au coin du feu. Pour un pot-au-feu d'adieu, dans l'ambiance cosy de la Maison Salines, autour d'ultimes quilles, les dernières cartouches de cette Saint-Glou 2012. Tous les participants peuvent être fiers d'eux et ce sera sans doute l'œil humide, que, dans une ou deux dizaines d'années, ils raconteront le Jura à leurs enfants ou petits enfants, en leur disant, des sanglots dans la voix:  "La Saint-Glou jurassienne 2012? J'y étais!"

     

    Dans le Jura, finalement, "on est des privilégiés!", comme le dit Édouard Hirsinger à la journaliste de France 3, dans l'émission "Des racines et des ailes"*. Pas mieux comme mot de la fin!

     

    Vivement la prochaine!

     

     

    Olif

     

    Des racines et des ailes a pris ses quartiers dans le Jura dès l'automne 2011, chez Edouard Hirsinger et Stéphane Tissot, notamment, pour une émission diffusée sur France 3 le 7 novembre 2012. La Saint-Glou a en partie marché et volé sur ses traces à la Toussaint 2012.


  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip, Jour 2...


    Saint-Glou:  tournante où l'on regarde sous les robes des quilles et au cours de laquelle on canonise le patron des buveurs. Une fête qui se souhaite avec celle de tous les Saints, début novembre, et qui réunit la fine fleur de la Bloglouglou. Le Jura a eu le privilège d'accueillir le millésime 2012 de ce saint patronage.


    Stéphane Tissot, Montigny-les-Arsures:

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    Quand Stéphane Tissot montre la Mailloche, le Saint-Glouglouteur photographie le doigt...

     

    On ne présente plus la star du vignoble arboisien, chargé d'ouvrir le bal du Savagnin day. Ou, comment tenter de faire appréhender la complexité, la grandeur et le potentiel de ce cépage en une seule journée. Le savagnin dans tous ses états, ou presque, pour un remake in situ d'une certaine dégustation vendéenne... Pendant des décennies, on a voulu faire croire au peuple que l'arôme typique de ce cépage était la noix et que cela correspondait parfaitement au goût du Jura. Une question de mode et de loi du marché, essentiellement local, pour ce breuvage exclusivement caractérisé par une typicité d'élevage.

     

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    À peine le temps d'un BBF apéritif, départ en courant pour profiter d'une éclaircie, direction En Muzard, pour une petite leçon de terroir, méthode Assimil accélérée. L'élément-clé du terroir jurassien, ce sont évidemment les marnes. Rouges, jaunes, bleues, blanches, irisées. Les rouges proviennent du trias. Ce sont géologiquement les plus anciennes et elles conviennent particulièrement bien au trousseau. Montigny en est fort bien dotée, ce qui lui a valu le titre de Capitale mondiale du trousseau. On ne demande qu'à vérifier, même en jour "savagnin".

    IMGP5661.JPG

    Retour au caveau, donc. Et, en théorie, au savagnin. Après quelques chardonnays, quand même, pour une dégustation en jour "racines et des ailes*". Graviers, En Barberon et Clos de la Tour de Curon 10 témoignent de la belle expression du millésime, après des 09 un peu plus riches. Et puis un superbe et juvénile Clos de la Tour de Curon 2004, le premier millésime de cette parcelle exclusivement calcaire, pour mieux cerner la problématique calcaire vs argile. Et aussi En Barberon blanc 2000, la première cuvée sans soufre en blanc du domaine. Un peu de rouge, pour continuer de se faire la bouche, dont le poulsard du DD 2012, une véritable carbo en foudre, mais qui n'en a pas l'air, et qui se sirote à grandes lampées, et un impressionnant Trousseau 2011, en jour "amphore", la première tentative d'élevage dans ce contenant sur un rouge au domaine. Et puis le savagnin, enfin. En commençant par un Traminer 11, parti à la recherche de ses racines alsaciennes. Et enfin, avant de passer au jaune, ce vin orange totalement envoûtant, magnifié par la terre cuite, dans le millésime 2011.

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    Les blancs de macération, dits blancs cuvés, semblent être une très ancienne tradition arboisienne, inconnue de tous, y compris des arboisiens. La première expérience de Stéphane Tissot remonte à 1992, sur un savagnin, justement. Élevé pendant 6 ans sous voile. Le premier vin jaune orange au monde, en fait. On en a profité pour le goûter, pendant qu'on y était. Réellement étonnante cette petite sensation tannique finale apportée par la macération. La transition toute trouvée pour basculer dans le monde de l'oxydatif, une indéniable tradition jurassienne. Un petit tour dans la cave à jaunes, située à l'étage (il en existe une deuxième, plus fraiche, pour jouer sur le style des vins) permet d'appréhender visuellement le voile et de le humer. Hummmm! Des flaveurs complètement différentes selon les fûts et/ou le millésime, entre malt et épices, mais sans la noix. Et, en bouche, une expression complètement différente en fonction du terroir, puisque Stéphane pratique des vinifications parcellaires sur ses jaunes depuis 2003. Les Bruyères, En Spois, la Vasée, et, prochainement, la Mailloche, bénéficient donc d'un enclavelinage séparé.

     

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    Séance shooting pour vin orange en carafe...


    Et en guise de conclusion, l'apothéose finale avec la cuvée Mélody 2004, savagnin de glace récolté le 22 décembre par -11°C. L'unique vin de ce type produit ici, sur une parcelle laissée volontairement en surmaturité, mais que les conditions climatiques automnales n'ont pas permis de vendanger tardivement dans de bonnes conditions. Ultime chance: que l'hiver rattrape le coup, ce qui fut fait de fort belle façon. Un vin d'exception, à l'équilibre magique et glacé, dont on ne se lasse pas.


    Cancoillotte, Mont d'Or, Morteau, pommes de terre et pitits gâteaux conticiniens

     

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    Le savagnin, ça donne faim, surtout après 4 heures de dégustation. Il était grand temps de rentrer à la Maison Salines pour un déjeuner franc-comtois roboratif, constitué de produits du cru et du meilleur de la pâtisserie parisienne. La cancoillotte maison a été élaborée à partir de metton de la maison Poitrey et il a fallu touiller, ça c'est sûr! Le tout accompagné de quelques vins de vignobles voisins, conviés à table. La cuvée des Gueux 2009, un beau Chignin collaboratif, bien rond, élaboré par la famille Berlioz, n'a pas été trop dépaysée par l'accord fromager.


    Laurent Macle, Château Chalon:

    C'est le ventre bien rempli que les pélerins de la Saint-Glou ont alors pris le chemin de Château Chalon, à la nuit tombante et sous une pluie battante, pour pénétrer dans le Saint des Saints, une cave fraîche à vin jaune.

     

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    Ici, d'ailleurs, on ne fait pas de vin jaune. Uniquement du Château Chalon, le seul et unique grand cru de cette couleur, même si ce n'est pas officiel. Appellation modèle, qui essaie de tirer l'ensemble des viticulteurs vers le haut pour valoriser le cru (déclassement complet d'une récolte lorsque le degré n'est pas au rendez-vous, comme en 2001, par exemple). Pour se faire la bouche, comme il est désormais de coutume lorque l'on déguste en compagnie de Laurent Macle, un chardonnay ouillé, celui des Vendanges à Manue. Millésime 2010 et une jolie fraîcheur acidulée. Le tradition 2009 est pour l'instant encore un peu sous influence du millésime, avec richesse et rondeur. Beaucoup plus tranchant, le 2008 remporte les suffrages. Même décalage entre Château Chalon 2005 et 2004. Le Côtes du Jura 1979 et le Château Chalon 1982 arrivent à point pour faire juge de paix et donner des envies de coq!

     

    La Balance, Mets et vins, Arbois:

    Ça balance pas mal, à Arbois, ça Balance. Thierry Moyne y veille depuis un certain nombre d'années, maintenant. L'idée, pour prolonger le Savagnin day jusqu'au bout de la nuit, c'était finir sur un coq. Au vin jaune, évidemment. Celui de la Balance est mijoté et servi en cocotte. Du bonheur pour un coq. Quasiment en pâte. Avec quelques vieux jaunes pour l'accompagner, j'en ai bien peur. Après un ou deux magnums de Pupillin 2011 du domaine Overnoy-Houillon pour se préparer le palais et étancher la soif, il est vrai.

     

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    De gauche à droite, par ordre d'apparition sur la table:

    -L'Étoile 1990 du domaine de Montbourgeau: une vinification signée du père de Nicole Deriau, Monsieur Jean Gros, absolument rien à voir avec moi, donc. Une grande émotion pour le bistrotier du fond à gauche, qui a assidument fréquenté le domaine à cette époque. De la finesse dans l'oxydation et une jolie acidité qui maintient le vin encore largement debout.

    - Arbois 1987 Camille Loye: celui-là, il est encore parfaitement juvénile, loin de la retraite, contrairement à Monsieur Camille, qui a cessé son activité et vendu ses vignes en 1990. Un vin taillé pour une (encore) très longue garde, à l'image des 79 et 82 qui se donnent à fond actuellement.

    -Château Chalon 1986, Domaine Berthet-Bondet: le vin d'Eva, même s'il fait beaucoup moins jeune qu'elle. On approche déjà la quintessence d'expression d'un jaune un peu évolué. Miel, épices, morilles, un chouïa de noix, aussi. Mais pas trop. Très bon.

    -Arbois Vin jaune 1988, Jacques Puffeney: le vin d'un gars du métier. Plus claquant que le Château Chalon, mais aussi plus réservé. Un vrai jaune d'Arbois, massif et puissant, qui aurait encore mérité de longues années de garde.

    -Arbois Vin jaune 1996, Domaine de la Tournelle: plus fin que puissant, c'est toutefois une petite déception, du fait d'un déséquilibre sur l'acidité. A revoir ou à attendre..?

    -Arbois 1999, Michel Gahier: la grosse claque de la soirée, côté jaune. Un maillot pas volé, tellement il se boit avec délectation et gourmandise. Déjà bon très jeune, il est encore meilleur maintenant et le sera sans doute toujours plus tard, mais il est surtout doté d'un fort coefficient de torchabilité, ce qui n'est pas si courant pour un jaune.

     

    ...

     

    Olif

     

    Des racines et des ailes a pris ses quartiers dans le Jura dès l'automne 2011 pour une émission diffusée sur France 3 le 7 novembre 2012. La Saint-Glou a en partie marché sur ses traces à la Toussaint.

  • Le Jura comme si vous aviez envie d’y aller!

    Depuis le temps que je fréquente la communauté web du vin, j’ai déjà eu l’occasion de répondre à pas mal de sollicitations concernant les bonnes adresses jurassiennes. Il en figure un certain nombre, éparpillées sur ce blog. Ce billet constitue une version réactualisée de ce billet-là, toujours d'actualité par certains des commentaires parfois très avisés qui y font suite.

    Pour permettre à tous ceux susceptibles d’être intéressés d’y accéder plus facilement, voilà qui devrait faire l‘affaire, un genre de mini-guide Olif du Jura viticole, gastronomique, touristique et hôtelier. Un truc complètement subjectif et non exhaustif, à enrichir au fur et à mesure de mes propres découvertes ou de celles des autres, mais qui devrait permettre à tout un chacun de programmer au mieux son séjour dans cette belle région qu’est le Jura, et de ne pas passer à côté de quelques adresses incontournables.

    A boire, à manger, à dormir, à visiter, à découvrir, à déguster, le Jura version Olif, où je vous encourage à venir piocher ce qui vous fait envie, si jamais vos pas ou vos roues vous guident vers ces petites montagnes d’une grande richesse touristique, là où naissent les légendes.

    Je vous le propose dans une version incomplète perpétuelle, « en construction ». Il sera à jamais inachevé mais modifié régulièrement par la suite, dès que j'aurai 5 minutes ou encore lorsque l'on m'en fera sentir courtoisement le besoin.

    Lire la suite

  • Le nez dans le bleu

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    Retour gagnant pour Le nez dans le vert, mais aussi dans le bleu, pour cette deuxième édition quasi-estivale, qui vient tout juste de se terminer au Château de Gevingey. "Le plus beau des salons de vins, il se trouve dans le Jura", pouvait-on entendre de la bouche de connaisseurs rompus à la pratique de ce genre d'exercice. La concurrence du grand raoût biojolais (Beaujoloise, Biojolaise, Beaujol'Art), généralement très prisé, n'a pas trop pénalisé les Jurassiens, au contraire. Un Jura triomphant, même quand il revendique à juste titre une défaite. Certains l'ont même privilégié, n'hésitant pas à franchir des milliers de kilomètres depuis le grand Ouest, tandis que d'autres ont couplé les deux salons en venant dans le Sud-Revermont le dimanche. La légère baisse d'affluence constatée serait plutôt du fait des particuliers, sans doute attirés par les premiers barbecues estivaux dominicaux de ce printemps 2012. En mars, depuis quelques années, il fait très très bieau dans le Jura, il faut dire.

     

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    Les joyeuses colonies de vacances des vignerons bios jurassiens

     

    Pour en revenir au salon proprement dit, l'alternance Nord-Sud a permis à bon nombre de personnes, visiteurs comme exposants, de découvrir le superbe Château de Gevingey, un centre de colonies de vacances, propriété du comité d'entreprise d'un banquier (le CIC, pour ne pas le nommer), très fonctionnel et adapté à recevoir ce type d'évènements, même si c'est la première fois qu'il est utilisé pour une manifestation publique. Répartis dans deux salles quasiment de plein pied, les vignerons ont pu faire bénéficier les visiteurs de conditions de dégustations exceptionnelles. Beaucoup de bons vins, de beaux vignerons et de belles vigneronnes. Et plein de nouvelles têtes de jeunes vignerons avec des promesses non électorales dans leurs bouteilles.

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    Les deux plus beaux crânes du salon avaient de jolies choses à faire goûter, dans le genre retour aux fondamentaux. Mention particulière à J'en veux 2011, cuvée rouge de vieux cépage signée Fanfan Ganevat, et au Poulsard du D.D. 2011, une vinification de poulsard à l'ancienne, par Stéphane Tissot, un bien bel hommage filial au Dédé paternel. Un vin qu'il faudra privilégier en magnum tellement c'est glou. A table avec Léandre 2010, autre rouge traditionnel à la façon du grand-père Pignier, reproduisant même l'assemblage de l'époque avec tous les vieux cépages soigneusement préservés, sera le gros coup de cœur de ce salon.

     

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    Après ce tour d'horizon des anciens, place aux jeunes, avec une belle dynamique en train de s'installer, mine de rien. Premier coup de cœur pour les vins de Renaud Bruyère, qui développe son propre domaine, en parallèle d'une activité salariée au domaine André et Mireille Tissot et d'accointances avec la famille Houillon. Magnifique trousseau 2011, très beau chardonnay 2011 et époustouflante bouteille PMG sous le comptoir, Les oubliés de Paname, une vendange de chardonnay en surmaturité, des raisins véritablement oubliés par une bande de vendangeurs parisiens un peu brelus (pour ceux qui ne voient pas ce que cela veut dire, c'est du patois franc-comtois).

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    Goûter enfin les vins de Kenjiro Kagami, du Domaine des miroirs. Uniquement des vins en cours d'élevage, forcément, 2011 sera le premier millésime. Kenjiro a été à l'école alsacienne de Bruno Schueller et pris sous une de ses ailes par Fanfan Ganevat, depuis son installation à Grusse. Le résultat est dans la lignée de ses mentors, avec de jolis chardonnays, un savagnin particulièrement percutant et un gouleyant poulsard au velouté soyeux. Des vins du Jura complètement débridés, en fait.

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    Autre sympathique découverte, Alexis Porteret, du domaine des Bodines. Premier millésime en 2010 et des vins de plaisir. Mention particulière au Trousseau 2011, pas encore totalement en bouteille et toujours sans soufre, ainsi qu'à un Savagnin ouillé 2010 très prometteur, fluide et gouleyant.

     

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    33 domaines présents sur les 41 à être en bio dans le Jura, ça commence à faire du monde. Et du beau monde, surtout. Un niveau global relativement élevé, avec beaucoup de vins réjouissants, élaborés par des vignerons talentueux, qu'ils fassent partie des valeurs sûres (Domaine de la Pinte, Julien Labet, domaine de la Tournelle, Philippe Bornard...) ou des p'tits jeunes qui n'en finissent plus de monter (Ratapoil, L'Octavin, Étienne Thiébaud, Géraud Fromont, des Marnes Blanches, Catherine Hannoun, Les Dolomies, Champ Divin...). Impossible de citer tout le monde, évidemment, surtout quand c'est l'heure du cochon.

     

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    La pauvre bête a quand même fait long feu, puisqu'il a fallu toute la matinée du lundi pour qu'elle soit cuite à point, avant d'être servie en accompagnement d'une poêlée de vieux légumes.

     

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    Le nez dans le vert, dans le bleu, ou dans les effluves de cochon grillé, les vins du Jura se préparent de bien bieaux lendemains...

     

    Olif

     

  • Le nez dans le Jura vert

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    Vert comme le Jura, bleu comme l'affiche du Jura vert, celui qui a le nez dedans et qui en est fier. 14,6% des vignes du Jura sont en bio, soit plus du double de la moyenne nationale. On n'en attendait pas moins du département réputé le plus vert de France. De là à en faire état et faire salon, il n'y avait qu'un pas...

     

    Dimanche 25 et lundi 26 mars se tiendra la deuxième édition du salon des vignerons bio jurassiens. Au château de Gevingey, dans le Sud-Revermont, au cœur des Côtes du Jura méconnues, qui recèlent pourtant de nombreuses pépites viniques biologiques. Ganevat, Labet, Buronfosse, Champ Divin (ex Champ d'étoiles), Marnes Blanches et plein d'autres, que l'on se réjouit de découvrir (dont le premier millésime d'un certain Kenjiro, bien connu de certains alsaciens). Une sympathique alternance Nord-Sud (la précédente édition a eu lieu en Arbois au Domaine de la Pinte) bienvenue, que les Arboisiens ne bouderont pas, bien au contraire.

     

    Toutes les infos pratiques se trouvent sur le site d'un salon où il fera bon se ressourcer, tandis que d'autres préfèreront pourtant se gaver de gamay dans le Beaujolais, à la Beaujoloise, la Biojolaise ou encore la Beaujol'Art.

     

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    Pendant ce temps, les Grenoblois n'auront pas beaucoup de kilomètres à faire s'ils veulent partir à la rencontre des vins naturels. Leur salon prend du galon et s'installe durablement dans le paysage des endroits où il ferait bon aller, s'il n'y avait tant de concurrence ce week-end-là!

     

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    Bien Boire, en Beaujolais, en Jura ou dans le Dauphiné, ce ne sera pas très difficile, à la fin mars...

     

    Olif

     

    P.S.: Si toi aussi tu veux être bien habillé sur les salons, n'hésite pas à passer commande d'un joli tee-shirt dessiné par Rémy Bousquet pour le Blog d'Olif. Ça débouchonne chez lui, pendant que ça bouchonne à Paris... Au cas où le Blog d'Olif te sorte par les yeux, il y a également plein d'autres beaux modèles.

     

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  • Le froid sibérien réussit sa Percée dans le Jura

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    Une Percée qui restera certainement dans les annales comme étant la plus froide à ce jour. Ne pas se fier au ciel bleu ou au grand soleil qui rayonnait. Ruffey sur Seille avait convié la Sibérie comme invitée d'honneur de la 16ème Percée du Vin Jaune. Le froid transperçant n'a toutefois pas altéré l'enthousiasme des organisateurs, ni celui des participants. Le vin jaune, ça réchauffe les cœurs!

     

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    C'est une tradition, la première animation autour de la Percée, c'est le clavelinage. Un concours de dégustation autour du Vin jaune, où différents jurys considérés comme des experts, décernent des bons points aux vins qui sont sortis du lot et apparus comme les meilleurs ce jour-là. 

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    "In flavo vino veritas". La doublette franco-belge d'IVV et des 5 du vins ne pouvait pas copier l'un sur l'autre, ils ne se trouvaient pas à la même table.

     

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    Vin jaune et société, en compagnie de Marie-Christine Tarby-Maire.

     

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    Wink Lorch, grande voyageuse ancrée en Savoie, a claveliné les vins jaunes de montagne et de forte pente.

     

    La dégustation est un art difficile, notamment pour les aveugles, mais aussi pour les agueusiques et les cryoanesthésiés des papilles et/ou du bulbe. Après ce tour de chauffe, qui a vu une vingtaine de clavelins récompensés, place à un premier tour de froid dans les rues de Ruffey.

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    Les verres attendent sagement d'être adoptés par les premiers arrivants. Les caveaux de dégustation ouvrent à midi pile et cela reste quand même le meilleur moment pour approcher les vignerons, à défaut de pouvoir goûter à leurs vins dans de bonnes conditions. Légèrement excentrés, dans le cadre superbe du Prieuré Saint-Christophe, Jean-Michel Petit, Laurent Macle et Nicole Deriau, du domaine de Montbourgeau, sont dans les starting-blocks pour la venue des premiers Perceurs et Perceuses.

     

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    Bonnet indispensable cette année. Et je voudrais bien le même pour faire la Transjurassienne, tiens! Côté vins, des choses plutôt très intéressantes, qu'il faudra redéguster à température idéale, c'est à dire ni trop froid, ni trop chaud (oui, c'était possible, lorsque le clavelin avait séjourné trop longtemps à côté du radiateur), notamment le Chardonnay Jurassique et le Savagnin Les Terrasses 2010.

     

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    Difficile de parler des vins de Laurent Macle, conservés bien contre son gré dans un frigo géant où tout le monde se tenait debout à l'intérieur. Le Château Chalon 2004 est pourtant une superbe réussite qui méritera d'être regoûté devant la cheminée.

     

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    Ambiance un chouïa moins frisquette chez Nicole Deriau, au domaine de Montbourgeau. Sur le beau terroir de L'Étoile, l'oxydatif est roi et les vins dégustés possèdaient beaucoup de finesse d'expression. Une cave très fréquentée par les blogueurs, et même par le Bicéphale buveur, reconstitué pour l'occasion. On viendra probablement y jouer les stars à l'occasion.

     

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    À  deux pas de là, deux Bourguignons frigorifiés, l'un au pinceau, l'autre au stylo, buvaient des litres en faisant plein de ratures. Pas facile de dédicacer avec des moufles, tout en alimentant régulièrement le poêle. "Litres et ratures", quand les écrivains parlent du vin... pendant que d'autres le font ou le boivent.

     

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    Entre vente aux enchères raisonnable et concours de cuisine autour du vin jaune, avant la grande cérémonie abrégée du dimanche matin, la Percée de Ruffey, à part celui de la température la plus basse jamais enregistrée, n'a pas pulvérisé les records de la précédente édition arboisienne, en terme de fréquentation et de buzz médiatique, loin de là. Mais le Vin jaune, c'était pourtant par là, et la fête a été jolie, conviviale et agréable, comme à l'accoutumée. Tout juste quelques évacuations sanitaires pour hypothermie ont été signalées, sans abus de boisson. L'année prochaine, par là, ce sera direction Voiteur. Les 2 et 3 février 2013. On suivra volontiers la pancarte qui y conduit, une nouvelle fois.

     

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    La Percée à Ruffey? Le froid lui seyait bien.

     

     

    Olif

  • La 61ème recette...

    Après deux romans-pochades fleurant bon le terroir (Panique à la fromagerie et Panique dans les vignes du Jura, aux Éditions Cabédita), Jean-Claude Barbeaux n'a pas paniqué et il nous revient en grande forme pour un précieux petit opus relatant 60 recettes pour 60 vins du Jura, publié aux Éditions du Belvédère, une maison d'édition franco-suisse avec vue.

     

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    Un ouvrage doublement précieux, puisque, après un joli texte sur "la multiplication des vins du Jura", remarquable synthèse actualisée en 30 pages sur la viticulture et le vin jurassiens, 17 chefs soigneusement sélectionnés proposent 60 recettes à accorder avec 60 vins du Jura. Des grands chefs étoilés (Jean-Paul Jeunet, Pierre Basso-Moro, Romuald Fassenet,...), le meilleur chocolatier du Cosmos (Édouard Hirsinger), d'excellentes adresses (La Balance, Le Grapiot,...) et de très beaux endroits, moins clinquants mais tout aussi claquants et recommandables (Les Claquets). Un panorama de la gastronomie jurassienne avec des accords somptueux sur des vins de Stéphane Tissot, Fanfan Ganevat, Emmanuel Houillon, L'Octavin, Julien Maréchal, Jean-Claude Crédoz, Catherine Hannoun, Alain Labet, Philippe Bornard, Michel Gahier, La Tournelle, Étienne Thiébaud,... Largement de quoi se sustenter et s'abreuver. Mais pourquoi en faut-il toujours plus? Oui, pourquoi?

     

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    C'est un peu l'équivalent du 13ème coup de minuit, du 8ème mercenaire, du 4ème mousquetaire, du bouillon de 12 heures. Où est-elle donc, cette 61ème recette? Et le 61ème vin, par la même occasion? Tenue aussi cachée et secrète qu'un bonus de CD, tous les lecteurs du Blog d'Olif vont en avoir la primeur et l'exclusivité. Si Jean-Claude Barbeaux avait fait de son ouvrage un roman de terroir, on aurait pu l'appeler "Panique à la cuisine". Parce qu'à la limite, c'est vrai qu'une recette pareille, ça fait peur. Un plat qui a déjà soulevé des haut-le-cœur à bien du monde, mais il fallait le refaire, dans une version épurée, pour le rendre accessible à tous. Huîtres décoquillées, cancoillotte chaude, 2 minutes sous le gril et c'est tout. À la portée du premier ostréicancoillophile venu. Un régal, avec le vin qui va bien. Par exemple, un Arbois Saint-Paul 1987 de Camille Loye, où l'oxydation ménagée avec un grand A, ou un grand O, où tout ce qu'on veut, à partir du moment où c'est grand. Encore juvénile il y a quelques années, il entame désormais sa phase de plénitude, avec de l'enrobage sur sa belle acidité. Miel et épices au firmament, puissance et longueur, pour encore de belles et longues années.

     

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    Ceux qui n'aiment ni les huîtres, ni la cancoillotte, pourront s'arrêter de compter à 60 et aisément se contenter de la lecture du livre de Jean-Claude Barbeaux, disponible dans toutes les bonnes épiceries, les bons restaurants et les bonnes librairies franc-comtoises ou dans n'importe autre endroit où l'on vend des beaux et bons livres, même sur le Web. Un cadeau indispensable pour la nouvelle année, je dirais. Que je souhaite belle et bonne à toutes et à tous par la même occasion.

     

     

    Olif

     

    P.S.: pour une 62ème recette, celle du coq au vin jaune et morilles, on se plongera avec délectation dans le blog illustré de Guillaume Long.

  • La parole de Pierre

    Cette parole-là, elle se lit, elle s'écoute, elle se boit. Fruit de 14 entretiens avec Pierre Overnoy, réalisés par Michel Campy, cette parole est devenue un livre et ce livre est une bible sans soufre ajouté. Avec la complicité de Roger Gibey, Bernard Amiens, Michel Converset et Emmanuel Houillon, cette transmission écrite d'un récit oral raconte le parcours d'une figure hors norme du vignoble jurassien. Homme d'une grande modestie, vigneron exemplaire, "vieux garçon" comme il aime à le souligner d'un regard malicieux, Pierre Overnoy a pourtant eu de multiples enfants spirituels, s'inspirant de son approche du vin et de la vigne. Lui-même disciple de Jules Chauvet, ami avec le grand dégustateur Jacques Néauport, co-fondateur du "groupe des vins naturels" avec les vignerons du Beaujolais, Marcel Lapierre en tête, "le Pierre", comme on dit dans le Jura, aura plus fait pour le rayonnement du vignoble jurassien et de la vinification sans soufre que Cadet pour le renom du Mouton dans l'Empire du Milieu. Petite digression hors sujet qui prouve, ô combien, que cette approche compétitive du vin est bien le mouton-cadet de nos soucis. Revenons donc à nos autres moutons, bien plus intéressants. Pouf pouf, comme disait Pierre Desproges que j'aime toujours autant citer dans le texte parce que, quand même, ça en jette et ça ne mange pas de pain. La façon du pain, que Pierre Overnoy maîtrise d'ailleurs à merveille et auquel il aime à se consacrer davantage depuis qu'il a pris sa retraite du côté d'en Chaux d'eaux, que l'on peut prononcer également En Chaudot, voire l'écrire comme ça.

     

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    Ce bouquin, c'est une bible, parce qu'il retrace toute la vie et toute l'histoire de Pierre Overnoy. Son enfance à Pupillin, sa famille, son apprentissage, ses amis, ses maîtres, ses disciples, avant de se plonger sur des considérations plus pointues sur la vigne, les pratiques culturales et les méthodes de vinification. Une véritable somme, en fait, dans laquel chacun pourra piocher ce qui l'intéresse. Et faire plus intime connaissance avec l'homme, derrière le vin. Leçon de choses, leçon de vie, leçon de vin, leçon de Jura, la parole de Pierre, c'est tout ça à la fois. Et, promis, on ne pratique pas non plus le culte de la personnalité. Mais s'il n'y avait qu'un seul vigneron marquant à rencontrer dans sa vie, ce serait celui-là. Parsemée d'anecdotes sur le vin et la vie rurale jurassienne, truffée de petites phrases comme il les affectionne (sur la dégustation, les mouches, les roues du tracteur, entre autres, mais celles-ci ne sont pas dans le livre), La parole de Pierre est à mettre sous tous les yeux et entre toutes les oreilles.

    Elle peut même s'écouter sous le sapin. Mais avant, évidemment, il faut la commander sur MétaJura. Ça risque quand même d'être un peu juste pour une réception avant Noël.

     

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    Olif

  • VDV#41: 4 vins de mariage et 1 d'enterrement

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    Vendredisduvin

    Grâce à Stéphanie UMDV (Un mets, dix vins), ce vendredi, on bulle. Sérieusement, sans faire les idiots, parce que c'est pour un grand évènement. Le mariage, sans déconner, faut pas rigoler avec ça. Pas un petit PACS vite fait entre deux portes, non une grande et belle cérémonie, avec Monsieur le Maire, Monsieur le Curé, les enfants de chœur, des filles et des garçons d'honneur, une grande robe blanche, une redingote et une cravate qu'on ne remettra jamais plus, des grains de riz, des cloches, une calèche tirée par un attelage de chevaux comtois pour parader en ville -soyons fous-, un concert de klaxons pour clamer sa joie et bien emmerder les riverains, une voiture balai "Just married" pour fermer le cortège et un pot de chambre peu ragoûtant à écluser à 5 heures du matin dans la chambre nuptiale envahie par une bande de soulots avinés tenant à peine debout et chantant à tue-tête. Oui, le mariage, c'est sérieux. Surtout l'apéritif. C'est à peu près le seul moment où les convives vont être tant soit peu à même d'apprécier ce qu'il y aura dans leur verre. Sauf évidemment la mariée, en larmes et peut-être déjà enceinte, se mouchant sans arrêt dans son bouquet de fleurs, et la belle-mère en extase devant sa fille et sa belle robe blanche, même si elle n'en finit pas de se demander ce qu'elle peut trouver à cet avorton aussi élégant dans son costume trois-pièces qu'un pingouin avec un palmier dans le cul, à la dérive vers les tropiques sur son iceberg miniature.

     

    1 mets, 10 vins, 4 vins de mariages et 1 d'enterrement, voire plus si affinités. La mise en bière, c'est celle de la vie de garçon (éventuellement de jeune fille, mais y a-t-il encore de vraies jeunes filles jusqu'au mariage?). Réglons leur tout de suite leur cas, aux funérailles. Ce petit con ne sait pas encore ce qu'il perd, il fanfaronne, voudrait encore une dernière fois voir toutes les filles du monde à ses pieds. La bouteille qui va bien pour fêter cet évènement, je n'en vois pas 50. The Péteux, from Alice et Charles, du domaine de L'Octavin, histoire de tirer définitivement un trait sur son passé de pseudo Dom Juan arrogant. Le 2011, fraichement dégorgé, est un peu plus sec que la version 2010. Il n'en gouleye pas moins, de quoi en boire des sapines avant de sombrer dans les bras de Morphée, mais pas ceux de Julie, Sabine, Rebecca, Charlotte ou Wilfried.

     

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    Place au grand jour. Il fait beau, la table est dressée dans le jardin. Répondant à l'appel du ventre, les invités commencent à arriver, suivant patiemment en cortège le jeune couple de mariés qui n'arrête pas de roucouler en chemin. Les belles dames pestent parce que leurs talons hauts se plantent dans la pelouse, rendant périlleux le déplacement jusqu'au buffet. Les enfants courent et piaillent dans tous les sens tandis que les messieurs commencent à partir de francs éclats de rire en tapant sur l'épaule de leurs voisins. Ils réclament à boire. "On a soif!"

     

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    À partir de là, les bulles coulent à flots! De la bulle douce et un peu sucrée pour les dames, afin de leur éviter de mettre de la liqueur de pêche dans le Champagne non dosé, et d'autres, un peu plus sauvages et colorées, pour les amateurs d'émotions fortes. Forcément, du poulsard! Sur leur petit nuage, les yeux dans les yeux, la mariée sert un verre de Champagne de Benoit Lahaye à sa grande brute nature. Il lui répond du tac au tac avec un Pétillant naturel de raisin du domaine de la Tournelle: "On zoue?". Et les voilà partis au domaine des Grottes pour gagner leur Petit coin de Paradis.

    Le plus difficile est à venir. Rester Fidèle, toute sa vie, y compris à Vouette & Sorbée. Une cuvée rare et un peu chère pour un mariage de 200 personnes, mais après la nuit de noces, en comité restreint, pour reprendre des forces, ce pourrait être une bonne idée.

     

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    Autre option possible et ultime solution de rechange en ce qui me concerne, retour en Jura pour découvrir cette bulle d'exception récemment sortie de la cave et du cerveau bouillonnants de Stéphane Tissot: BBF!  BBF, pour Bvieilles Bvignes Françaises? Non, ça c'est Kroug! BBF pour Bonne Bourre les Fiancés? Désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher. BBF pour Bonnes Bulles Forcément? Ça coulerait de source, mais ce n'est pas ça non plus. BBF pour Bénédicte et Btéphane Ftissot? Non, retire tes doigts de ta bouche quand tu parles. BBF pour Blanc de Blanc élevé en Fût, alors! Du Crémant du Jura extra-brut haut de gamme, et pas de l'Alka-Seltzer. Élevage en fût, puis 52 mois sur lattes. Bulle fine, du gras et de la fraicheur, un vin complexe et riche, peut-être trop pour un apéritif de mariage, mais c'est drôlement bon. Un peu plus cher qu'un Crémant standard, évidemment. Mais quand il s'agit de passer un moment inoubliable...

    Vivent les mariés!

     

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    Olif

     

  • Michel Gahier, discrétion assurée…

     

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    Montigny les Arsures, capitale du trousseau. L’eau y est potable, à consommer avec modération. À quelques pas de la célèbre fontaine, le trousseau l’est encore plus. Du trousseau potable, à boire avec tout autant de modération, mais beaucoup plus de plaisir, on en trouve chez Michel Gahier, vigneron discret, qui cultive ses grands vergers à l’écart du cirque médiatique. La discrétion n’empêchant pas le caractère, le vigneron ne s’en laisse pas conter pour autant. Formé à la bonne école de Jacques Puffeney, célèbre vigneron de Montigny, Michel Gahier est un homme de convictions. Même s’il ne les affiche pas toujours. Appliquant les principes d’une agriculture biologique depuis de nombreuses années, il ne s’est jamais engagé dans la voie d’une quelconque certification parce que le cahier des charges pour l’obtenir n’est pas assez strict à ses yeux. Son Gahier des charges à lui inclut des procédés de vinification qui refusent bon nombre d’artifices. Notamment le soufre, même s’il ne fait pas non plus partie du mouvement des vins dits naturels. Oui, le soufre. Pourquoi en ajouter quand on peut s’en passer ? Cela suppose évidemment une viticulture minutieuse et exigeante, mais aussi de grands talents de vinificateur. Depuis de nombreuses années, ses vins de trousseau n’étaient plus sulfités. Plus facile à mettre en pratique avec les cépages rouges.  En 2009, Michel a décidé de s’en passer aussi sur la cuvée Les Follasses, l'Arbois chardonnay d'entrée de gamme qui revendique désormais sa parcelle d'origine. Résultat: un vin d’un éclat inégalé, d’une grande pureté d’arômes et à la belle minéralité. Une minéralité encore plus marquée sur Les Crêts 2007, au caractère bien tranchant. En préambule, un Arbois 95 d'entrée de gamme nous avait enivré de ses parfums d'orange confite et épaté par se fraicheur et sa jeunesse. Avec La Fauquette 2007, chardonnay élevé sous voile, place au registre oxydatif, qui apporte finesse, profondeur et complexité à cette cuvée devenue mythique pour certains. Longue finale sur les épices, particulièrement savoureuse. Le millésime 2005, toujours pas commercialisé, se remet tout doucement en bouteille d'un passage difficile. Marqué par une pointe d'acidité volatile en train de s'affiner, il possède la rondeur et la richesse du millésime, et le temps devrait lui faire acquérir une dimension supplémentaire.

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    Le Vin jaune 2002 inflige une véritable claque au palais. Pourtant, malgré un taux d'éthanal élevé, il ne "claque" pas comme le Jaune arboisien standard. Tout en finesse et en complexité, sur les épices douces, il étire sa longue finale sur de délicieuses notes oxydatives. À titre comparatif, un 1992, débouché à la volée, révèle toute sa complexité, après un premier nez fugace sur la croûte de fromage: miel, orange confite, épices douces...

    Côté rouge, Michel Gahier confesse un penchant pour le trousseau, même s’il possède également un peu de ploussard. Le Clouzot 2010, c'est du trousseau qui fait glou. Glou glou, même. Plusieurs fois de suite. Un régal! Dans ses grands vergers, la vigne a remplacé les arbres fruitiers. De vieilles vignes qui produisent un vin de trousseau haut de gamme, ne craignant pas d’affronter les années. Particulièrement éblouissant en 2003 (quoique un peu atypique), 2005 et 2007, l’Arbois Grands Vergers est une cuvée à rechercher en priorité. Le 2010, prélevé sur fût, se goûte sur un fruit gourmand et devrait bientôt être mis en bouteilles. Le 2009, plus riche  et concentré, est taillé pour une grande garde. Le 98 est toujours d'une jeunesse et d'une fraîcheur remarquables. À côté, le 2000 parait un petit peu plus évolué.

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    Le célèbre viaduc ferroviaire de Montigny, qui habillait jusque-là les bouteilles du domaine, a été contraint de laisser la place à un étiquetage plus sobre, à l’image de celle du vigneron. Ses vins peuvent néanmoins être bus à discrétion, en plus de la modération.

     

    Olif

  • Dans le vert jusqu'au nez...

    13%! C'est le chiffre du week-end. Moins que le taux d'abstention aux élections cantonales, mais largement supérieur à la moyenne nationale des surfaces de vignoble plantées en bio. 240 hectares sur les 1800 et des poussières que compte le vignoble du Jura. Qui dit mieux? Même pas les Verts aux dernières élections cantonales!

     

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    Le nez dans le vert, premier salon des vignerons jurassiens en agriculture biologique ou biodynamique, a tenu toutes ses promesses, et même largement au-delà. Pas loin de 1000 entrées payantes  le dimanche d'après les organisateurs, la Police n'a toujours pas fini de compter les siennes. Plus de 250 inscriptions au cochon à la broche du lundi, réservé aux professionnels, cochon qui s'en dédit, la Police n'a pas été conviée. Un réel succès, que nul ne pourra nier, y compris les scrutateurs aux élections cantonales.

    25 vignerons avaient répondu à l'appel initié il y a plus d'un an par Charles Dagand, du domaine de l'Octavin, qui a rêvé ce salon avant de le concrétiser. 6 cuvées maximum par vigneron, ce qui faisait au bas mot 90 vins différents à goûter d'après la Police, 450 d'après les organisateurs. Pas eu le temps de tout goûter, d'ailleurs. Mais foin des chiffres, revenons à nos cochons.

     

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    Le nez dans le vert jusqu'au cou, c'était donc les 27 et 28 mars, et cette première percée du vin vert jurassien en appellera forcément d'autres. Comme l'a souligné Bruno Ciofi, régisseur du domaine de La Pinte, lors du bref discours inaugural du salon, cette grande idée a permis aux vignerons impliqués de se fédérer autour d'une grande et belle idée commune,  la viticulture biologique ou biodynamique, et d'apprendre à mieux se connaître. L'autre point très positif, c'est l'attrait des jeunes vignerons installés pour ce mode cultural, bon nombre d'entre eux entamant d'emblée la conversion lors de leur installation. L'occasion de faire le plein de belles découvertes dans les caves grandioses du domaine de la Pinte.

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    On pouvait, au choix, regretter que certains vignerons-vedettes n'aient pas de cuvées disponibles à la vente, ou alors, se féliciter de goûter à des 2010 en cours d'élevage. Pas un exercice forcément facile, les vins n'étant pas toujours bien en place, mais la dégustation des rouges 2010 en primeur valait le coup pour beaucoup. Bordeaux a été pris de vitesse, mais Bob n'est pas venu pour autant. C'est tant mieux, finalement.

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    Une des grandes sensations du salon fut pour moi ce Ratapoil. Un vin de ratapoil, c'est un vin élaboré par quelqu'un qui n'est pas vigneron. Raphaël Monnier n'est plus un ratapoil depuis 2009, mais il a pratiqué pendant 10 ans la vinification en amateur. Sa cuvée Le Ratapoil est un concentré de vieux cépages, à la rusticité franche et épatante. Le Trousseau 2009, plus précis et tout aussi digeste, ainsi que les deux blancs présentés à la dégustation, qui se goûtaient fort bien également.

     

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    Catherine Hannoun, du domaine de la Loue, n'était pas rouge de colère, ce jour-là. Ses vins, pour ainsi dire maternés, se goutaient plutôt bien, même s'ils s'octroieront une parenthèse en 2011, pour raison familiale et heureux événement. Rouge de colère, trousseau de Buffard dans le 2-5, a eu à essuyer les lourdeurs de l'administration viticole avant, finalement, de se voir déclasser de Vin de Pays de Franche-Comté en Vin de France. Belle recrue franc-comtoise pour la France! Son Arbois Savagnin 2009, vinifié en cuve, développe de jolies notes d'anis et de fenouil.

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    Crédit photo: La Pipette

     

    Fanfan Ganevat, les petits yeux mais en grande forme, la casquette vissée sur la tête, avait tiré quelques magnums au fût. Plus rien de disponible au domaine depuis bien longtemps. Plein sud 2010 est plus que bien troussé, un futur must à privilégier en grand contenant. Tout autant que le Trousseau des Corvées 2010 de l'Octavin, une cuvée qui devrait réserver bien des surprises dans quelque temps. Pierre Overnoy a beaucoup aimé le Trousseau 2009 du domaine Pignier, Stéphane Tissot le Trousseau 2008 de Didier Grappe, Madame Olif le Ginglet 2010 de Philippe Bornard, François Chavériat, du domaine Chantal Lescure, a préféré le Singulier 2009 de Stéphane Tissot. Tous sont très bien, en fait, chacun a le droit d'avoir son chouchou.

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    Côté ploussard (ou poulsard, l'important, c'est d'en boire), la palme revient sans contestation possible, parmi ceux que j'ai pu goûter, à l'Uva 2010 d'Evelyne et Pascal Clairet. Ou quand la macération carbonique, c'est le printemps jurassien. Celui de Peggy et Jean-Pascal Buronfosse se défend plutôt bien également, Point Barre de Philippe Bornard est un peu barré à ce stade, à regoûter après la mise.

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    Du chardonnay, il fallait bien en goûter également. Le 2009 en macération semi-carbonique de la maison Pierre Overnoy (en photo ci-dessus), présenté sur le stand par Aurélien Houillon, est  une curiosité particulièrement emballante, quoique un peu déroutante, accentuant le côté aromatique du chardonnay, le caractère tranchant de la cuvée "normale" du millésime 2008 se retrouvant en opposition parfaite. Les Combes 2009 des Dolomies est toujours aussi gourmand et voluptueux, un de mes vins favoris du moment.

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    La bulle, il fallait la chercher du côté du domaine de Saint-Pierre, avec un poulsard particulièrement pétillant et réjouissant, mais aussi à l'Octavin. The Péteux for ever!

    Bien d'autres vins dégustés et d'autres domaines découverts, mais malheureusement pas tous. Il a fallu faire un choix, parmi les domaines et les cuvées. Une sensation globale de relative homogénéité malgré les différences, et un niveau qualitatif plutôt bon.

    Pour terminer en douceur, le Macvin s'imposait. Mon préféré, ce fut celui de Benoit Royer, du domaine de la Cybelline. Un équilibre assez pur, fin, sans connotation marc trop marquée. Acidulé et digeste, à la vocation apéritive certaine. Carmina, vin de liqueur des Dolomies, est un peu plus richement constitué mais très plaisant.

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    Peu de jaune à goûter, dans le Jura vert. Logique, quand on pense au temps qu'il faut pour l'élaborer, en bio ou pas, et le nombre de néo-vignerons présents sur le salon. Le Jaune, il a fini avec les huîtres de Prat Ar Coum arrivées fraichement de Vendée, au cours d'un after improvisé chez Stéphane Tissot. Servi rafraichi lui aussi, le vin jaune, ça peut se picoler. Se manger aussi, versé dans l'huître, après un tour de moulin à poivre, pour un chabrot inédit, foi de vendéen! Les sensations fortes, c'est ça aussi, le Jura!

     

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    Olif

     

    P.S.: les 2 et 3 avril, on n'oublie pas que les Dauphinois seront de la fête, grâce au 4ème Salon des Vins Naturels de Grenoble. Les Dolomies y seront le fier représentant du Jura vert!

     

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    P.S.2: dans le même temps, les Belges hériteront de la visite du domaine de L'Octavin au doux salon d'Olne. Les veinards!

     

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  • Le nez dans le vert...

     

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    Le Jura est à la fois un département vert et une montagne verte, dont les verts sapins se mirent dans des lacs aux eaux vertes. Une verdure à laquelle il faut désormais rajouter la vigne, dont la surface plantée en bio représente 13% du vignoble, ce qui est largement supérieur à la moyenne nationale. Une démarche qui intéresse tout particulièrement les jeunes installés, autre point très positif. Après le nez dans le Jaune, grand raoût oxydatif hivernal, il faudra s'habituer à avoir désormais le nez dans le vert, les vignerons "bios" du Jura tentant une percée complètement autonome: celle d'une viticulture propre et respectueuse de l'environnement. Le mariage du vert et jaune n'est d'ailleurs aucunement incompatible surtout lorsqu'il ouvre sur un horizon aussi bleu et bien dégagé.

     

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    Le nez dans le vert, c'est donc le joli nom de ce premier salon "bio" des vignerons jurassiens organisé par les vignerons eux-mêmes, sans l'appui d'une quelconque instance officielle, bien trop occupée à s'autocongratuler à l'avance de la réussite populaire de son événement-phare à elle.

     

    22 vignerons ont répondu présent à l'appel du vert, parmi la grosse trentaine qui sont certifiés ou en cours de l'être.

    Le nez dans le verre, les amateurs curieux devraient l'avoir toute la journée du dimanche 27 mars, jour de l'ouverture au grand public, au Domaine de la Pinte. Avec juste une pause pour un petit casse-croûte bio suivi de l'achat de quelques cuvées sélectionnées par leurs soins. Le lendemain, lundi 28 mars, sera réservé aux professionnels et cloturé par un repas qui leur sera offert sur inscription.

     

    Le site de l'évènement est en construction mais les choses avancent bien. On peut également signaler son intérêt pour la chose via Facebook, sur la page créée pour l'occasion.

    Sans nul doute l'évènement vineux du printemps à ne pas manquer. Et ce d'autant qu'il y aura de très belles découvertes à y faire!

     

    Olif

     

     

     

  • E voga La Pinta...

     

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    La Pinta était une caravelle à 2 voiles carrées et une voile latine, jaugeant environ 75 tonneaux, qui disposait d'un équipage de 26 hommes. En 1492, elle faisait partie des trois caravelles de Christophe Colomb, avec la Nina et la Santa Maria. C'est à son bord que le Nouveau Monde sera aperçu pour la première fois, et c'est elle qui reviendra la première en Espagne. Elle était commandée par Martin Alonso Pinzon.

    Quelques siècles plus tard, Roger Martin, entrepreneur de profession et gai comme un pinson, fit l'acquisition du vingtaine d'hectares de terres argileuses du côté d'Arbois. Par amour du Vin jaune, et aussi parce que le terroir s'y prêtait merveilleusement, il décida d'y planter du savagnin. Tout plein de savagnin, 17 hectares d'un seul tenant, sur les coteaux arboisiens qui jouxtent Pupillin. Tout naturellement et comme une évidence, il choisit de baptiser sa nouvelle propriété du nom de ...  domaine de la Pinte.

    Étrange coïncidence ...

     

    Aucun lien entre les deux événements, mais Bruno Ciofi, actuel régisseur du domaine, se plaît à le laisser croire à qui le veut bien.

     

     

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    Le domaine de la Pinte, c'est actuellement 34 ha de vignes, majoritairement du savagnin, en appellation Arbois et Arbois-Pupillin. Cultivé en bio depuis 1999, sous la houlette de Fabienne et Philippe Chatillon, le domaine est passé en biodynamie en 2009, à l'arrivée de Bruno Ciofi, ancien chef de culture au domaine Frick en Alsace, possédant une grande expérience de cette pratique. Une des grandes particularités de la situation du domaine de La Pinte, c'est le vent. Un vent presque constant, susceptible de  pousser vers le nouveau monde du vin un gigantesque vaisseau au fort encépagement en savagnin, et justifiant le port du béret pour qui ne souhaite pas prendre froid aux golfes frontaux, même dans le grenier à "paille".

     

     

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    Le vin de paille constitue une grande partie de la production du domaine de la Pinte et les raisins doivent pouvoir sécher paisiblement dans les meilleurs conditions, à l'abri des loirs et autres rongeurs, essentiellement, pour qui ils pourraient être un excellent "num num". Les humains de passage dans la gigantesque volière du grenier ne se sont d'ailleurs pas privés d'en grappiller quelques exemplaires pour le vérifier.

    Les caves de La Pinte furent l'un des derniers grands chantiers pharaoniques de la région, dans les années 50. Leur construction, entièrement en pierres de taille, dura trois années. Les trois gigantesques tunnels furent échafaudés parallèlement et le résultat est à la hauteur de la démesure de l'entreprise.

     

     

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    Depuis l'arrivée de Bruno Ciofi fin 2008, le domaine de la Pinte repart donc de l'avant, en s'appuyant sur tout le beau travail déjà effectué auparavant. Même s'il n'a pas une formation de "neunologue", Bruno a une expérience de la vinification qu'il applique au mieux ici, se servant de tous les outils à sa disposition, y compris le soufre. Parce que le soufre, finalement, ce n'est qu'un outil, qui, utilisé à petites doses et à bon escient, juste pour protéger sa matière première sous le pressoir, ne se retrouve même pas analytiquement dans le produit fini. L'autre outil qu'il a définitivement adopté, par obligation, ce sont les cuves béton, qui permettent un élevage aux petits oignons et qui sont d'une très grande facilité d'utilisation. Les rouges 2010, tirés de la cuve, sont d'un naturel confondant. Fruité, fraicheur, digestibilité, ils glissent avec délectation dans le gosier. Poulsard, trousseau et pinot logés à la même enseigne, on attend avec impatience la fin de l'élevage et leur commercialisation. Une mini-verticale de Poulsard, depuis 2006, permet de mieux appréhender le changement de style, vers une expression plus fruitée et charnelle des vins. Les blancs ne sont pas en reste, melon comme savagnin, mais là encore, patience, et probablement encore plus.

     

    "Plante beau, Cueille bon, Pinte bien", telle est la devise du domaine. Pour ce qui est de planter et cueillir, ça c'est fait, et le domaine s'en charge. Au "pinteur" de jouer, maintenant...

     

     

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    Olif

     

     

  • Extra-révélation jurassienne...

     

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    Révélation extra, découverte par hasard dans la 3ème mouture du Carnet de Vignes de Sylvie Augereau, grande prêtresse de la Dive et croqueuse de raisin omnivore, de préférence "nature", également à l'origine d'une bonne bouffée d'air frais dans le microcosme jusque-là empoussiéré de la presse vineuse française. Cette Extra-révélation est généralement un coup de cœur décerné à un vigneron, un sommelier ou un caviste, pour "récompenser l'exemple qu'il montre et la route à suivre, pour boire encore meilleur". En 2010, c'est toute une région qui est consacrée. Une toute petite, par la taille, certes, mais grande par le talent et le nombre de jeunes pousses qui y sont semées. Tout cela sous l'œil bienveillant des valeurs sûres et des locomotives comme Stéphane Tissot, par exemple, qui a pris la pose pour la circonstance, en compagnie de Bénédicte son épouse. Le grand air du Jura se hume, se goûte, s'apprécie et ses terroirs ne demandent qu'à y être mis en valeur. Pour cela, le Jura peut compter sur sa gastronomie et, dans une moindre mesure, sur la toile, qui tisse quelques liens chaque fois qu'elle le peut. Le Blog d'Olif n'est pas peu fier de faire un peu de figuration dans cette extra-révélation, en compagnie d'un excellent Crazy Yellow, pas encore revenu de vacances d'été, et des cybercavistes également bien réels des Jardins de Saint-Vincent et des Zinzins du vin.

     

    Un aussi bel article, ça s'arrose! A grands coups d'Amphore 2009, par exemple, le dernier avatar de Stéphane Tissot, un "vin orange" à l'italienne. Pur savagnin récolté en surmaturité, macéré comme un rouge et élevé sans soufre en amphore de terre cuite. Encore une révélation extra, malgré son côté déroutant! Ça titre plus de 15° d'alcool et ça glisse pourtant tout seul. Ah! le Jura ...

     

     

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    Olif

     

    PS.: en partance pour la Capitale demain aux aurores, je suis en train de boucler mes valises. Sans oublier l'équipement indispensable, évidemment ...

     

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  • Du pamplemousse à la noix...

    ... en 3 leçons, 2 heures et même pas 1 cinquantenaire:

     

    - Savagnin 2010 brut de cuve, domaine Macle: du vrai beau jus de savagnin qui fleure bon le pamplemousse bien mûr au nez comme en bouche, avec cette belle amertume et cette grande acidité qui le caractérisent dans sa jeunesse. Les fermentations alcooliques se sont achevées très rapidement cette année, les cuves sont prêtes à être débourbées pour que la malo-lactique puisse s'enclencher le plus rapidement dans les meilleures conditions. Ensuite, ce sera le fût et l'appartion du mystérieux voile...

     

    - Château Chalon 2003, domaine Macle: goûté sur les deux lots qui sont successivement proposés à la vente. Le lot 01 (information écrite en petit sur le côté de l'étiquette) arrive bientôt au bout. La noix se fait rare, presque absente. Des notes de fruits blancs ressortent sur une rondeur alcooleuse bien mûre. Plutôt haut en éthanal dans sa jeunesse, celui-ci ne se ressent que fort peu, le sotolon ayant probablement commencé son œuvre pour apporter complexité et dimension supérieure à la noix de base. Le lot 02, qui sera bientôt proposé à la vente, a donc connu un élevage en fût plus long. Il goûte plus sur la minéralité et des notes maltées, ne possédant pas la rondeur du précédent. A ce stade, il a plus d'éclat, même si au vieillissement, il est fort à parier que les deux se rejoignent.

     

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    - Château Chalon antérieur à 1965, Auguste Macle: une bouteille du grand-père de Laurent Macle, Auguste, qui n'était pas étiquetée. Forcément antérieure à 1965, mais millésime impossible à déterminer avec certitude. La robe est ambrée, couleur vieil or, digne d'un vieux Cognac hors d'âge. Le nez est profond, d'une grande douceur. Des notes miellées se mêlent aux épices et au malt tourbé. La noix est aux abonnés absents. Il n'y a qu'à se laisser charmer et porter par les effluves de ce breuvage qui est loin d'avoir fini de remonter le temps. La magie des vieux Château Chalon...

     

    Et la noix, dans tout ça? La quoi? Le prochain qui me dit encore que le savagnin sent la noix, je lui fais avaler les siennes d'un grand coup de latte.

     

    Olif

     

    P.S.: je rigole!

     

  • Le Reculet à reculons

     

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    Le Reculet, deuxième plus haut sommet du massif du Jura, porte sa croix. Un temps, on a pensé qu'il pouvait être le premier, devançant le Crêt de la neige de quelques millimètres, mais il a fini par reculer devant la photo finish, qui a finalement confirmé la victoire du sommet karstique devant le téton marneux au piercing métallique. Mais que diable EDF est-il donc allé implanter un poteau à cette altitude alors qu'il n'y a même pas de prise de courant*? Chacun sa croix et celle du Reculet est bien forgée et implantée depuis plus d'un siècle.

     

     

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    Cette escapade estivale, aussi peu vinique qu'elle ne fut montagnarde, nécessita une longue préparation, afin qu'elle se déroulât dans les conditions idéales. Date flottante dans la semaine, déterminée en fonction de la météo. Merci EmotionJura! Des prévisions à 9 jours, désormais payantes mais un tarif dérisoire au vu de la précision des infos fournies. Windchill** et altitude du 0°C comprises. Le mercredi 1er septembre fut vite retenu comme jour au meilleur karma. Une élégante façon de faire la rentrée à reculons! Manque de bol, le jour que la météo encourageait fortement, le ventre le rejetait. Il fallut pourtant se résigner et tirer finalement un trait sur la partie gastronomico-vinique de l'expédition. Le Bistrot de montagne L'Anversis, adresse sise à Lamoura et remarquée de longue date, était fermé le mardi soir à cette période de l'année, fin de la haute saison touristique oblige. Nouveau passage manqué, après un premier échec l'année dernière, mais ce n'est que partie remise, la plus belle carte des vins d'altitude de tout le Jura mérite fortement une visite, quelle que soit la saison. Cette course en montagne se sera donc faite à la journée, départ aux aurores et des brouettes depuis Pontarlier, Haut-Doubs, direction le Haut-Jura.

     

     

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    Le véritable départ à pied fut donné à 10h30 à La Rivière, altitude 700 mètres, direction le passage du Gralet. Rude! Ligne de crête, jusqu'au bout de l'effondrement des Roches franches, puis arrivée au Reculet, altitude 1718 mètres, sans compter les 10 mètres que mesure la croix, mais que l'on n'ascensionnera pas. 16 km, plus de 1000 mètres de dénivelé positif, autant de négatif, 6 heures de marche, 300 cc de bonne sueur de marcheur, 2 boites de Compeed®, 2 bouteilles d'eau pétillante, 2 sandwiches au jambon, avalés presto sur un banc en terrasse, au refuge du Gralet, 2 parts de cake aux fruits confits pour la régénération énergétique. Par ce temps superbement dégagé, la vue sur les Alpes et l'arc lémanique était somptueuse. Pour qui avait de bons yeux, on pouvait même distinguer (tout en bas à gauche) les petites fourmis genevoises qui s'affairaient derrière leur bureau au 26ème étage de la tour de verre abritant la feuille de chou locale. Un grand bol d'air et une pensée compatissante pour eux. Le Mont Blanc était parfaitement net et l'on se demandait bien pourquoi des vacanciers l'avaient fui à cet instant précis pour gagner l'Italie si proche. E pericoloso...

     

     

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    Sur la crête, plus on avançait, plus on Reculet. Comment voulais-tu, comment voulais-tu? Les vaches broutaient paisibles, ce n'est qu'à posteriori, en lisant le journal, qu'elles nous ont fait une belle frayeur. La descente vers La Rivière et la voiture, via les chalets de Lachat, s'effectua presque à reculons, tant les quadriceps commençaient à fatiguer.

     

     

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    Le soir, de retour à domicile, vive l'inconscient, ce fut menu subliminal: steak bien saignant accompagné d'un Gamay genevois. Un vin authentique, d'où son nom. Et ce n'est pas moi qui l'ai baptisé ainsi. L'authentique 2007, du domaine des Curiades, essai transformé de vinification sans soufre, pour le plaisir de la glotte et des papilles. Du fruit et de la fraicheur, une belle rondeur, un vin régénérant, qui ne triche pas, gouleyant et immédiat. Pour boire malin et authentique, justement, et pas à reculons!

     

     

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    Olif

     

    * N'importe quoi, comme dirait Mme Olif. Tout ça, c'est rien que des bêtises, la vérité est ailleurs!

     

    **Température ressentie au vent, ce qui n'est pas rien quand la bise fut venue.