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  • Un 29 novembre à Paris, au Salon des Vignerons Indépendants

    Date: le 30/11/2003 à 19:20

    Temps frais avec menace de pluie dans la journée. Un temps à  ne pas mettre un passionné.com dehors !
    D'ailleurs, il n'y en avait guère au Salon des Vignerons Indépendants de la Porte de Versailles ! Guère plus que de gynécologue en congrès !
    A ce propos, j'ai une anecdote croustillante à  raconter ! Je la tiens de Vincent, qui, lui-même, la tient du Chat de Geluck (vous savez, le gros chat en costard qui fait des aphorismes !) : c'est l'histoire d'un gynécologue sourd qui a dû apprendre à  lire sur les lèvres. Fin de la parenthèse.

    Pour en revenir au Salon, il y avait pourtant du monde, limite cohue, à  l'ouverture, ce qui n'était pas fait pour rassurer l'ermite jurassien qui sommeille en moi ! Une fois les portes ouvertes (petite pensée pour Jean-Claude !), la foule s'est dispersée et ventilée, permettant une prise de contact privilégiée avec le premier vigneron sur lequel je suis tombé en arrêt : David Fourtout !
    Frais, dispos, malgré une nuit mouvementée et plutôt courte, à  ce que j'ai cru comprendre, et disponible, il a pris le temps de m'expliquer le domaine, ses origines, sa conception du vin, tout en rendant hommage au vigneron qui l'a inspiré et auprès duquel il a beaucoup appris, Luc de Conti. Ensuite, nous effectuons un petit tour d'horizon de la production du domaine, car tous ses vins sont là , même si en pratique, il y en a peu à  vendre, D. Fourtout aimant bien venir sur les salons pour rencontrer les amateurs, ceux qui boivent ses vins en fait, et ça tombe bien, c'était un peu aussi ma démarche ! Nous commençons par les rouges, sympathiques Clos des Verdots et Tour des Verdots 2002 avant le Grand Vin 2001, à  la trame soyeuse et patinée, et nous terminons par les blancs :

    Clos des Verdots 2003 : un petit régal fruité, avec suffisamment de nervosité pour ne pas tomber dans la mollesse,

    Le Grand Vin des Verdots 2002 : là , on rentre dans la dimension supérieure ! Déjà  majestueux, il mérite du temps pour digérer son élevage.

    Le Vin 2002 : le Vin, c'est au départ un concept, une création, une recherche sur la structure, avec pour base des raisins récoltés en légère surmaturité, pour apporter de la chair et de la richesse, assemblés avec d'autres raisins destinés à  amener le nerf et l'acidité. Un essai de modélisation du produit fini ! Et le 2002 ne déroge pas à  la règle. Intense et profond, long et complexe, il est déjà  très beau malgré une mise récente.

    Le Grand Vin des Verdots moelleux 2002 : à  l'image du blanc et du rouge de la même gamme, ce Côtes de Bergerac moelleux est un vin splendide, avec une liqueur extrêmement riche et beaucoup de fraîcheur malgré tout.

    Montbazillac 2001 : une bombe ! Le Vin, version liquoreux ! De la concurrence pour Madame ! 220 g de SR, une structure énooorme, et une longue finale fraîche, sur la mine de crayon (tiens ! tiens !). Un peu plus d'1 euro le cl (52 euros la bouteille de 50 cl), mais sous vos applaudissements, SVP !

    Une première rencontre marquante, qui a déjà  duré un petit moment ! Après tout cela, j'éprouve le besoin de me ressourcer, à  2 pas de là, au stand de Stéphane Tissot, venu sur le salon en compagnie de son père André.
    La Mailloche 2002, embouteillée depuis moins de 3 semaines, n'a pas eu les honneurs de Paris. Trop jeune ! Par contre, j'ai le bonheur de goûter (à  l'aveugle, j'ai cru à  un piège !) à  son savagnin ouillé étiqueté par provocation Traminer 2002 et vendu sous la marque de la Reine Jeanne (achat de raisins sur pied, issus de VV de savagnin). Magnifique ! Un vin au nez original, à  la minéralité marquée et à  la longueur exemplaire. Une nouvelle référence dans le monde des savagnins ouillés, du niveau de ceux de Pascal Clairet, Freddy Lornet et Fanfan Ganevat.

    Retour dans le Sud-Ouest avec la rencontre de Jean-Luc Baldès et des vins du Château Triguedina. Plus que le Clos 2000 et même Probus 2000, je craque pour ce fameux New Black Wine, version 97 car apparemment le plus accessible à  la dégustation actuellement, avec un nez ouvert, typique d'un beau Cahors à  maturité, ainsi que pour le Vin de Lune, un chenin botrytisé étonnament frais et aérien dans le monde viril du malbec.

    Le Salon est vaste, je m'y perd un peu, mais je mets finalement le Cap à  l'Est, toujours au Sud, pour une visite du domaine Gardiès, où je goûte une série de blanc avant de faire les rouges. Mention spéciale au blanc VV 2002, la plus belle réussite du domaine en blanc, aux yeux du domaine, un vin très sudiste dans l'esprit mais la fraîcheur est au rendez-vous. Magnifiques VV rouge 2001, très rond, cacaoté (70% de grenache) et Torre 2001, plus intense et profond, révélant toute la complexité du mourvèdre.

    Daumas-Gassac valait bien une petite halte, histoire de goûter les vins en primeur :

    Blanc 2003 : échantillon tiré du fût que le vin n'a d'ailleurs pas connu, puisque depuis 2 ou 3 ans, les blancs sont élevés uniquement en cuve pour se présenter sous leur côté le plus fruité.

    Rouge 2002 : dans sa phase fruité, il est particulièrement aimable et c'est presque la première fois que je prends autant de plaisir à  boire un vin de ce domaine !

    Après la pause sandwich, il me fallait trouver quelque chose à  boire ! Je passais justement devant le domaine Martin-Faudot, en Arbois, dont j'avais envie de découvrir les vins après avoir goûté une très belle cuvée surmaturée Sainte-Cécile. De jolis vins, comme ce trousseau 2002 ou ce poulsard 2001, de moins convaincants (une cuvée de pinot noir) et un joli savagnin 2000, oxydatif qui s'épanouit dans une longue finale. Pas aussi intense que celui de S. Tissot, mais c'est un vin auréolé d'un coup de coeur Hachette 2004.

    Histoire de respirer le bon air iodé de la Vendée, impossible de ne pas s'arrêter au stand du Domaine Saint-Nicolas, le Fief Vendéen de Thierry Michon, qui n'a pourtant pas fait le déplacement dans la capitale, se faisant représenter par son père et une fort charmante demoiselle. Jolie cuvée Reflets 2001, que j'avais déjà  goûtée, très belle Cuvée Jacques, déroutante mais originale cuvée Le Poiré, à  base de négrette, décevante Grande Pièce 2001, vraisemblablement dans une phase inaccessible en ce moment. Maria 2000 a enfin été embouteillée il y a 3 semaines ; c'est un très beau chardonnay, surprenant même, quand on connaît ses origines marines. Pour terminer, Soleil de Chine, en souvenir d'un séjour à  Shangaï, chanin botrytisé acidulé, manquant un peu de profondeur à  mon goût.

    Au rayon découverte, tout d'abord un autre Cahors, le domaine de Maison Neuve. Rien avoir avec Cosse ! C'est un petit domaine familial qui propose une cuvée d'un bon Cahors simple et franc, élevé uniquement en cuve, à  un prix défiant toute concurrence : entre 4 et 5 euros suivant les millésimes, que le vigneron et son épouse m'ont tous fait goûter, depuis 1998. Sympa !

    Ensuite, un Côtes du Rhône situé à  Jonquières, dans le Vaucluse, le domaine Rigot, dont la cuvée Prestige des Garrigues 2001 a reçu un coup de coeur dans le guide Hachette 2004. Et ils en sont fiers, au domaine de ce coup de coeur, qui récompense un vin authentique, sans artifice, élevé en cuve, composé à  80% de grenache (Châteauneuf n'est pas loin !). Après m'avoir invité à  venir goûter, on me propose ici une verticale sur pas moins de 6 millésimes, de 1994 à  2001, évidemment. Une préférence pour le 98, le 2000 et évidemment le 2001, qui n'a pas volé son coup de coeur et qui surtout, est vendu à  un prix défiant toute concurrence, à  moins de 7 euros.
    Sitre internet : [www.domaine-rigot.fr]

    Pour terminer le rayon découverte, le domaine de L'Arjolle, que je ne connaissais que de nom, et véritable coup de coeur de la journée, qui fut pourtant très riche en belles rencontres, pour des vignerons sympathiques et cordiaux, privilégiant leur vision du vin, la qualité de celui-ci au détriment de l'AOC. Le domaine est situé à Pouzolles, à  l'ouest de Pézenas, mais tous les vins revendiquent le Pays des Côtes de Thongue !

    Equinoxe 2001 : assemblage viognier, sauvignon, muscat à  petits grains, élevé en fût, très aromatique et frais,

    Cuvée de L'Arjolle rouge 2001 : 50% cabernet sauvignon, 50% merlot. Des tanins soyeux, une structure onctueuse, il a tout d'un grand vin pour le prix modique de 6 euros ! Il reste très languedocien dans l'esprit malgré son assemblage bordelais.

    Merlot Synthèse 2002 : un très beau vin, long et structuré,

    Paradoxe 2001 : assemblage de syrah, cabernet sauvignon, merlot et grenache (d'où le paradoxe !), élevé 100% fût neuf pendant 14 mois. Une grande bouteille, intense et complexe dans laquelle l'élevage ambitieux ne m'a pas sauté au nez !

    La Lyre 2002 : vendanges tardives de muscat à  petits grains, frais et aromatique, qui m'a un peu rappelé la Douce Providence du Clos du Gravillas. Très beau.

    Et pour la finale, une bouteille de derrière les fagots que l'on me sort devant mes origines jurassiennes revendiquées : un chardonnay surmaturé élevé sous voile ( !), sublime, au nez très Jura mais à  la minéralité peut-être moins affirmée que chez nous (avis certainement pas objectif de S. Tissot à  qui je me suis empressé d'aller faire goûter ce vin !)

    Pour clôturer ma journée, car je sentais une certaine lassitude physique me gagner, je me suis offert quelques douceurs du côté de Gaillac, au Domaine René Rieux. Très belle gamme de liquoreux, avec mention spéciale au Concerto 2001 et 1999, que Raymond Papaix juge supérieur à  2001 dans son potentiel de garde.

    Le brouhaha de la vie parisienne ayant eu raison de mon enthousiasme gustatif, c'est avec bonheur que j'ai regagné mes sommets enneigés ce matin, m'offrant même une première séance de ski de fond salvatrice dans l'après-midi.

    Olif

  • Guerre de sécession autour d'une poignée d'huîtres !

    Date: le 02/12/2003 à 09:48

    Traditionnelle soirée huîtres du Club des Amis du Bon Echanson, hier soir ! Soirée que l'on pourrait résumer à un affrontement Nord-Sud ! Loin de moi l'idée de vouloir systématiquement opposer deux conceptions du vin blanc, mais force est de constater que les vins sudistes, en jouant la carte du mimétisme, se sont avérés être de gros mollusques bien lourds, contrairement aux chardonnays bourguignons, qui, non contents d'être les meilleurs vins de la soirée en dégustation pure, se sont révélés d'excellents accords avec les huîtres grâce à leur vivacité et leur côté beaucoup plus mordant.

    Comme à  l'accoutumée, les huîtres sont de Gillardeau (n°3) et les vins proviennent de la cave du Bon Echanson.

    - Anjou Domaine de Mosse, cuvée Marie Besnard 2001 : l'intrus de la soirée, apporté par Le Seb et constituant le salaire de l'ouvreur. Vraisemblablement peu, voire pas soufré, il s'ouvre sur des notes de coing, de miel, de cire, d'orge maltée, bien contrebalancées par une belle structure minérale apportant la fraîcheur. Il séduit malgré son côté légèrement oxydatif, même s'il s'accorde mal avec les huîtres.

    - Domaine de Jonquières 2002, Vin de Pays de l'Hérault : j'avoue avoir eu un peu de mal à cerner ce vin, plutôt agréable, floral, qui ne convenait que fort peu aux huîtres. A regoûter dans d'autres circonstances.

    - Les Arums de Château Lagrange 2001, Bordeaux : marqué sauvignon, mais sur la litière de chat non renouvelée récemment !, il évolue sur des notes de citronnelle et de désodorisant WC pour tout dire un peu dérangeantes ! Une déception !

    - Montes Alpha, Chardonnay 2001, Casablanca Valley, Spécial Cuvée : si le millésime 98 a été sélectionné comme étant «the best chardonnay in the world» par Vinitaly , ce 2001 obtient haut la main celui de «pire chardonnay of the soirée». Lourd et mou, alcooleux, avec de l'amertume en finale, j'avoue ne pas avoir aimé du tout ! L'hémisphère Sud a encore des progrès à faire en matière de chardonnay !

    - Bourgogne 2000, Domaine Leflaive : un simple Bourgogne, mais bien né et vraisemblablement de noble origine (jeunes vignes de Puligny ?). Nez sur le beurre, la noisette, les herbes coupées, avec de la minéralité et du nerf, il commence à acquérir du gras et de la profondeur. Très beau !

    -  Auxey-Duresses 1999, domaine du Comte Armand : le dernier millésime de cette cuvée puisque les vignes exploitées en fermage ont été reprises par leur propriétaire. Minéralité, vivacité, équilibre et harmonie s'entremêlent pour finir sur des notes briochées citronnées. Superbe !

    Suivent deux vins rouges pour faire la transition avant le dessert :

    - Puech-Haut 1998, Tête de Cuvée : fruits mûrs et bois brûlé ! Tanins durs et un peu austères, un vin presque caricatural !

    -  Domaine de Jonquières 2000, Coteaux du Languedoc : un peu réduit au premier nez, ces notes s'estompent à l'aération pour livrer un fort joli vin, ample, frais et bien structuré. L'anti-thèse du précédent !

    Sur la Dora, dessert au chocolat :

    - Banyuls Rimage mise tardive 2000, Les Clos de Paulilles : cherry, cacao, intense et profond, une petite merveille d'accord avec le chocolat !

    -  Rivesaltes 89 Vintage, Domaine Cazes : dans le même registre, mais encore plus beau que le précédent, un vin exceptionnel sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise. Une gourmandise !

    Et après ça, vous prendrez bien un petit café ?

    Olif

  • Meursault, le phare de la Côte!

    Date: le 21/11/2003 à 23:26

    Jeudi 20 novembre 2003. La journée s'annonce magnifique ! Un grand soleil resplendit, faisant oublier les gelées matinales, et déjà 14°C à 11 heures du matin sur le Haut-Doubs. Plutôt qu'une visite du Bordelais sous la pluie, à l'instar du pèlerin girondin de LPV, la Bourgogne sous le soleil s'impose, et ce d'autant que c'est moins loin! Direction Meursault, le vignoble phare de la Côte de Beaune. Mauvais calcul ! Le trajet verra s'estomper petit à petit notre optimisme météorologique ! Dès la plaine de Saône, le brouillard nous gagne, épais, glaçant, le thermomètre extérieur de ma voiture affichant un modeste 5°C.

    Après un déjeuner rapide à La Diligence, à Meursault, pas mauvais mauvais, mais un peu grosse cavalerie, une cuisine finalement pas si illogique que ça dans un ancien relais de diligence, nous longeons le clos du Château de Meursault, aux allures fantomatiques dans la brume.

    Il faudra attendre 16 heures 30 pour voir le ciel se dégager à peine tandis que la nuit commence à tomber. Meursault, nuit et brouillard ! Mais peu importe ! La chaleur et la lueur nous viendront du fond des caveaux, où le vin blanc de Meursault, tel un phare dans la nuit, brilla de tous ses feux ! La vache, si c'est beau ! Je n'en reviens pas moi-même !

    Deux domaines au programme, pas ceux dont on parle le plus, mais deux domaines qui méritent qu'on en parle !

    Rémi Jobard, le plus Haut Doubien des Murisaltiens

    Notre première étape nous conduit chez Rémi Jobard qui a repris le domaine familial en 1992. Un vrai gars du pays, fils de Charles, mais également la plus Haut-Doubien des Murisaltiens ; il a marié une fille de Pontarlier !
    Ce beau domaine, relativement peu connu, travaille à 70% à l'export (Angleterre, Japon, Allemagne, Pontarlier,...) mais il serait pourtant dommage de passer à côté ! Ici, on est plutôt en lutte raisonnée, voire plus que raisonnable. A 90% en bio, grâce à un gros travail à la vigne, sans engrais, sans désherbant, mais on utilise ce qui semble nécessaire pour traiter quand le besoin s'en fait sentir.
    La dégustation qui va suivre a révélé un fort beau potentiel qualitatif avec respect des terroirs et de leurs expressions. Des vins racés et élégants, d'une grande homogénéité.

      Les vins blancs :

    - Bourgogne 2001 : une belle parcelle de chardonnay en appellation Bourgogne, idéalement située, du bon côté de la nationale, en bordure des premières habitations du village, et un très beau vin vif, simple mais franc.

    - Meursault Sous la Velle 2001 : nez un peu réservé révélant peu à peu des notes d'agrumes, un léger grillé. Un vin tendu, minéral, avec beaucoup de fraîcheur.

    -   Meursault En Luraule 2001 : un climat en limite des premiers crus, jouxtant les Gouttes d'Or. Plus gras en attaque, je lui trouve par la suite une sensation de mollesse. Beaucoup moins incisif que le précédent.

    -   Meursault Les Chevalières 2001 : une vigne plantée en 1940, en exposition est, de ce fait la plus tardivement vendangée. Un excellent compromis entre le gras et la minéralité, avec une finale encore à peine serrée. Splendide cuvée pour amateur patient (j'en suis!).

    -   Meursault 1er cru Le Poruzot Dessus 2001 : histoire d'embrouiller un peu plus le néophyte ou le réfractaire (Belge ou autre !), le climat Poruzot est subdivisé en 3. Le dessus est évidemment le meilleur ! C'est un vin riche, long, équilibré. Le chouchou de beaucoup !

    -   Meursault 1er cru Genevrières : nez intensément grillé, toasté (20% de fût neuf seulement) avec un grain serré en attaque qui s'épanouit dans une immense finale. « Un entonnoir à l'envers », voilà ce qui définit parfaitement pour Rémi le terroir des Genevrières. Très beau vin, j'adore !

    -   Meursault-Charmes 2001 : un beau Charmes, puissant, intense et aromatique, sur le pain grillé beurré, d'une droiture de structure exemplaire.

      Les vins rouges :

    - Bourgogne 2001 : frais et fruité, gouleyant, il pinote joliment. Finale un peu abrupte, minérale, sur la mine de crayon.

    -   Monthelie 1er cru Les Vignes Rondes 2001: plus puissant, ses tanins sont un peu rustiques avec de la mâche en finale.

    - Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots 2001 : le plus beau des 1ers crus de Monthelie, contigü au Clos des Chênes de Volnay. Beaucoup de finesse, une matière serrée avec un joli grain et des notes de griotte dans la finale.

    -   Volnay Santenots 2001 : rond, fruité et charnu, il développe beaucoup de finesse. Jolie rétro sur la cerise à  l'eau de vie.


    Domaine Michel Bouzereau et Fils, le classicisme et l'élégance

    Après un petit crochet dans les vignes, nous nous dirigeons vers le domaine Bouzereau, en plein coeur du village. Heureusement que Rémi Jobard nous sert de guide, sinon nous serions encore probablement perdus dans les ruelles de Meursault !
    Accueillis par Michel Bouzereau, c'est son fils, Jean-Baptiste, qui nous conduit dans la cave pour faire connaissance ici avec le millésime 2002. Un grand millésime, qui a la particularité d'être très accessible malgré la mise récente en bouteilles. Beaucoup de belles choses ici également, avec une déclinaison des terroirs murisaltiens une nouvelle fois palpitante, avec une petite incursion à Puligny. Nous ne goûterons malheureusement pas au Meursault Perrières, produit jusqu'à maintenant en petite quantité, mais l'acquisition d'une belle parcelle dans ce prestigieux 1er cru devrait permettre une plus grande commercialisation dans l'avenir. Accueil de tout premier plan par des vignerons amoureux de leur terre.


      Les vins blancs :

    - Bourgogne 2002 : très fruité, pêche blanche, poire, il est gourmand et se laisse boire allègrement.

    - Meursault Tessons 2002: nez très expressif, un peu grillé et beurré. Grande richesse, grande longueur, due à une acidité bien présente même si elle semble masquée. Très beau !

    -   Meursault Le Limozin 2002: un coteau en exposition sud, sous les Genevrières. Chaleureux et rond, épicé, il manque peut-être d'une pointe de nerf qui le rendrait plus incisif.

    -   Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains 2002 : très affable, finement toasté, sur les herbes coupées, il se goûte déjà  fort bien et laisse percevoir toute sa majesté.

    - Meursault 1er cru Les Genevrières 2002 : sur les agrumes, il développe un beau volume mais sa structure n'est peut-être pas encore suffisamment bien définie. La mise est récente.

    - Meursault-Charmes 2002 : un vin pour le petit déjeuner ! Pain grillé beurré, riche et gras, porté par une belle acidité, avec un gros volume extrêmement bien calibré en bouche. Un archétype !

    Le vin rouge : il y en a d'autres mais c'est le seul que nous goûterons au fût.

    - Beaune Les Vignes Franches 2002 : fruit mûr, boisé un peu torréfié, il se caractérise par la présence d'une petite pointe de gaz.


    La nuit a maintenant largement pris ses quartiers, il est temps pour nous de regagner la montagne et son ciel étoilé, non sans avoir fait une halte arboisienne pour y goûter un peu de Beaujolais, surtout pas nouveau ! Ce sera dur d'éclipser la classe de Meursault, qui nécessitera très certainement une nouvelle visite, et pourquoi pas au retour de la belle saison, lorsque le brouillard sera levé?

    Olif

  • Soirée entre célibataires!

    Date: le 23/11/2003 à 20:30

    En l'abscence de chacune de nos conjointes, l'occasion était trop belle pour ne pas se retrouver, Le Seb et moi, pour une petite soirée entre célibataires épicuriens, devant un dîner improvisé et des flacons dégustés à  l'aveugle, chacun ne sachant pas ce qu'avait apporté l'autre. Le repas des enfants expédié (ils ont beaucoup apprécié même si c'était simple!) et ceux-ci confortablement calés devant le Seigneur des Anneaux, nous pouvons passer aux choses sérieuses!

    -Fendant de Martigny Les Bans 2002 , Marie-Thérèse Chappaz

    Robe très pâle. Nez aromatique sur la fleur de vigne avec une sensation crayeuse. L'attaque est vive, une pointe de CO2 accentue la perception de minéralité. La fin de bouche est plus riche, grasse, voire un peu molle. C'est un joli vin de fendant, mais Le Seb, qui a supputé un vin Suisse, n'aime pas trop! Je descends donc chercher une autre bouteille à  la cave pour accompagner les Noix de Saint-Jacques à  la Bordelaise.

    -Pessac-Léognan blanc 95, Domaine de Chevalier

    Un vin de circonstance pour accompagner le plat! Ma précédente rencontre avec ce vin m'avait un peu déçu, celui-ci ayant été éclipsé par le Bergerac des Verdots. Cette fois, c'est mieux! Beau nez d'agrumes, riche et gras, avec une jolie longueur, de l'amplitude, de la classe et de l'élégance. Le Seb, qui a trouvé le domaine à l'aveugle (je l'espère, par hasard!) en redemande!

    Pour accompagner les côtes de veau bio de Mr Chambon, juste grillées et servies rosées, accompagnées de chanterelles :

    Beaune Les Vignes Franches 1999, Domaine M. Bouzereau

    Un rusé que ce Seb, qui essaie de me piéger avec un vin que nous avons dégusté au fût il y a peu, dans un autre millésime évidemment!
    La robe est rubis sombre. Le nez est de prime un peu réduit et je penche d'abord pour un vin du Sud. Cela s'estompe rapidement à l'aération et on se retrouve sur des notes de fruits mûrs. La trame est serrée, le grain fin, légèrement grillé, c'est très beau! J'adore! Un grand vin de Beaune! Grand vin tout court, je ne sais pas, moi je fais plutôt dans le relatif !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Hauts-Doix 2001, Domaine Groffier

    Registre un peu différent pour ce vin que Le Seb ne rattache pas non plus à  la Bourgogne au premier abord. Nez très grillé, presque torréfié, témoignant de son élevage, mais ça ne masque pas les autres arômes, évoluant plutôt dans un registre floral, violette, pivoine. Belle amplitude et grande longueur (oserons-nous dire grand vin?), grand vin de Chambolle en tout cas qui mérite de la patience en cave.

    -Saint-Chinian, La Fonsalade 1999, Château Maurel-Fonsalade

    Là , c'est du Languedoc, j'en suis sûr! Robe noire, nez très beau sur les fruits noirs, la liqueur de fruits, un peu caramélisé, avec une belle texture et de la longueur. C'est un excellent rapport qualité-prix!

    Avec la Dora, goûteux gâteau au chocolat local:

    - Douce Providence, 2001, Clos du Gravillas

    Muscat de Saint-Jean-de-Minervois passerillé sur pied, donc déclassé en vin de table. La robe est plutôt pâle, le nez magnifique sur le muscat bien sûr, mais une année de cave lui ont fait acquérir une complexité et une densité exceptionnelle. L'équilibre est magistral et l'accord avec le chocolat somptueux. On en redemande et on finit même la bouteille (50 cl, seulement!)

    Après ça, je crois bien qu'il n'y avait plus qu'à  aller se coucher!

    Olif

  • Léoville-Barton, the ultimate verticale!

    Date: le 11/11/2003 à 22:06

    Terme consacré dans l'édition DVD pour évoquer la nouvelle version d'un film encore plus complète que la précédente, cette verticale du Château Léoville-Barton n'a pourtant rien d'exhaustif, c'est juste la dernière en date qui vient compléter les appréciations sur les nombreux millésimes que nous avons eu l'occasion de goûter lors de notre séjour en Médoc au mois de septembre dernier.

    C'était aussi l'occasion de réunir une nouvelle fois le GJP autour de ce cru devenu fétiche pour une bonne partie d'entre nous et de tenter de le connaître encore un peu mieux.

    Il s'agit donc d'une sélection de quelques millésimes que nous avions en cave, histoire d'avoir un aperçu des anciennes années, des beaux millésimes et des millésimes récents. Mon regret est de ne pas avoir pu goûter au 2000 mais nous n'avons pas souhaité en sacrifier une bouteille devant des commentaires faisant état d'une phase ingrate actuellement.

    Dégustés par paires, en semi-aveugle, pour privilégier l'ordre de service, nous avons commis un sans-faute dans l'identification des millésimes, qui présentaient tous les caractéristiques que nous en attendions. On progresse fort, au GJP !

    Pour cette verticale, changement complet de technique de dégustation, donc, qui risque fort de se pérenniser pour les prochaines séances, à savoir dégustation pure des 6 vins sélectionnés, servis 2 par 2, pour mieux les approcher, les appréhender, les comprendre et les commenter. Puis, on termine gentiment les bouteilles autour d'un petit repas convivial, soulagés de la pression analytique autour des vins. Merci à Jef et Patricia de s'être magistralement chargés de la partie logistique de la soirée.

    Les vins ont tous été carafés, mais de manière plus ou moins longue suivant les millésimes (de 1 heure pour les plus anciens à 3 heures pour les réputés plus puissants).

    - Château Léoville-Barton 1997 :

    Un vin déjà  largement commenté ici !
    La robe est d'un grenat pas très soutenu mais d'un bel éclat.
    Le nez est toujours aussi fondu, plutôt agréable, sur des notes torréfiées et de boîte à cigares. La bouche est d'une agréable souplesse, en faisant un vin de plaisir à boire sans trop se poser de questions.

    - Château Léoville-Barton 1999 :

    La robe est grenat un peu plus sombre que le précédent.
    Le nez est plutôt fermé, réservé, mais on perçoit nettement de la glycérine et un côté un peu crémeux (dur de ne pas évoquer la crème pâtissière après avoir lu les notes de Claudius !), avec du moka et aussi des fruits noirs (mûre) et du réglisse.
    Volumineuse en attaque, la bouche termine plutôt court, avec un grain et des tanins un peu rêches.
    Pas totalement convaincant actuellement, il demande très certainement un peu de temps pour se fondre, mais combien ? Pas trop non plus, je pense, mais la question reste : est-ce qu'il s'harmonisera ?

    - Château Léoville-Barton 1985 :

    La robe est grenat, curieusement très peu évoluée.
    Cèdre, bois noble, poivron mûr, il fait preuve d'encore beaucoup de vigueur pour son âge et ne joue pas encore vraiment dans un registre tertiaire. Bel équilibre et longue finale rémanente, il s'agit là d'un très beau vin !

    - Château Léoville-Barton 1983 :

    Des traces d'évolution peu marquées sont perceptibles sur la robe.
    Le nez est splendide, tertiaire, sur le pruneau, plus ou moins confituré, l'humus, le cuir, le sous-bois et la cerise à l'eau de vie. La bouche est encore nerveuse avec de l'allonge.
    Un vin à  son apogée, loin d'être fatigué, et un beau moment gustatif.

    - Château Léoville-Barton 1996 :

    La robe est sombre, opaque.
    Le nez est intense, puissant, mais tout en retenue, avec présence de notes iodées, évoquant le pansement ou … je ne dirai pas quoi !, pour certaine personne qui travaille également en milieu hospitalier .
    Si cette petite note iodée me gêne un peu, elle n'est pas persistante et n'empêche pas le vin de s'exprimer en bouche en développant beaucoup d'ampleur. Les tanins sont encore un peu serrés en attaque mais ça s'arrondit par la suite pour perdurer longtemps.
    Très jeune, il a encore besoin de temps pour devenir une grande bouteille, mais il en a les moyens.
    Très apprécié par la majorité des dégustateurs présents, je lui ai pour ma part préféré le suivant.

    - Château Léoville-Barton 1995 :

    Très opaque également, ça pleure sur les bords du verre ! De belles grosses larmes roulent doucement sur les parois, témoignant de sa richesse. Emouvant !
    De fait, la bouche est pleine, grasse, avec une grosse sensation de glycérol sur des notes de noyau de cerise.
    Très racé, il m'impressionne par sa chair, sa droiture, sa profondeur et sa classe.

    Fin de la verticale sur un sentiment de grande satisfaction avec des vins qui se tiennent quelque soit le millésime, qui tiennent remarquablement la distance pour les plus vieux. Pour ma part, mention spéciale pour les années en 5.

    X 1929

    On ne pouvait pas se quitter sans un petit dessert accompagné d'un petit liquoreux ! La dernière bouteille ouverte est une exclusivité du GJP ! Ne cherchez pas à vous en procurer, elle fait désormais partie des vins mythiques et inaccessibles !
    Nous la nommerons donc par son n° de code : X 1929 ! A moins que ce ne soit son année de naissance ! Une naissance du côté de Bordeaux, c'est à peu près certain, mais l'endroit exact est difficile à cerner de façon précise. Une orpheline qui a perdu son nom, pas forcément très bien née, vraisemblablement un peu roturière, mais qui parle avec les accents de la sincérité ! Une couleur ambrée, vieil or, un nez délicat de moka, de café, de confit d'oranges et des agrumes qui apportent une certaine vivacité et de la fraîcheur. Un vin que l'on boit avec recueillement , eu égard à sa qualité et son grand âge, qui nous bannit définitivement des rangs des buveurs d'étiquette car ici, d'étiquette, il n'y en a plus ! Merci à Jef pour ce grand moment d'émotion !

    Fin de la soirée à une heure déjà fort tardive, heureusement, tout le monde rentre à pied, et s'il fallait dégager une conclusion synthétique à cette dégustation, c'est que Léoville-Barton, c'est bon ! Je ne peux pas faire plus court, ni plus juste !

    Olif et le GJP

  • Michel Gahier, la discrétion efficace !


    Date: le 09/11/2003 à 09:57

    Deuxième étape de notre périple jurassien, nous arrivons à Montigny déjà fort tard, ayant un peu traîné à la table chaleureuse du Comtois à Doucier.

    Un vigneron très discret et modeste que ce Michel Gahier, descendant d'une très ancienne famille de Montigny-les-Arsures. Un vrai gars du pays, qui bichonne ses vins avec amour et respect, et qui s'exprime superbement à travers eux.

    Véritable spécialiste du trousseau, ses Grands Vergers sont un modèle du genre, de 1983 (et peut-être avant !) à nos jours, pour ceux que nous avons eu le plaisir de goûter. Ses blancs et son jaune ne sont pas en reste et ne devraient pas tarder à accéder à la reconnaissance. Novateur avec Hélène, jolie cuvée de chardonnay surmaturé à boire sur sa fraîcheur et son fruité, il excelle dans l'oxydatif avec une Fauquette 99, rappelant les plus belles cuvées du genre, dont les Saint-Paul de Camille Loye, et un vin jaune 95 au mordant et à la fougue toute juvéniles. Très beau Macvin et, on l'espère bientot, un vin de paille 100% chardonnay assez étonnant.

    - Arbois Chardonnay 1995 : un peu réduit de prime, le nez finit par s'ouvrir sur des notes d'herbes sèches, de foin coupé et n'est pas sans m'évoquer certaines belles cuvées de Chablis de J.M. Raveneau . Très beau.

    - Arbois Chardonnay 1983 : un vin ouillé qui s'exprime quand même sur la noix, le curry, la pomme de bois, le calva, avec une sensation de fraîcheur étonnante pour son âge. Impressionnant!

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2003 : une véritable petite bombe fruitée déjà  diablement bonne. Il y en aura peu !

    - Arbois Trousseau 2002 : fruits rouges, feuille de cassis, épices. Rond en attaque, il est un peu plus sec et cassant en finale. Demande un peu plus de fondu.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2002 : aromatique, rond et ample, il possède plus de race que son petit frère.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2000 : déjà  bien fondu, sur les petits fruits rouges compotés et épicés, beaucoup d'amplitude et de fraîcheur.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 1999 : très expressif également, il joue un peu dans le même registre que le 2000.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 1983 : un vrai bonheur que de boire ce vieux vin de trousseau encore plein de vigueur, de jeunesse, très fruité, démontrant l'aptitude à la garde de ce cépage.

    La fin de la journée approche et il est temps pour nous de quitter le Jura viticole avec le sentiment du devoir accompli, même sans magnétophone, celui d'avoir passé une très agréable journée en compagnie de vignerons passionnés par leur terre et leur vin, une totale découverte pour certain, une véritable confirmation pour d'autres.

    Le Jura sous son vrai visage, celui de la diversité et de la qualité !

    Olif

  • Jean-François Ganevat, le franc-parler jurassien

    Date: le 09/11/2003 à 09:48

    Par cette belle journée de début novembre, l'occasion était trop tentante pour une petite sortie jurassienne totalement incognito, soigneusement dissimulés dans une voiture banalisée immatriculée en Confédération Helvétique. L'équipage au grand complet, digne d'une chanson de Bobby Lapointe, constitué d'Yves Z, le chauffeur philosophe helvète, du Seb, copilote arrière esthète, ainsi que moi-même, votre serviteur, que l'on dit poète, quitta Pontarlier quasi aux aurores pour se diriger dans le vignoble jurassien et y retrouver Saint Vernier, grand coordonnateur de la journée, pour une découverte en profondeur, mais en accéléré, de la diversité viticole de la région.

    « Sous la Roche », dans la Combe de Rotalier, un petit paradis perdu éclatant sous le soleil, tout là -bas, au bout du monde, dans un cul-de-sac adossé à la roche, avec un fort joli coteau entièrement replanté récemment, en exposition sud, qui nous permet d'apprécier un peu de la géologie du terroir jurassien. Le sous-sol argileux devrait convenir idéalement au trousseau et au savagnin qui remplacent désormais ici le poulsard.

    Jean-François Ganevat, notre hôte, jovial vigneron au franc parler, parfois un peu provocateur, aurait bien mérité une interview LPV. Malheureusement, le matériel était défaillant! Les aléas du métier de journaliste ! Ce sera donc une interview sans parole, un genre de portrait du personnage, ce qui n'est déjà pas si mal !
    Après une dizaine d'années passées en Bourgogne pour le compte du domaine Morey à Chassagne-Montrachet, Fanfan Ganevat est revenu au bercail en 1998. Son premier vrai millésime, celui qu'il a maîtrisé de A à Z, pour lui, c'est 1999 et les vins du domaine que j'ai eu l'occasion de goûter jusqu'à présent m'ont totalement emballé, tant en blanc qu'en rouge.
    Déjà remarqués et remarquables, ses vins sont pourtant en train de prendre un nouveau virage pour encore plus d'exigence. Adepte du sans soufre, il souhaite évoluer vers des vins de plus en plus nature, exprimant encore plus le raisin. L'avenir nous dira s'il a raison mais la dégustation qui a suivi a été l'occasion de quelques révélations.
    Comme tous les vignerons qui font de la qualité, pour lui, le vrai travail commence à la vigne. Respecter le sol, le sous-sol, l'environnement, c'est primordial pour laisser parler le raisin.

    Après un petit coup d'oeil en extérieur, nous entreprenons un véritable porte-à -porte dans le hameau, celui-ci étant constitué de plusieurs maisons en apparence indépendantes, mais chaque corps de bâtiment recelait son lot de trésors. Là les 2003, ici les 2002, là -bas des savagnins, encore ailleurs des rouges...


    Dégustation au fût :

    Beaucoup de cuvées goûtées, dont les 2003. Hormis une cuvée de chardonnay en théorie destinée aux crémants et écartée de cet usage devant le fort degré naturel à la récolte, aucun des vins goûtés n'a nécessité d'acidification. L'impression d'ensemble est plutôt favorable même s'il est difficile de bien juger les vins à ce stade.
    Le rythme intensif de la dégustation ne m'a pas permis la prise de notes dans de bonnes conditions, je me bornerai donc à quelques commentaires sur les vins qui m'ont le plus inspiré. Tous ces vins sont en appellation Côtes du Jura.


    - Chardonnay Florine 2002 : jolie fraîcheur, sur la mangue, l'abricot, les fruits secs.

    - Chardonnay Grands Teppes 2002 : sur le premier fût, le vin a été débourbé. Le vin est incisif, vif, avec des notes de raisin. Sur le deuxième fût, non débourbé, on est plus sur la fleur d'ortie. Le troisième fût, non débourbé également, présente beaucoup plus de gras, un peu pain grillé beurré. Les variations d'un fût à l'autre sont étonnantes !

    - Chardonnay Les Chalasses VV 2002 : nez puissant, grillé avec des notes d'agrumes. La bouche est grasse, riche, ample, finissant sur de légers amers. Superbe ! Un deuxième fût est plus marqué agrumes.

    - Chardonnay Les grands Teppes VV 2002 : goûté sur 3 fûts différents également. Le premier est incisif, mordant, minéral, sur la pierre à fusil. Finale citronnée avec quelques amers. Le deuxième fût révèle un vin un peu plus mou alors que le troisième est d'une exceptionnelle densité, boisé (fût neuf) mais absolument magnifique.

    Les différentes cuves de savagnin ouillé 2002 m'ont également beaucoup plu, de même que certaines barriques du chardonnay Grusse VV 2002. Les rouges sont dans une phase gustative beaucoup moins accessible actuellement.

    Au restaurant Le Comtois, à Doucier, nous avons pu déguster la quasi totalité de la production en bouteille, millésime 2002 pour les rouges et 2001 pour les blancs. Je retiendrai un Chardonnay Grands Teppes VV de haute volée, un excellent savagnin ouillé, ainsi qu'un pinot noir 2002 sur le fruit, très gourmand.

    Un sacré personnage que ce Fanfan Ganevat et un domaine dont il faut impérativement retenir le nom!

    Olif
  • Le Clos Montmartre, vin du Vieux Monde !

    Date: le 28/10/2003 à 21:55

    Flâner dans le XVIIIème, parcours obligatoire du touriste moyen, vous conduit immanquablement vers les vignes du Clos Montmartre, qui a le mérite d'avoir une véritable histoire, contrairement à ses homologues du Nouveau-Monde, et que celle-ci est plutôt belle !

    La vigne de Montmartre remonte vraisemblablement à l'époque gallo-romaine. Très étendu jusqu'à la fin du XIXème siècle, le vignoble s'offre même le luxe d'être subdivisé en «cru» ou en «climat» : la Goutte d'Or, la Sauvageonne, la Sacalie,... qui finiront par fusionner sous le vocable moins prestigieux de «picolo» de Montmartre, la qualité ne semblant pas nécessairement au rendez-vous.

    Le début du XXème siècle, de par la concurrence viticole et l'urbanisation, a eu raison du dernier cep. Coïncidence, l'absinthe (de Pontarlier, notamment!) battait alors son plein, enivrant jusqu'à plus soif les artistes de la place du Tertre.

    Les années 30, grâce à Francisque Poulbot entre autres, virent le renouveau de ce petit carré de vignes, planté à flanc de coteau, en lieu et place d'un petit square destiné aux enfants et ayant résisté à la pression immobilière.
    1556 m2 de sables siliceux de Fontainebleau reposant sur des argiles vertes et des marnes à huîtres, et sur lesquelles on a planté 1762 pieds de Gamay, Pinot noir et Hybrides producteurs directs. 33,5 hl/ha, 402 litres produits en 2002 pour 805 bouteilles de 50 cl. Les chiffres parlent d'eux-mêmes !

    Il faut reconnaître que l'endroit est magique, surtout si l'on ferme les yeux et que l'on s'imagine au siècle avant-dernier, loin du flash crépitant de nos amis nippons ! En face, sur le même coteau, subsiste le square Roland Dorgelès, qui inciterait presque à la rêverie si la température était plus clémente en cette fin octobre. Certains ont quand même dû rêver profondément, hier soir, si l'on en juge par le nombre de cadavres de Kro jonchant le sol, et venant rompre le charme de l'endroit.

    Est-ce encore une fois la faute au millésime précoce, mais j'ai raté de peu la fête des vendanges qui se déroule chaque année sous le parrainage de personnalités de tous horizons. Cette année, Elie Semoun et Véronique Genest s'y collaient pour une grande fête populaire. De vendange, il n'y eut point, car toute la récolte a été détruite par un orage de grêle le 31 mai. Il y aura toutefois une production de Clos Montmartre en 2003, des raisins ayant été offerts par des Confréries Vineuses au Comité des Fêtes du XVIIIème. Une cuvée «Solidarité» verra donc le jour dans ce millésime. Un exemple à méditer dans les autres appellations ?

    Le dernier millésime y est présenté et commercialisé à l'occasion. Enfin, pas vraiment commercialisé puisqu'il est offert ! En échange d'un don de 40 euros aux Oeuvres sociales de l'arrondissement, fiscalement déductible ! Une véritable aubaine!

    Chaque millésime est habillé par un étiquetage spécifique, illustré par un peintre contemporain, véritable collector digne de Mouton !
    La cuvée Toulouse-Lautrec représente le millésime 2001. Consciencieusement, je me suis senti obligé de la goûter et de la commenter, même si cela peut paraître un peu obscène. Une oeuvre de bienfaisance, on ne peut décemment la juger ! Sachez seulement que ce Clos Montmartre 2001 se rapproche plus du «picolo» que de Mouton-Rotschild, même s'il est loin d'être imbuvable.

    Une expérience enrichissante et ma modeste contribution au folklore local, éminemment sympathique !

    [www.fetedesvendangesdemontmartre.com]

    Olif

  • Quelques grands du Roussillon!

    Date: le 10/10/2003 à 21:31

    Petite thématique personnelle sur les vins du Roussillon, débutée devant l'opportunité de découvrir enfin ce fameux Terroir Mailloles du domaine Sarda-Malet, le plus beau du Roussillon à  ce qu'il paraît! Comment jauger véritablement un vin si ce n'est l'étalonner par rapport à  nos références personnelles? Je suis donc allé puisé dans les entrailles de ma cave pour y dénicher quelques sparring partners d'envergure!

    - Domaine du Clos des Fées VV 2001

    Quelle séduction! Un vin qui a la cerise!
    Soyeux et satiné, dans un registre juvénile très fruité, il resplendit d'élégance pour finir sur une pointe de cacao. Très féminin malgré le fort degré alcoolique (qui jamais ne roule les mécaniques!), il est doté d'un parfait équilibre qui lui sied à  merveille, l'élevage sachant se faire très discret à  ce stade. Après 24 heures d'ouverture, il s'alourdit à  peine, perd un peu de tonus, et le côté crémeux devient légèrement écoeurant. Ce qui ne retire rien à  ses qualités si on l'attend sagement en cave, ou encore si l'on siffle la bouteille d'une traite!

    - Domaine Sarda-Mallet, Terroir Mailloles 2001

    Goûté juste avant le VV du Domaine du Clos des Fées, il lui tient sans problème la dragée haute. Un peu plus réservé à  l'ouverture, il lui a fallu du temps pour s'exprimer, mais quelle récompense! Chocolat, cerise à  l'eau de vie, avec une grande densité et une profondeur immense. Sans le côté séducteur immédiat du précédent mais avec un soupçon de race supplémentaire. Un vin qu'on aime aimer, car il se livre par petites touches, se retenant un peu à  l'ouverture mais terminant en apothéose dans un océan de saveurs fruitées et chocolatées. On peut en profiter déjà  maintenant, mais son potentiel semble énorme!

    - Les Sorcières du Clos des Fées 2001

    Robe grenat brillante mais opaque.
    Le nez est marqué d'abord par le bois, mais celui-ci s'estompe rapidement pour laisser parler un fruité plutôt assez frais. Ce vin pétillait dans sa jeunesse, juste après la mise, ayant suscité quelques interrogations. Aujourd'hui, les bulles ont presque disparu et il persiste surtout une sensation de fraîcheur avec juste un petit picotement sur la langue en finale. Un peu plus déséquilibré par l'alcool que la grande soeur, il devrait être tout juste prêt pour fêter Halloween cette année.
    24 heures après l'ouverture, la sensation gazeuse n'a toujours pas complètement disparu (vin non carafé, non secoué).

    - Collioure 95, Les Clos de Paulilles

    En complément, juste pour avoir une petite idée du potentiel de garde de la grande région Roussillon.
    Robe grenat sombre homogène, avec de toutes petites traces d'évolution sur les bords, à  peine perceptibles.
    Le nez est assez expressif, agréable, empyreumatique, sur le noyau de cerise, le chocolat et quelques notes fumées.
    Attaque franche, beau volume, mais finale un peu sèche. Il ne possède pas l'opulence des voisins du Roussillon mais s'exprime de façon plutôt droite. Arrivé à  maturité, il mérite d'être bu sous peine de sécher un peu plus.

    L'impression d'ensemble de cette dégustation est plutôt très favorable au Roussillon, avec des vins déjà  très séducteurs dans leur jeunesse. J'aurais pu rajouter un ou deux vins de Gauby, mais ma cave est pour l'instant en dérangement et je ne retrouve pas tout ce que je veux. Une prochaine fois!

    Olif

  • Où il y a de la Cart(h)agène...

    Date: le 12/10/2003 à 09:50

    ...j'espère bien qu'il y aura du plaisir!

    J'ai rapporté de Carcassonne  2 bouteilles de Carthagène du Château Haut-Gléon ("C'est la meilleure! m'a dit la petite dame qui les vendait et qui visiblement l'appréciait beaucoup, même si c'était aussi la plus chère!): une blanche et une rouge.

    Il fallait bien en ouvrir une un jour! Mais comment ça s'écrit, d'abord,  [cartagen]?

    Avec H ou sans H?
    Et d'où il vient, ce nom? Un click sur Voila et voilà ! C'est magique, Internet!

    [www.chez.com] (NB: le lien ne fonctionne plus, mais c'est bien là que j'ai trouvé cet article)

    Cartagène


    C'est Hannibal le Carthagénois, qui fonda en Espagne la Nouvelle Carthage ou Cartagène.

    De là à dire que notre fameuse Cartagène du Languedoc tire son origine de cette ville et des armés d'Hannibal, rien n'est moins sûr.

    Selon une tradition plus fiable, au 16ème siècle, les femmes des marins de l'Invincible Armada préparaient pour leurs époux une boisson qui leur donnait le courage d'affronter la haute mer, l'ennemi et la solitude.

    Elles l'appelèrent la « Carthagène ».

    Elles auraient retrouvé la recette de cette boisson dans la façon dont au temps des Romains on faisait le vin.

    Soutien des guerriers, inspiration des poètes, cette boisson gagna peu à peu les pays de langue d'Oc, où elle devient traditionnelle.

    Classée parmi les apéritifs à base de vin, élaborée à partir de jus de raisins blancs ou rouges, la Cartagène est une mistelle dont la fabrication est souvent tenue secrète, et dont la production fut longtemps interdite, au profit du Pineau des Charentes, du Floc de Gascogne ou du Ratafia de Champagne.

    Comme eux, il s'agit bien d'arrêter la fermentation du moût du raisin par un apport d'eau de vie, dans un proportion d'un quart d'eau de vie pour un litre de moût.

    De cette recette, disent certains, viendrait le mot « cartagène », ce qui expliquerait la disparition de la lettre «h».

    Ce qui est sûr, quelle que soit l'interprétation sur les origines de cette boisson, c'est qu'il faut écrire : cartagène ( et non carthagène).

    Sa fabrication, selon les recettes ancestrales étant désormais autorisée, quelques viticulteurs du Languedoc se sont lancés dans sa commercialisation.

    Après la mise en bouteille, la Cartagène peut vieillir indéfiniment et prendra avec les ans une belle couleur d'ambre et d'or.

    Délicieuse à  l'apéritif, elle fait merveille sur foie gras ou fromage de Roquefort.

    Ce doux breuvage accompagne traditionnellement les treize desserts du Noà«l provençal.

    C'est l'apéritif traditionnel du Languedoc et des Cévennes

    Servir très frais : 8° à  10°.

    Jean Mignot

    Uzès Domaine de Cruviers-Larnac



    Concernant la mienne, de Cartagène, enfin plus exactement celle du Château Haut-Gléon, je l'ai servie à température de cave, qui pour l'instant est excellente (13,5°) même si j'ai peur que cela ne dure pas, les premières gelées matinales font leur apparition dans le Haut-Doubs.

    J'ai opté pour la rouge, à la robe soutenue, au nez de cerise avec un côté pharmaceutique ou herbacé, pas désagréable, pour lequel j'ai évoqué le coca-cola, mais je retiendrai, selon l'avis de mon fils de 16 ans qui s'y connaît, le cherry-coke! Un peu doucereux par son côté naturel très sucré, mais quand même chargé en alcool, c'est un apéritif plutôt agréable, idéal pour Belle-Mère!

    Olif
  • Languedoc 98, Le Clos de la Copa Inconnue

    Date: le 16/10/2003 à 08:31

    Réunion du noyau dur du GJP, hier soir, l'occasion d'une triangulaire horizontale de vins du Languedoc, millésimés 98. Triangle qui se révélera isocèle, tant les 3 vins sélectionnés se sont révélés être d'un niveau qualitatif équivalent, dans des styles toutefois un peu différents.

    Après une mise en bouche avec Silex 99 ouvert sur quelques huîtres de l'ile de Ré, nous attaquons le plat de résistance: une splendide côte de boeuf, cuite à  la perfection (bravo Valérie!), pour accompagner nos trois compères d'Oc. Les vins ont été carafés l'après-midi et sont servis à  l'aveugle.

    Pouilly-Fumé 1999, D. Dagueneau, Silex

    Un nez qui sauvignonne encore légèrement, bourgeon de cassis, agrumes, de la nervosité en attaque et derrière on perçoit l'étoffe de la structure, en train de se complexifier. Déjà  très agréable, il devrait devenir bientôt très grand.

    Terre Inconnue, cuvée Léonie 98

    Robe sombre. Nez puissant où l'alcool domine avec une touche animale très discrète. Bouche sur l' Amarena, le zan, très satinée, tout en finesse, où l'alcool se fond comme par enchantement. Superbe! Un régal d'équilibre!
    Noté à  l'unanimité: trop fort, ce Robert!

    Domaine d'Aupilhac, Le Clos 98

    Robe sombre. Nez très fin, sur le sirop pour la toux (Toplexil), le caramel, le réglisse. Les tanins sont très fins, soyeux. La classe!
    Un régal de finesse!
    Le plus apprécié lors de la dégustation apéritive, il s'est révélé un peu moins à  l'aise sur la viande.

    Domaine Clavel, Copa Santa 98

    Robe sombre. Nez à  peine réduit, fruit blet, animal, puis cerise à l'eau de vie, goudron, réglisse, puissant avec de la finesse. En bouche, c'est du massif! Un peu monolithique en attaque, il s'épanouit à  l'ouverture.
    Un régal de puissance!
    Cette force tranquille s'est domptée de façon magnifique au contact de la texture du boeuf pour réaliser un très bel accord.

    Un 27 novembre 2000, Didier Cornillon

    Une découverte signée François, un vin de la Drôme. Moûts de raisin fermentés issus de raisins passerillés. Un genre de vin de paille du Sud, sur l'abricot, l'abricot confit, très mentholé, donc très frais. Joli!

    Enorme satisfaction, donc, que cette dégustation de Languedoc 98. Un millésime épanoui!

    Olif

  • RDD de chez Bollinger

     
    Date: le 02/10/2003 à 11:16

    Non ce n'est pas une nouvelle cuvée de la grande maison champenoise! RDD, ça veut dire Récemment Dégorgé et Dégusté, et c'est juste le compte-rendu d'une petite soirée dégustation de quelques vins de Bollinger organisée à l'initiative de la cave du Bon Echanson en association avec le commercial Bollinger du secteur. Un grand moment!

    Après un petit topo très "sérieux" sur la Champagne, où nous avons appris, entre autres, que celle-ci va de Mickey jusqu'à De Gaulle, une cinquantaine d'ha de vignes se situant en Seine-et-Marne, une cinquantaine d'autres en Haute-Marne vers Colombey, nous avons eu la chance de déguster quelques vins sublimes.

    -Bollinger Grande Année 96

    70% Pinot Noir, 30% Chardonnay, 75% Grand Cru, 25% Premier Cru, 100% Cuvée

    Belle robe jaune pâle, à  la bulle fine et régulière.
    Le nez est intense, brioché, sur l'amande, la noisette, un peu miellé.
    Malgré cette richesse olfactive, la bouche est fraîche, vive en attaque, ample. La belle acidité procure une sensation de longueur immense.
    Impressionnant et monumental! Un grand et bon Champagne!

    -Bollinger RD 90

    Dégorgé le 25/06/03. 69% Pinot Noir, 31% Chardonnay, 67% Grand Cru, 33% Premier Cru, 100% Cuvée

    La robe est d'une belle couleur jaune, légèrement paille.
    La bulle est un peu disparate.
    Grande finesse des arômes, très subtils, avec des notes de banane séchée.
    Si la bulle est rare, l'effervescence est bien perçue en bouche, donnant un sentiment de fraîcheur à cet ensemble très profond et complexe. Elle disparaît complètement au fil de la dégustation, l'effervescence s'amenuise mais le vin reste frais.
    Une expérience unique et un grand moment de dégustation.
    Seulement 4500 bouteilles/an pour le marché français.

    -Bollinger Spécial Cuvée

    80% Premier cru, 20% Autres crus car contient une faible proportion de pinot meunier

    C'est le brut sans année et en fait le produit le plus bichonné de la gamme car le plus consommé et celui qui entraînera le consommateur vers le haut de gamme.
    Robe jaune pâle à  reflets verts.
    Nez acidulé, citron vert, herbes sèches.
    La bulle pétille énormément, apportant beaucoup de fraîcheur, et procure une sensation d'équilibre, entre finesse, puissance et élégance.
    Un très beau Champagne reflétant le style Bollinger.

    La soirée s'est tranquillement poursuivie autour d'un petit mâchon arrosé des vins du château de Jau, en Côtes du Roussillon, dont la cuvée prestige Talon Rouge 2001, également diffusés par Bollinger.

    Un peu travaillé au corps, mais finalement sans trop se faire prier devant notre intérêt et notre assiduité à suivre son discours, le représentant de Bollinger a accepté le principe d'une nouvelle rencontre avec La Côte aux Enfants et les Vieilles Vignes Françaises au programme. J'en salive d'avance! (note du 18 août 2005, j'en salive toujours d'avance!)

    Olif

  • Thierry Michon, le lutin bondissant des Fiefs

     
    Date: le 21/09/2003 à 09:35

    Impossible de séjourner en Vendée sans se rendre au domaine Saint-Nicolas, fleuron de l'appellation Fiefs Vendéens, à Brem sur mer.

    Cette deuxième semaine de septembre n'était pourtant pas le moment idéal, car elle tombait en pleine vendange, pour cause de millésime précoce.

    Thierry Michon, c'est un peu l'extra-terrestre des Fiefs Vendéens, AOVDQS dont la mission principale consiste à abreuver le flot de touristes estivaux, produisant des vins simples, sympas pour accompagner les produits de l'océan, mais sans véritable âme. Thierry a converti le domaine en biodynamie et s'est tourné vers une viticulture de qualité, exigeante, qui se démarque complètement du reste de la production locale.

    Le jour où je lui ai rendu visite, en compagnie de PhR, les vendanges se terminaient à peine et il venait de recevoir deux nouvelles cuves bois de Seguin-Moreau, de belles occasions mais qui se sont révélées ne pas être préparées à une utilisation immédiate. Thierry devait donc chauffer les cuves à l'aide d'un karcher à vapeur pour que le bois se retende, opération à renouveler toutes les heures, « comme si on n'avait que ça à faire ». Je le reverrai toujours bondissant d'une cuve à l'autre tout en entamant la discussion avec nous. Finalement, il trouve quand même le temps de nous promener dans la cave, joyeux foutoir débordant d'activité, et nous goûtons à même la cuve la récolte tout juste vendangée. Du vin bourru, trouble, extrêmement sucré cette année ! Des blancs à la robe légèrement purulente (désolé pour les âmes sensibles, je n'ai pas trouvé d'autre image évocatrice !), des rouges à la robe fuchsia, crachés à même la cave, dans le caniveau. Cela change de la distinction des caveaux de dégustation du Médoc, mais ça a le mérite d'être vivant et spontané. Petit aperçu de la grande qualité des vins au travers d'un pinot noir 2002 en fût, à la robe rubis brillante, « propre », d'une concentration étonnante. Je ne m'attendais pas à trouver un vin de ce calibre en appellation Fiefs Vendéens !

    Déjà 12h30, il est l'heure pour moi de regagner le Jura, non sans emporter un peu de cette terre et de cette mer de Vendée, un échantillonnage de la production de Thierry Michon pour y goûter dans de bonnes conditions, à tête reposée, et un échantillonnage de crustacés en provenance du marché de Saint-Jean-de-Monts. L'avantage du vin sur les coquillages, c'est qu'on peut le garder plus longtemps (et c'est même conseillé !).

    Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas, Le Haut des Clous 2001

    Une sélection sur le haut de la parcelle Les Clous, pour produire le blanc haut de gamme du domaine à base de chenin (prononcer « ch'nin »).

    Belle robe jaune pâle brillante.
    Un vrai festival d'arômes que ce nez sur la poire, le tilleul, la cire, les herbes coupées, le miel, et de petites notes iodées salines. Serait-ce le double effet Kiss-cool ? Me suis-je à nouveau téléporté sur la plage de Saint-Jean ?
    La bouche est bien équilibrée, vive, fraîche, mais complexe et grasse en même temps. Très beau vin.

    Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas, Reflets 2000

    Assemblage pinot noir et cot.
    La robe est rubis foncé. Le nez est sur le poivron bien mûr mais laisse une toute petite impression végétale. Bien charpenté, il est séducteur mais demande un peu de temps dans le verre pour s'ouvrir et se révéler à son meilleur jour. On peut l'attendre quelques années.

    Ah! la Vendée!

    Olif

  • Divine douceur angevine

     
    Date: le 14/09/2003 à 18:59

    Comment ne pas succomber aux charmes angevins lorsque l'on a pour guide PhR, véritable prophète en ce vignoble, et qui, en l'espace d'une bien trop courte journée, vous fait découvrir la quintessence de deux appellations?

    Château de Suronde

    Comment ne pas tomber amoureux des Quarts de Chaume, lorsque l'on fait la rencontre d'un homme intransigeant, passionné et passionnant, en quête de l'excellence dans le respect de la vigne et de l'environnement ? Francis Poirel est de cette race-là ! En un petit tour de terrain et quelques mots, il arrive à vous faire entrevoir le pourquoi et le comment de l'appellation elle-même et l'approche qu'il en a personnellement : son origine historique, la qualité du sol et du sous-sol, l'environnement, qui favorise la genèse d'un microclimat spécifique, le respect de la vigne et de la nature. Un réel bonheur que de goûter à même la vigne quelques grains de chenin botrytisés, puis la confirmation gustative de la grandeur de ses vins. Ah ! le Quarts de Chaumes 2001, d'une exceptionnelle densité (pas encore mis en bouteilles !), à la robe déjà très dorée exhalant des parfums intenses. Un vin immense, qui ne devrait faire que grandir, si on le compare à ce sublime 96 débouché juste après. Pour l'anecdote, nous avons déjà goûté le sauvignon 2003, fraîchement vendangé. Un vin bourru de première bourre!

    La Coulée de Serrant

    Comment ne pas s'extasier devant la beauté du vignoble de Savennières, sur l'autre rive de la Loire, qui a tout pour faire partie des plus grands : le terroir, le cadre, l'histoire et des locomotives de très grande réputation, comme cette fameuse Coulée de Serrant que nous ne manquons pas de visiter? Le cadre est magnifique, la promenade autour du château et dans les vignes en libre-service, ensuite passage à la caisse, dans un petit caveau fait de bric et de broc, non sans avoir goûté le Savennières et la Coulée 2001, pas encore complètement oxydée . La caissière est charmante et fort sympathique mais visiblement employée comme femme à tout faire de la propriété. Nous entendrons juste la voix de Nicolas Joly lui réclamer à boire pour les vendangeurs. Le moment était peut-être mal choisi, mais quel dommage de ne pouvoir visiter ce domaine plus en profondeur et rencontrer ceux qui font ce grand vin!

    Dernier petit tour dans le vignoble, pour voir la nouvelle parcelle qu'Eric Morgat devrait bientôt planter, et rencontre avec le vigneron du château d'Epiré qui a lui aussi commencé les vendanges. Ce PhR ! Connu comme le loup blanc à Savennières ! Nous discutons un court instant avant de regagner la Roche/Yon par le chemin des écoliers, en passant par Ancenis et la cave Bournigaut, où, en cherchant bien derrière les fruits et légumes, vous pourrez trouver quelques uns des plus beaux flacons au monde, soigneusement rangés par millésime et classement ( d'abord les premiers GCC, puis les 2èmes, etc.). Plus fort que Leclerc ou Auchan !

    Ah! la Loire! Sa douceur de vivre et ses innombrables trésors. Une région à  découvrir impérativement!

    Olif

  • Le Jura côté Jardins!

    Date: le 22/08/2003 à 15:34

    Petite virée en Arbois, hier, en compagnie du Seb, direction Les Jardins de Saint-Vincent pour une rencontre avec Stéphane « Saint-Vernier » Planche et une dégustation de quelques jolis flacons de Jura dont certains aiguisaient ma curiosité depuis quelque temps.

    Stéphane est un vrai passionné, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, volubile et intarissable lorsqu'il s'agit de vins, et, tout en commençant à s'humecter les papilles, nous brassons une multitude de sujets dans l'air du temps, notamment la conception et la notion de terroir, sujet sur lequel je ne reviendrai pas ici, de peur de m'étendre ! grinning smiley

    - Arbois Poulsard 2000, J. Puffeney : pour une mise en bouche, on aurait pu tomber plus mal! Ce joli vin de poulsard, à la belle robe tirant sur la brique, est confituré et épicé à souhait, doté en plus d'une belle fraîcheur. Un vrai beau poulsard, frais et gouleyant!

    - Arbois Trousseau 2000, cuvée des Géologues, L. Aviet : la robe un peu plus soutenue que le précédent, le nez est très expressif, fruité et légèrement caramélisé, avec une pointe de réglisse. La structure acide est un peu trop marquée à mon goût, rendant le vin un peu maigre en milieu de bouche, mais, à sa décharge, la bouteille était ouverte depuis plusieurs jours et a pu pâtir d'une aération trop prolongée. Un vin néanmoins frais et pas désagréable.

    - Arbois 88, C. Loye, cuvée du Luron : assemblage 50% trousseau, 50% poulsard.La robe est très brillante, éclatante, d'un rouge rubis peu soutenu, que d'aucuns pourraient trouver diluée, ce qui n'est évidemment pas le cas. Le fruité est magnifique (petits fruits rouges), la structure très élégante. Une grande fraîcheur et un équilibre tout en finesse. Un vin surprenant, d'une jeunesse phénoménale.

    - L'Etoile VV 99, Ph. Vandelle : un chardonnay élevé sous voile mis en bouteilles à 2 ans. Une puissance et une longueur remarquables, dans un registre oxydatif (noix, surtout) avec une belle acidité qui contribue à garder de la fraîcheur malgré un côté gras et miellé qui commence à apparaître. Un vin qui s'impose immédiatement par ses arômes, qui vous sautent à la figure, avec un côté un peu agressif, une véritable "claque" ou un "coup de poing" , c'est comme on veut, mais qui se dompte progressivement.

    - Arbois La Fauquette 99, M. Gahier : chardonnay oxydatif également, parce que le terroir permet naturellement l'évolution sous voile et qu'il ne sert à rien de lutter contre, le vin s'oxydera quand même! La noix saute moins au nez que le précédent et le vin possède un soupçon de finesse, de race et de classe supplémentaires. Il se livre progressivement, pendant longtemps, et la finale est immense, avec un retour de la noix dans les caudalies. Beaucoup d'opulence dans ce vin que je verrais bien vieillir un peu comme les vins de Camille Loye. Très beau!

    - Arbois Vin Jaune 95, M. Gahier : le deuxième millésime de jaune seulement pour Michel Gahier, insuffisamment satisfait de sa production antérieure. Le nez est immense, intense et complexe, se révélant petit à petit: noix, épices, amande, miel, curry... L'attaque est franche sur une base acide, avec du gras qui se développe et s'amplifie jusque dans la finale, interminable. Un vin qui imprègne et que l'on transpire par tous les pores de sa peau! Grandiose!

    Olif

  • La cave du vieux moulin, Romain Papilloud, Vétroz

    Date: le 10/08/2003 à 20:46

    Il n'aura pas fallu deux mois pour concrétiser une invitation de Romain Papilloud à découvrir ses vins à la Cave du Vieux Moulin à Vétroz, suite à une première rencontre furtive à l'oenothèque de Leytron.

    C'est ce qui s'appelle de l'efficacité et du dynamisme, à l'image de ce sympathique vigneron-éleveur (et pas meunier, le Vieux Moulin ne produisant peut-être même plus de farine!), sis à Vétroz, patrie de l'amigne, que Romain réussit merveilleusement, ayant complètement craqué récemment pour cette bouteille qu'il m'a offerte il y a 2 mois.

    C'est dans la fraîcheur toute relative de son caveau, par cette après-midi caniculaire d'août,
    que nous nous sommes retrouvés pour la dégustation, en présence de la quasi-totalité du staff de LPV.
    Chaude journée en Valais, comme un peu partout en Europe. Même sur la plage de Saint-Jean de Monts, il paraît que l'on se brûle les pieds, c'est dire !

    Romain est visiblement aussi heureux de nous faire déguster sa production que nous de la découvrir.
    Sans plus tarder, nous attaquons par les blancs 2002.

    - Fendant Amandoleyre 2002 : un très beau fendant, fruité, vif, frais et minéral. La seule cuvée de chasselas produite au domaine, Romain semblant plus visiblement attiré par les cépages à personnalité plus marquée. Très jolie réussite néanmoins, qui nous vaut la première grimace de Claudius !

    - Petite arvine 2002 : une petite arvine sèche, qui possède beaucoup de mordant en attaque, puis qui développe une jolie palette aromatique caractéristique, avec un chouïa d'amertume en finale qui devrait s'estomper. Très jeune, à attendre un peu.

    - Amigne grand cru 2002 : une petite splendeur d'amigne , vinifiée « avec un petit sucre » pour répondre à la demande du consommateur moyen d'amigne, qui la préfère légèrement douce, et de la femme de Romain, également de l'avis des consommateurs d'amigne !

    - Amigne grand cru 2002 barrique : échantillon tiré du fût. Bien marquée par le bois, ce qui semble normal à ce stade, un vin qui compense la moindre fraîcheur par rapport au précédent par un supplément d'âme et de profondeur. Destinée à rester encore quelques mois en fût, je suis prêt à parier sur le grand avenir de cette bouteille.

    - Amigne grand cru 93 : l'amigne, ça peut vieillir, le saviez-vous ? Et bien Romain nous le démontre. En partie avec cette cuvée qui possède des notes oxydatives au nez qui perturbent un peu la dégustation. La structure est néanmoins impeccable, ample, riche, sans le moindre signe de fatigue.

    - Amigne grand cru 94 : la confirmation de ce que nous venons d'entrevoir. Point de nuances oxydatives mais un nez légèrement acidulé, très frais, une bouche longue et complexe avec des notes légèrement mentholées en finale qui contribuent à entretenir le fraîcheur. Grand vin et véritable révélation par rapport au potentiel de ce cépage.

    - Gamay VV 2002 : un gamay à la robe très sombre et un vin très concentré avec une légère réduction au nez. Riche et charnu, c'est une expression du gamay assez étonnante mais maintenant recherchée dans le Valais.

    - Pinot noir 2001 : assez typique de la production valaisanne avec ses notes lactées (caramel au lait pour moi), il est fondu, accessible et long. Un vin plaisir.

    - Pinot noir 2002 : plus coloré et fruité que le précédent, il possède aussi un côté plus fougueux témoignant de sa mise récente. A laisser reposer un peu.

    - Pinot noir 2002 barrique : un boisé un peu marqué avec une trace d'amertume le rend moins accessible que les deux précédents (échantillon tiré du fût).

    - Vétroz grand cru 2001 : sous cette appellation village se cache en fait une Dôle composée de 70% de pinot noir, 15% de gamay et 15%de diolinoir .La mode des cuvées de gamay VV a en fait dépossédé la Dôle d'une partie de ses constituants, contribuant à la dévaloriser profondément, à l'instar des Passetoutgrains Bourguignons. Ce qui explique la décision de Romain de ne pas mentionner le nom de Dôle sur l'étiquette de ce Vétroz grand cru. C'en est pourtant une très jolie, fruitée, ample, charnue, colorée et gouleyante. Je craque pour ce vin séducteur qui arrache pourtant une deuxième grimace à Claudius, limite éclat de rire!

    - Cornalin 2002 : un cépage indigène valaisan que je brûle de mieux connaître. Mes expériences passées n'ont pas été très concluantes mais là , c'est superbe de fruit et de concentration. Un peu de mâche en finale, témoignant de sa jeunesse, mais une texture déjà très soyeuse. Très beau !

    - Syrah 2002 barrique : très colorée et concentrée, une jolie syrah dans laquelle on retrouve des notes de lard fumé et d'épices. L'élevage est déjà bien intégré à ce stade.

    - Cornalin 95 : là , Romain nous gâte ! Non disponible à la vente, évidemment, c'est un bonheur que de goûter à un «vieux» cornalin, pourtant encore très juvénile. Une somptueuse liqueur de cassis emplit le nez et la bouche et s'installe pour longtemps. La concrétisation de la grandeur de ce cépage, en démontrant son aptitude à la garde.

    - Syrah 95 barrique : très poivré au nez, un vin aux tanins encore serrés avec un gros volume en bouche. Au niveau des belles syrahs du Rhône, Averroes, sans aucun doute ! Je ne crois pas que Claudius grimace encore !

    - Ermitage 2001 flétri : encore jeune et au boisé un peu marqué, le nez est sur les agrumes et quelque chose de mal définissable. Frais et long, il est doté d'une « mâche blanche » en finale, différemment interprétée par les dégustateurs. Beau vin mais à attendre.

    Que voilà donc une belle dégustation témoignant de la grande qualité des vins produits par Romain Papilloud et un très bon moment passé en sa compagnie. En ce qui me concerne, coups de coeur pour l'amigne, le cornalin, la Dôle et l'Arvine, des cépages bien valaisans, quoi!

    Ah ! le Valais !

    Olif

  • Le Languedoc, de Grès en Terrasses...

    Date: le 31/07/2003 à 18:11

    Petite escapade en direction du Languedoc géographique pour le GJP en cette fin de juillet caniculaire sur le Haut Doubs. Il n'y a qu'à fermer les yeux et on s'y croirait ! Les cigales chantent dans mon jardin même si ce ne sont que des grillons !

    Le Languedoc, cette nouvelle Terre Promise en matière de vins, de moins en moins inconnue et qui possède de nombreux ambassadeurs sur LPV, nous apporte son lot de découvertes chaque jour ou presque.

    Il m'a semblé judicieux en préambule de faire le point sur l'existant pour essayer de mieux comprendre les vins et les terroirs. Je me permettrai donc, en guise d'introduction, un petit rappel sur le découpage de la région. Pour ceux que cela intéresse, vous pourrez trouver plus d'informations sur 2 sites Internet très bien documentés : [www.coteaux-languedoc.com] et [www.languedoc-wines.com] .

    Le regain qualitatif de la région est passé par une remise en question complète au début des années 80 qui a vu émerger un certain nombre d'appellations contrôlées cherchant à exprimer le potentiel de leurs terroirs et à sortir des rangs de la productivité à tout et n'importe quel prix.

    Dans un premier temps, l'introduction de cépages dits améliorateurs a permis d'augmenter la qualité et de définir des climats privilégiés. Dans un deuxième temps, la redécouverte des cépages de base (carignan, cinsault) avec meilleure conduite de la vigne permet au vignoble de mieux affirmer son identité sudiste.

    Si Faugères et Saint-Chinian furent parmi les premières à accéder à l'AOC en 1982 (en exceptant le précurseur Fitou consacré en 1948), elles furent suivies en 1985 par les Coteaux du Languedoc. Depuis cette date, le remaniement est constant, aboutissant à une meilleure définition des terroirs, en prenant en compte des éléments aussi variés que l'influence des vents, la pluviométrie, la distinction entre zones littorales, garrigues ou piémonts. Tous ces éléments ont permis de dégager actuellement 7 zones géographiques et climatiques qui se répartissent sur 3 niveaux d'appellation :

    1er niveau: Appellation régionale Coteaux du Languedoc.
    2ème niveau : Secteur ou Appellation sous-régionale, à  partir de zones climatiques .
    3ème niveau : Appellation communale, à  partir de critères géologiques. 

    Les 7 zones délimitées actuellement se répartissent en :
    - Clape et Quatourze
    - Pic Saint Loup
    - Grès de Montpellier
    - Pézenas et Cabrières
    - Terrasses du Larzac
    - Terres de Sommières 
    - Terrasses de Béziers 

    A ces 7 zones, il convient d'ajouter 2 zones d'appellation « Cépage », l'AOC Picpoul de Pinet qui correspond à une zone géographique particulière, et l'AOC Clairette du Languedoc sur une partie de la zone climatique de Pézenas et des Terrasses du Larzac.

    Notre dégustation portait sur le Languedoc géographique, mais il s'est avéré que les bouteilles sélectionnées représentaient plutôt bien les différentes zones climatiques de l'appellation Coteaux du Languedoc, avec 3 intrus cependant, un vin des Corbières, un vin de la vallée de l'Aude et un vin de pays de l'Hérault situé dans la zone des Terrasses du Larzac mais avec un encépagement illicite pour prétendre à l'AOC.

    Les vins ont été carafés 8 heures avant la dégustation, qui s'est déroulée à  l'aveugle, et servis deux à  deux.

    - Vin n°1 : robe sombre. Nez de fruit mûr, voire blet, un peu réduit. Tanins serrés, un peu verts, finale soyeuse et légèrement réglissée. Les notes de réduction du nez ne font que s'amplifier et évoluent vers le ventre de lièvre, ce qui rend le vin un peu déplaisant en attaque et divise les dégustateurs. Malgré l'amélioration en finale, je suis moyennement convaincu !
    Domaine Alquier 2000, la maison jaune, Faugères.

    - Vin n°2 : robe également sombre, ce sera une constante au cours de la soirée ! Le nez est fruité mais j'y décèle une petite touche végétale (rafle ?) et des notes poussiéreuses. Globalement bien construit, il manque un peu de puissance et de volume, sans qu'on puisse parler de véritable creux. Bonne longueur, le fruité s'exprime beaucoup mieux en milieu de bouche avec des notes de fraise et de petits fruits rouges, l'alcool ressort un peu en finale. Très jeune, il devrait se bonifier et s'équilibrer avec le temps. Là encore, les dégustateurs sont partagés ; ceux qui ont aimé le vin n°1 apprécient moins celui-là et vice-versa !
    La Grange des Pères 2000, vin de pays de l'Hérault, Aniane .

    - Vin n°3 : la robe est noire, totalement opaque. Le nez s'ouvre au départ sur de curieuses notes chlorées ( ? !) qui s'estompent rapidement pour laisser la place à de la liqueur de fruits noirs et de la cerise à l'eau de vie. La bouche est énorme, un peu massive, c'est une véritable marée noire qui envahit la bouche avec ce réglisse et ce goudron qui tapissent le palais. Grosse matière ! C'est un véritable monstre que j'adore et crois reconnaître. Un vin qui désarçonne un peu les novices en Languedoc.
    Copa Santa 2000, Coteaux du Languedoc, terroir La Méjanelle(Grès de Montpellier) .

    - Vin n°4 : la robe est sombre mais avec des reflets plus clairs sur les bords. Sur les fruits rouges (fraise, groseille), c'est un vin qui possède beaucoup d'élégance et de finesse par rapport au précédent. Souple mais bien équilibré et fondu, c'est une bouteille très plaisante à boire et qui termine sur une touche légèrement réglissée. Son grand mérite est de succéder superbement à la Copa Santa dans un style radicalement opposé.
    Baron'Arques 1999, vin de Pays de la Haute vallée de l'Aude.

    - Vin n°5 : la robe montre de légers signes d'évolution mais elle est encore dotée d'une belle profondeur. Nez légèrement cacaoté avec des notes de venaison. Les tanins sont fondus, la bouche est élégante avec une grande longueur et une rémanence de notes épicées en finale. C'est un très beau vin à son apogée qui séduit l'ensemble des dégustateurs.
    Domaine Peyre Rose, Syrah Léone 93, Coteaux du Languedoc, Saint-Pargoire (Grès de Montpellier) .

    - Vin n°6 : robe sombre. Nez fruité, épicé, avec de légères notes de cacao. Attaque souple et fondue, longueur correcte mais je lui reprocherais un léger manque de profondeur. Beau vin néanmoins.
    Mas Bruguière La Grenadière 99, Pic Saint Loup .

    - Vin n°7 : la robe montre de légères traces d'évolution. Le nez s'ouvre sur de la griotte, du moka, des épices, du cacao. Le vin est d'une richesse incroyable, l'équilibre est somptueux. Long, d'une grande élégance, tout est magistralement intégré. C'est un grand vin dans sa phase de plénitude que tout le monde a plébiscité comme le plus grand de la soirée.
    Prieuré Saint-Jean de Bébian 93, Coteaux du Languedoc (Pézenas) .

    - Vin n°8 : robe sombre. Nez torréfié et boisé. Le nez révèle un fruité exubérant avec des notes florales prononcées (pivoine ? violette ?). Beaucoup d'amplitude mais tranche un peu par rapport aux vins précédents. Mérite d'être attendu mais tout le monde l'a trouvé si différent que l'on penchait pour la présence de cabernet sauvignon.
    Perdu, puisqu'il s'agit du domaine de l'Aiguelière, Côte rousse 2000, Montpeyroux (Terrasses du Larzac) .

    - Vin n°9 : robe sombre. Nez fruité avec une touche florale anisée très originale. Long, développant un beau volume, c'est un vin solaire qui pâtit de passer derrière les gros calibres précédents, alors que les papilles commencent à saturer. Un vin intéressant à regoûter pour lui-même dans un autre contexte.
    Mas de la Barben, Les Sabines 2000, Coteaux du Languedoc (Terres de Sommières) .

    - Vin n°10 : robe sombre. Le nez, légèrement viandé, fruité et épicé, laisse percevoir un peu l'alcool. Donne une impression de maigreur derrière les autres vins même si je pense que cette impression est faussée. Il n'a pas plu à la majorité des dégustateurs mais il faut impérativement le revoir car j'en avais fait un de mes coups de coeur récemment.
    Château La Voulte Gasparet, Corbières, cuvée Romain Pauc 2000 .

    Pour clore la soirée dans l'exotisme, un Clos des Corbassières, grain noble coeur de clos 2000 du domaine Cornulus , est venu nous apporter une petite touche de douceur dans le monde viril des vins du Languedoc.

    Cette dégustation appelle quelques commentaires. Tout d'abord, cette soirée a vu la consécration de Bébian 93 là  où nous attendions Syrah Léone 93. L'écart est faible mais Bébian a révélé un poil de complexité supplémentaire. Concernant les vins plus jeunes (les deux 93 pouvant être considérés hors concours), la révélation serait la cuvée Baron'Arques qui a surpris tout le monde car nous ne l'attendions pas si bien. Fruit de l'alliance des barons de Rotschild et des Sieurs d'Arques, cette cuvée résulte d'un assemblage de différents cépages (non précisés) des 4 clochers. Plutôt onéreuse, elle est néanmoins de très belle facture. La déception, c'est Romain Pauc 2000 mais l'ordre de passage lui a été défavorable. Le plus atypique, c'est la Côte Rousse 2000 de L'Aiguelière. Pas forcément le style que je préfère. La découverte, c'est le Mas de la Barben, une propriété intéressante située aux portes de Nîmes. La consécration, c'est (pour moi) la Copa Santa 2000, un véritable rouleau compresseur, dans un style que j'affectionne particulièrement. Accueil plutôt mitigé pour Grange des Pères et La Grenadière mais ce sont tous deux de très beaux vins, à attendre encore un peu. J'ai terminé les deux fonds de bouteille ce midi et c'est franchement très bon, l'un comme l'autre. La Maison jaune n'a pas convaincu non plus, trop marqué par la réduction à  mon goût.
    Globalement, aucun vin n'était mauvais et ce fut une vraie belle dégustation, d'un très haut niveau. Et nous n'avons pas épuisé toutes les cartouches languedociennes!

    Probablement à  suivre..., un de ces jours!

    Olif
                   

  • Simplement chocolat, tout simplement...

    Date: le 14/07/2003 à 19:15

    La veille de mon départ en vacances, invitation de quelques amis du Bon Echanson à une dégustation thématique « Vins et chocolat » organisée par le chocolatier Poix-Daude, dont l'enseigne « Simplement chocolat » a pignon sur la grande rue de Pontarlier. Cet artisan passionné milite pour une plus grande reconnaissance de la spécificité de la profession, qui passe pour lui par un enseignement de qualité dispensé dans les L.E.P. et sanctionné par un diplôme de valeur. Lui-même enseigne au lycée de Pontarlier.

    Souhaitant tester la formule en vue de l'organisation de séances similaires ouvertes au public à l'automne, il a réuni quelques gourmands et gourmets pour vérifier les accords, avec prise en charge de la partie vins par le Bon Echanson. D'où notre présence en tant qu'amateurs de vins.

    Tandis que notre ami caviste brosse un petit portrait des vins dégustés, M. Poix-Daude nous donne un cours sur l'élaboration du chocolat, nous explique les différents grands crus, la fabrication des ganaches, le plus souvent par infusion pour plus de légèreté. Ce n'est pas un partisan du « toujours plus fort en cacao » ! Pas de 100% ici, 60-65% maxi pour un équilibre plus raffiné.

    5 vins à  marier, 5 chocolats issus de sa production du moment qui varie selon les saisons.

    - Pacherenc du Vic Bilh Laffitte-Teston 2000 et praliné noisette-chocolat au lait 35% de cacao : un vin moelleux aux notes fraîches d'abricot, légèrement mentholées et un chocolat assez doux, réhaussé par le craquant des grains de praliné. Pas un véritable accord, mais un respect mutuel. Aucun des deux ne prend le dessus ou ne se fond dans une senteur nouvelle, mais laisse l'autre s'exprimer tel quel, avec beaucoup de plaisir.

    - Rivesaltes 98 Mas Cristine et ganache aux fruits rouges, enrobage 55% de cacao : le Rivesaltes est issu de grenache noir et présente une robe ambrée avec un nez de fruits confits et de pruneau à l'Armagnac. Bien fondu, il n'est pas trop alcooleux. La ganache est élaborée avec une infusion de fruits rouges qui apporte légèreté et arômes de fruits prononcés. Il y a là un véritable accord, une gorgée de vin exacerbant les arômes de framboise du chocolat. Très beau !

    - Maury 2000 Mas Amiel et ganache au thym-citron : la robe du vin est noire, le nez est intense sur la cerise à l'eau de vie, l'alcool bien perçu et intégré dans la grande amplitude du vin. La ganache au thym-citron est très rafraîchissante mais les notes citronnées intenses risquent fort de dominer le vin, ce qui est le cas. Le citron écrase la cerise ! Le Maury s'en sort beaucoup mieux avec une simple coque de chocolat noir qui transcende les notes de griotte.

    - Vin de paille L'étoile 98, domaine de Persanges et Breda : ce très joli vin de paille aux notes confites d'abricot, de coing et de fruits secs fait l'unanimité. Le Breda est une création à l'occasion du bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture, événement célébré en grandes pompes cette année à Pontarlier, le célèbre général haïtien ayant péri au fond d'un cachot du château de Joux, forteresse médiévale qui garde l'entrée de la ville. C'est une ganache noire avec infusion de noix, de muscade et de poivre. Un vrai chocolat des îles, épicé, comme je les aime. Le poivre et la muscade s'effacent devant les fruits confits pour mieux resurgir en finale. Un très bel accord.

    - Madiran 99, château Laffitte-Teston et ganache au thé, puis ganache à  la violette : un vin rouge pour terminer (l'ordre de service a été déterminé par le chocolatier en fonction de ses chocolats). De légères notes de réduction au nez, pomme blette et ventre de lièvre me laissent à penser qu'il vaut mieux ne pas trop l'attendre et ce d'autant qu'il est moyennement corsé. Accord pas simple avec le chocolat ! Et pourtant ! La ganache au thé gomme les défauts du vin, l'arrondit, tandis que la ganache à la violette les exacerbe. Réellement étonnant !

    Voilà , fin d'une petite soirée fort instructive et constructive, qui confirme que l'on peut marier beaucoup de vins avec le chocolat. Le tout est de bien choisir les deux participants.

    Olif

  • Le millésime 97 à Bordeaux, un bon médicament!

    Date: le 13/06/2003 à 10:01

    Petite série de réunions de travail, très informelles, suivie d'une dégustation, à la cave du Bon Echanson, sponsorisées par des laboratoires pharmaceutiques dont je suis obligé de taire de nom pour des raisons déontologiques.

    Je ne peux que mentionner le slogan retenu pour la première de ces soirées: « Avec D...®, si tu bois comme un âne, tu n'auras pas mal au crâne ». Et c'est un fait !

    Je sais, vous ne vous attendez pas à rêver avec cette dégustation de 97 , mais le budget du dit laboratoire n'était pas pharaonique, ce pour être en conformité avec la législation en vigueur, et pourtant, une très grande bouteille, peut-être la plus grande du millésime en question pour Bob, loin d'être en bout de course et diablement charmeuse. Et trois autres très agréables, à maturité mais pas en déclin, souples et fondues.

    Vins servis non à  l'aveugle et par paires pour une assemblée constituée en grande partie de gens intéressés mais novices.

    - Château Cap de Mourlin 97, Saint-Emilion grand cru classé : couleur rubis soutenu, sans trace d'évolution, tanins fondus et harmonieux, sur un beau fruité (cassis) avec de légères notes boisées. Un vin très arrondi en bouche, tout en délicatesse.

    - Virginie de Valandraud 97, Saint-Emilion grand cru: opposé à Cap de Mourlin, les deux vins jouent dans un registre légèrement différent. Souple et fondu également, robe rubis un peu plus claire, on est plutôt sur le havane, la boîte à cigare et le tabac blond. Le fruité est moins perceptible, probable conséquence d'un style qui fait la part belle au bois et à l'élevage. La matière n'est pas énorme, le vin est très féminin, mais son prix joue nettement en sa défaveur (pas loin du double du précédent !).

    - Château Duhart-Milon 97, Pauillac : robe encore sombre, notes fruitées laissant percer une légère minéralité, un peu de poivron pas trop vert en milieu de bouche, suffisamment long pour être une bouteille très agréable. Aucune trace d'évolution pour ce vin dans sa phase de maturité.

    - Château Lafite-Rotschild 97, Pauillac : avec celui-là , on ne joue pas tout à fait dans la même cour ! La robe est sombre, dense. Le nez embaume sur des notes torréfiées, moka, cacao, de toute beauté. La concentration du vin en bouche est étonnante, pas la moindre petite trace de faiblesse, grande longueur et finale très persistante. Un grand vin, qui démontre qu'il est toujours possible de transcender le millésime si l'on veut s'en donner les moyens. Le plus beau 97 bu à ce jour. Un 1er GCC digne de son rang !

    - Château Rayne-Vigneau 88, Sauternes : une petite douceur pour terminer sur une excellente tarte aux abricots. Très beau botrytis avec une légère touche mentholée qui apporte fraîcheur et longueur. Là , c'est vrai que pour le liquoreux, on aurait pu prendre un 97, mais bon, on ne va pas refuser un 88, quand même!

    La science a encore progressé d'un grand pas hier soir ! Et surtout, n'oubliez pas, pour vos soirées bien arrosées, " D...®, si tu bois comme... ".

    C'était un communiqué des laboratoires ...........(censuré!)

    Deuxième volet de cette série de rencontres professionnelles thématiques autour du millésime 97, axées cette fois sur la circulation sanguine.

    " Avec D...®, vis ta vie à flon, tu n'auras pas mal aux molletons"

    Qu'est-ce que je bosse, moi, en ce moment!

    - Château Le Crock 97 : un peu vert au nez, c'est un vin souple, maigre qui présente un peu d'amertume des tanins. Décharné, il manque d'âme et de profondeur.

    - Château Les Ormes de Pez 97 : très marqué sur le poivron, mais suffisamment mûr pour apparaître souple, fondu et finalement plutôt plaisant, même si assez simple et à terminer, pour ceux qui en ont encore.

    - Château Calon-Ségur 97 : robe grenat, assez claire à la lumière. Nez poivré, poivronné. Les tanins sont bien arrondis, souples et le fruité est charmeur, faisant de cette bouteille un vin tout à fait correct dans sa phase de maturité pour encore une ou deux années, je pense.

    - Château Montrose 97 : la robe est plus soutenue que le précédent. Le nez est encore marqué par de discrètes notes vanillées. En bouche, les tanins sont serrés, à peine austères, mais d'une grande droiture. On note à l'aération l'apparition d'une petite touche d'anis et/ou d'eucalyptus rafraîchissante. Long et concentré, il devrait pouvoir encore s'épanouir avec le temps, mais mieux vaut en profiter maintenant, à mon avis. Pour moi, le meilleur de la soirée, pas au niveau du Lafite, évidemment.

    Cela confirme qu'il y a encore quelques beaux 97 à boire en ce moment mais qu'il serait bon de les écluser définitivement afin de pouvoir passer à autre chose !

    Olif

  • Les aventures d'Olif chez les Valaisans

    Date: le 06/06/2003 à 12:05

    Petite chronique d'une journée découverte du Valais organisée par le spécialiste LPV des vins valaisans, avec visite de trois des plus réputés domaines de cette magnifique région helvétique.


    Chapitre premier: Domaine de La Liaudisaz.

    Jeudi 5 juin, 11 heures.

    Après avoir expédié vite fait une petite matinée de travail, je saute dans ma voiture, direction Sion (non, je ne bégaie pas !). L'après-midi est chargé, très minuté, et je ne voudrais pas être en retard pour ne pas désorganiser le programme concocté par Averroès.

    Le ciel aussi est chargé et le temps très lourd, orageux ; le thermomètre avoisine les 30° en Valais, on se croirait presque dans la vallée du Rhône ! (bbb)

    Plusieurs rencontres au programme ! D'abord, rencontre avec des passionnés.com, toujours un grand moment, avec ses petites angoisses matérielles et existentialistes (« Est-ce que ma cravate est bien nouée ? Mes chaussures bien cirées ? », « J'ai oublié ma casquette LPV, vont-ils me reconnaître ? »,...) et puis rencontre avec plusieurs producteurs, passionnés eux aussi. Passionnés et passionnants !

    Jeudi 5 juin 14 heures bien sonnées.

    Oenothèque de Leytron. Je suis en retard ! Un petit crochet par Savièse pour récupérer des bouteilles au domaine Cornulus en est la raison. Je me suis un peu égaré mais le paysage était magnifique ! Averroès, Benoît et Paski55 n'ont pas l'air de trouver le temps long. Ils m'attendent tout en sirotant un ermitage flétri de Philippe Darioly. J'en goûte une gorgée. Magnifique entrée en matière !
    Nous nous dirigeons ensuite vers les voitures pour gagner Fully et le domaine de la Liaudisaz, lieu des exploits viticoles de Marie-Thérèse Chappaz, la grande dame du Valais.

    Jeudi 5 juin 14 heures encore plus bien sonnées.

    Arrivée à la Liaudisaz. Une maison adossée à la montagne avec des vignes en coteaux sur des pentes vertigineuses. Nous sommes en retard mais Marie-Thérèse l'est plus que nous. Nous sommes accueillis par une charmante hôtesse qui entreprend de nous faire goûter les fendants après nous avoir installés au frais sous la tonnelle. Vue sur la vigne et les montagnes environnantes, spectacle magique qui me donne l'impression d'être en vacances ! Marie-Thérèse arrive sur ses entrefaites, de retour d'une balade à pied dans les vignes. Fatiguée car très matinale ! Elle se lève à 4 heures 30 pour préparer des tisanes pour les vignes car le domaine passe en biodynamie ( Vincent, ne me demande pas les recettes !). Après les salutations d'usage et la transmission d'un amical souvenir de Vendée, elle reprend la dégustation en cours, nous encourage à critiquer ses vins, à l'affût de la moindre remarque qui pourrait l'inciter à se remettre en question et à faire encore mieux la prochaine fois. Une perfectionniste ! Tonique et (bio)dynamique !
    Mais il faut reconnaître qu'il est bien difficile d'y trouver des défauts à  ces vins !
    Consciencieux, je sors mon petit calepin, en distribue quelques feuilles à Averroès, en panne de matériel, et, très appliqué, commence à prendre des notes !

    - Fendant Mon Puîné 2002 : l'entrée de gamme. Simple et frais, sur des notes amyliques, chewing-gum et bonbon anglais.

    - Fendant de Martigny Les Bans 2002 : très minéral, sur le tilleul, droit et pur.

    - Fendant de la Liaudisaz 2002 : plus fruité et aromatique, sur les fleurs blanches, un côté un peu lactique.

    - Fendant Président Troillet 2002 : minéral et fruité, avec un léger perlant, très beau également.

    Belle gamme de fendant, homogène et complémentaire. Paski55 m'impressionne par la précision de ses impressions dès la première gorgée. Il en profite pour donner un petit cours sur le goût de bouchon à notre ami Averroès, et comment le percevoir, au nez comme en bouche.

    - Grain blanc Arvine 2002 : encore un peu fermée au nez, de légères notes d'agrumes finissent par apparaître en bouche avec une petite note saline discrète. Ce vin traverse une phase difficile post mise en bouteille qui semble assez classique pour ce cépage, dixit les spécialistes.

    - Grain d'Or, Ermitage 2001 :nez très fruité, sur les agrumes, avec un boisé encore un peu prononcé. Gras, ample, long, il mérite d'être attendu pour que tout se fonde.

    - Rosé 2002 : c'est un rosé de saignée de tous les cépages rouges du domaine, amené à disparaître lorsque les vignes seront à leur optimum de production. Il s'exprime sur des notes amyliques de poire et de bonbon anglais et sait rester très frais et agréable. Une belle opportunité pour les amateurs de rosé l'été (dont je fais partie).

    - Dôle Ma Puînée 2002 : fruitée, souple et agréable, un vin franc et bon, à siroter à grandes goulées cet été, légèrement rafraîchi (pour les non amateurs de rosé !)

    - Dôle La Liaudisaz 2002 : superbe Dôle au fruité charmeur, un peu plus concentrée que la précédente, très charnue.

    - Pinot noir 2002 : fruits rouges et réglisse, avec un nez un peu réduit. C'est moins craquant que la Dôle à  mon goût !

    - Humagne rouge 2001 : nez végétal (mais pas vert), sur les herbes sèches, le foin coupé, le sous-bois. Très beau vin, avec une originalité folle.

    - Grain noir 2001 (cabernet franc, cabernet sauvignon, merlot) : le poivron ressort nettement mais le vin est fruité et concentré.

    - Grain noble Malvoisie 2000 : très beau nez sur les fruits confits, le cédrat, le pamplemousse. Grande longueur et grande fraîcheur du fait d'une belle base acide.

    - Grain noble Petite Arvine 2000 : un must ! Robe jaune citron très "flashy ", nez un peu acidulé et confit. Bouche satinée avec un énorme volume, grasse, riche et onctueuse. Un grand vin liquoreux valaisan.

    - Grain noble Marsanne Blanche 2000 : encore un monument de puissance et de concentration, un vin peut-être un peu monolithique pour l'instant, mais il est encore jeune et il me ravit énormément.

    Fin d'un premier très grand moment, inoubliable, avec le bonheur d'avoir pu goûter à toute la gamme des vins du domaine et plus particulièrement les raretés que sont les grains nobles et surtout d'avoir fait la connaissance d'une vigneronne hors pair dont la simplicité et la gentillesse ne sont pas les moindres de ses qualités.

    Je ne suis pas encore au bout de mes découvertes!

    Chapitre deuxième: Jérôme Giroud

    Jeudi 5 juin 16 heures bien sonnées.

    Deuxième adresse prévue par Averroès, Jérôme Giroud, ce vigneron perfectionniste dont il nous a déjà  beaucoup parlé.
    Nous arrivons avec à peine 3/4 d'heure de retard, un véritable exploit, et nous trouvons Jérôme affairé à préparer la commande d'Averroès, un tour de force vu la complexité de celle-ci!

    Direction le caveau, situé dans sa propre maison, petite pièce qui évoque avec bonheur un petit chalet suisse tout en bois perdu dans la montagne. L'endroit est chaleureux, décoré des multiples trophées et récompenses glanés depuis des années.
    Jérôme est un vrai paysan vigneron, dans le sens noble du terme, rigoureux, méticuleux, un peu bourru, laconique, mais lorsqu'il débouche une bouteille et qu'il la goûte, son oeil s'allume, pétille, et c'est avec un plaisir non dissimulé qu'il remplit nos verres. Ici encore, nous ferons l'intégrale.
    A partir du 4ème ou 5ème verre, Averroès rendra sa plume et je suis donc le seul à  prendre encore des notes.
    Chroniqueur pour LPV, un vrai sacerdoce!

    - Fendant Trémazières 2002 : un beau fendant minéral, fleur de vigne, ce que je traduis par fruité et floral à  la fois.

    -Chardonnay 2002: pas de barrique, pas de malo, 2 gr de SR. "Il commence à beurrer" d'après J. Giroud et mérite peut-être necore quelques mois de bouteilles avant d'être bu. Frais, fruité et floral, avec un léger gras qui apparaît en bouche. Un peu atypique pour un habitué des chardonnays ouillés jurassiens et bourguignons.

    -Pinot blanc 2002: un côté un peu dur et tendu pour ce vin qui révèle de jolies notes de fleurs blanches.

    -Johannisberg 2002: le cépage qui s'épanouit à Chamoson. Riche, gras, mais frais, j'aime bien ce vin complexe qui doit encore se révéler après une ou deux années de bouteille.

    -Petite Arvine 2002: une petite merveille de petite arvine! Equilibrée, saline, avec une petite touche d'agrumes en finale, encore sur la réserve, c'est un très beau vin qu'il n'est pas la peine de chercher à mettre en cave, il n'y en a plus depuis longtemps!

    -Muscat 2002: une curiosité et une spécialité de plus à mettre sur le compte des Valaisans, un joli vin qui muscate terriblement et que je verrais bien sur des asperges du Valais pour la prochaine saison.

    -Opale 2001: assemblage Petite Arvine- Humagne blanche, passage en barrique. Un blanc riche, gras et onctueux.

    -Humagne blanche 2001: gras et riche, opulent, avec un boisé encore un peu marqué mais qui ne s'impose pas, nourrissant le vin. Une révélation, à attendre quelques années.

    -Dôle 2002: 80% pinot. Fruits rouges et réglisse, frais et gourmand.

    -Gamay 2002: un peu réduit au nez, il révèle néanmoins un beau fruité. Je lui préfère sans problème la Dôle mais j'ai cru comprendre que Jérôme Giroud n'en produirait plus l'année prochaine (uniquement gamay et Pinot, plus d'assemblage).

    -Pinot noir 2002: une belle texture onctueuse et de jolis arômes de fruits du jardin.

    -Humagne rouge 2002: pas de barrique, une hérésie sur l'Humagne d'après Jérôme. Sous-bois et fruits rouges, le caractère variétal du cépage ressort plutôt bien.

    -Syrah 2002: une robe noire, un nez confituré (cerises noires), une grande profondeur, c'est une très jolie syrah qui n'a pourtant pas connu le bois.

    -Gamaret-garanoir 2002: une robe encore plus noire, une texture onctueuse, de beaux tanins soyeux mais une finale un peu plus courte et astringente témoignant de la rusticité des cépages. J'aime beaucoup ce vin pour son authenticité.

    -Onyx 2001: merlot, syrah, gamaret. Une grande concentration , des tanins fins et serrés, très fruité avec un boisé qui se fond, une grande bouteille.

    -Syrah barrique 2001: très concentrée également mais avec une plus grande structure acide, légèrement astringente en finale. Je lui préfère presque son homologue non barriquée, de millésime différent il est vrai.

    -Merlot 2000: petit à petit, ce cépage prend ses marques en Valais et devrait produire de grandes choses. Celui-ci est fondu, charmeur et velouté.

    -Malvoisie flétrie 2001: abricot et gelée de coing, avec une grande longueur et une belle fraîcheur. Une petite gourmandise après ces magnifiques rouges.

    Voilà , tour d'horizon complet et exhaustif de la production de Jérôme Giroud, avec une homogénéité exemplaire de la gamme, sur les blancs mais surtout sur les rouges qui révèlent un très bel équilibre et une grande maîtrise.

    Et encore quelques cartons qui viennent alourdir le coffre du Break d'Averroès!

    Chapitre troisième, Sélection Excelsus

    Jeudi 5 juin 18 heures bien sonnées

    Troisième et dernière étape de notre périple valaisan, la cave Sélection Excelsus où nous sommes en gros progrès puisque nous arrivons tout juste avec 1/2 heure de retard. Jean-Claude Favre nous accueille à bras ouverts et nous conduit jusqu'au caveau de dégustation.

    Les papilles commençant à saturer un peu, surtout celles de Benoît (qui rêve peut-être d'une petite lampée de Single Malt?), nous opérons une petite sélection dans l'Excelsus: quelques blancs quand même, puis quelques rouges avant quelques liquoreux!

    Tout en débouchant les bouteilles, Jean-Claude s'anime avec passion. C'est un vigneron qui sait ce qu'il veut, qui veut bien faire et qui sait comment y arriver. Et qui plus est, reconnait bien volontiers quand il n'y arrive pas! Encore un perfectionniste exigeant!

    Sur les murs du caveau, une carte topographique de Chamoson vue du ciel. D'une esquisse du bras, il nous fait comprendre la diversité des sols, de la climatologie et la raison pour laquelle certains cépages se comportent mieux à certains endroits qu'à d'autres. Elémentaire! On comprend tout de suite pourquoi les vins de certains sont meilleurs parce qu'ils possèdent les vignes au bon endroit!
    Au domaine, la sélection est rigoureuse, élevée ("excelsus" en latin) et la dégustation qui va suivre en sera la preuve.

    -Johannisberg 2002: un vin vif, tendu, minéral et fruité. Chamoson est le terroir de prédilection de ce cépage qui mérite vraiment qu'on s'y intéresse.

    -Pinot Blanc 2002: un peu plus gras, fruité et floral, encore un cépage qui est transcendé ici.

    -Petite Arvine 2002: s'ouvre sur de belles notes fumées, un vin riche et aromatique.

    -Pinot gris 2002: sur celui-là , j'avoue que j'ai oublié de prendre des notes! Bon aussi, je suppose! smiling smiley

    -50/50 2001: assemblage de pinot blanc et pinot gris dans des proportions gardées secrètes et justement pas moitié moitié, passage en barrique. Le boisé est encore présent, donnant des notes amyliques, mais en bouche, le vin est gras et opulent, sur les agrumes et devrait assurément être à l'origine d'une belle bouteille dans quelque temps.

    -Syrah 2002: une belle syrah sur les épices, la violette, déjà  très agréable car un peu souple.

    -Cornalin 2002: un vin concentré et fruité dans lequel je décèle des notes d'amande douce.

    -Chamoson Excelsus 2001: assemblage de syrah, pinot noir, cabernet sauvignon, passage en barrique. Une belle robe grenat pour ce vin plein de fruits et d'épices, déjà fondu et bon à boire.

    -Eranthis 2000: encore un beau liquoreux dont le Valais a le secret. Pinot gris, pinot blanc et johannisberg pour cette cuvée à la jolie liqueur, fraîche et longue.

    -Eranthis 1998: cette année-là , la petite arvine a été incorporée à l'assemblage. La robe est jaune citron et le vin est ample, concentré et il emplit la bouche. Superbe!

    A ce stade de la dégustation, Jean-Claude a pitié de nous: "Vous dégustez depuis quelle heure?" et va nous chercher de quoi saucissonner sur le pouce. Excellente idée!

    Une fois requinqués, il est temps de retourner à l'oenothèque de Leytron reprendre quelques cartons laissés au frais en début d'après-midi. Le coffre du Break d'Averroès demande grâce!

    Epilogue

    Ultime rencontre à l'oenothèque de Leytron chez Xavier "oeno-ch". Une dégustation du millésime 2002 de Romain Papilloud venait de se dérouler. Nous entreprenons une petite discussion avec Romain, encore présent, tout en dégustant un dernier verre (je n'ai pas pris de notes!) et ce dernier nous offre gracieusement une bouteille d'amigne et une de cornalin pour découvrir sa production. En échange d'une carte de visite de lapassionduvin.com! Ils savent vivre, ces vignerons valaisans! Et ils méritent vraiment qu'on leur rende une petite visite!

    La nuit commence à tomber, les nuages menacent de plus en plus, il est temps pour moi de reprendre la route pour le Jura, avec une certitude: je reviendrai en Valais, probablement cette année d'ailleurs!

    Olif