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Dives bouteilles ... - Page 3

  • La charcuterie de Saint-Vincent

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    C'est le genre de petite soirée intimiste qui te sort de la torpeur hivernale d'une petite ville comme Arbois. L'hiver jurassique n'est pas très animé, dans le vignoble, au mois de janvier. À peine peut-on entendre quelques coups de sécateurs, chez les plus courageux, et une poignée de bouchons sauter, chez les plus motivés. Mais quand Monsieur Philippe Jambon fait le voyage depuis son Beaujolais pour présenter sa collection Hiver 2014, fraîchement mise en bouteille, personne ne se fait prier pour pointer le bout de son nez. Surtout que ça faisait un bail qu'il n'y avait pas eu une petite soirée dégustation chez le charcutier de Saint-Vincent. Une sacrée soirée, d'ailleurs, il y avait du vin sur la planche et la trancheuse a plutôt bien fonctionné!

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    Un Philippe Jambon en grande forme, fier et heureux de pouvoir présenter une gamme quasi complète de ses vins, ce qui n'était pas arrivé depuis des lustres, après les années de disette pour cause de grêle répétée. Avec, pour débuter, un retour tonitruant tant attendu par les aficionados: La Tranche! Pas une quelconque Tranche, aussi bonne soit-elle, mais The Tranche! Soigneusement découpée dans les raisins du domaine. On en dégustera deux, bien fines et non filtrées. Les mêmes, à l'aveugle, dont une version décantée minutieusement, pour juger du bénéfice positif (ou pas) de l'apport des lies. Deux vins qui se présentent bien différemment, même si l'on suspecte la même trame. Difficile de trancher, les deux sont bonnes. L'une parait plus évoluée, mais plus fondue, plus nature et plus digeste (le non décanté), tandis que l'autre présente des tanins plus rustiques, mais plus croquants et accrocheurs.

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    Et puis, grand retour aussi que celui de toutes les parcelles du domaine, présentées séparément ou presque: les Baltailles, Disse (assemblage de tous les raisins de 2010 ayant survécu à la grêle), Les Ganivets et la fameuse Roche Noire. Pas tout seul, le pata negra des vins du Beaujolais. Mélangé avec un peu de chardonnay, pour arrondir les angles et équilibrer le vin. Ouaip, il y a eu de la Bruyère sur la Roche noire, sur ce coup-là! Mais personne ne s'en est plaint.

     

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    Et puis, à soirée exceptionnelle, mâchon du même niveau, concocté en partie par Pierre-Ivan Boos, l'alchimiste pontissalien. L'accord le plus étonnant fut réalisé avec du pop-corn au curry et le Jambon Blan........ chard 2010! Pas au bout de nos surprises, encore. Servi à l'aveugle dans un clavelin, le chardonnay 2000 toujours sous voile dans la barrique à droite au fond de la cave en a imposé pour un grand jaune du Jura, tant par la finesse de l'oxydation que par sa présence et sa longueur en bouche. Une bouche qui est restée bée chez la plupart des participants jurassiens, ce qui en disait long aussi sur la prouesse réalisée. Un vin toujours en élevage, non commercialisé, que bien peu de monde aura la chance de goûter, mais il est bon de savoir qu'il existe.

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    Olif

     

    P.S.: les vins de Philippe Jambon sont disponibles chez les meilleurs charcutiers de la planète. Et chez les cavistes, aussi, parfois.

  • Quand le Jura voit rouge...

     

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    Le Jura, pays du jaune, nul ne saurait le contester, si ce n'est Marseille. Mais là, difficile de rivaliser, à moins de tenter une piscine au Château Chalon, une expérience extrême qui n'a, à ma connaissance, jamais été tentée, même par le plus aventureux des buveurs de vin jaune. Peut-être faudra-t-il remédier à ça un de ces jours..? Non, Mon Dieu, pitié, ne me tentez pas!

     

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    Le Jura, l'autre pays des grands blancs, ceux qui n'ont plus à rougir de la comparaison avec le prestigieux voisin bourguignon, même qu'il serait peut-être bientôt temps d'arrêter de vouloir comparer deux régions aux terroirs aussi dissemblables. Le chardonnay s'y décline en différents clones, qui apportent diversité, richesse, originalité et caractère, ce que les Bourguignons, eux, ne savent plus faire. Avantage Jura, finalement. Le savagnin, avant de virer jaune, peut aussi s'apprécier en blanc. Notamment dans sa version ouillée, non oxydative, ce qui change un peu des arômes de noix verte et de curry.

     

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    Et vous faites du rouge, dans le Jura? Oui, Madame. Du pur, du vrai, du primitif, de l'indigène, du caractéristique, de l'authentique. Grâce à une jolie collection de cépages qui ne demandent qu'à s'épanouir, en cuve, en fût, voire en amphore. Des vins qui peinent encore parfois à vaincre les préjugés d'amateurs aux certitudes viniques boursouflées aux entournures et engoncées dans une pensée œnologiquement bien pensante qui les conduit à ne point trouver de salut dans leur verre en dehors de vins standards au grand standing, classés avec plus ou moins de bonheur par des moines cisterciens, des exposants universels ou bien je ne sais quel besogneux de la dégustation comparative à l'intention de l'acheteur compulsif du mois de septembre (ne pas hésiter à biffer les mentions inutiles). Le rouge, dans le Jura, tente sa propre percée et ça commence à plutôt bien fonctionner.

     

    Le Trousseau:


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    L'origine de ce cépage rouge plutôt bien troussé est ancestrale. On en retrouve la trace depuis 1731 en Franche-Comté, mais il existait probablement antérieurement, peut-être importé dans le Jura par des immigrants savoyards ou valaisans, sans doute détrousseurs de grand chemin.

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    Le  Troussot figurait en cinquième position sur la liste des bons cépages établie par le parlement de Besançon en 1732. Il était cultivé un peu partout dans la région où il prenait des noms différents, selon l'accent patois en vigueur à cet endroit: Trousseau à Montigny et Arbois, Triffaut à Besançon,  Trusseau ou Trussiau encore ailleurs. Il a été formellement identifié en Galice sous le nom de Merenzao et on le trouverait même jusqu’en Argentine, usurpant la dénomination de Pinot gris du Rio Negro! Les trousseaux sont pluriel, mais le singulier n'est pas exclu.

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    Son nom viendrait du mot ancien « toursel», qui signifie « paquet». Il faut reconnaitre que sa grappe est bien troussée. Un raisin plutôt couillu, donc, dont la variété la plus qualitative est représentée par le "trousseau des dames". La gent féminine en connait un rayon, lorsqu'il s'agit de mettre la main au paquet.

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    Son terroir de prédilection : les marnes rouges du Trias et les éboulis argilo-calcaires de Montigny-les Arsures, capitale officielle du Trousseau. Sur les 80 hectares plantés dans le Jura, on en trouve plus de 52 ha en Arbois, dont la moitié à Montigny, seul vignoble à voir s’accroître la proportion de ce cépage.

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    Quelques cuvées de Trousseau particulièrement recommandables (liste non exhaustive), dans des styles variés: Singulier et Amphore de Stéphane Tissot, Trousseau des Corvées (cuvée du Nain) et Commendatore de L'Octavin, le Clousot et les Grands Vergers de Michel Gahier, Trousseau des Corvées de Pascal Clairet (La Tournelle), Plein Sud de Fanfan Ganevat, Les Bérangères du Puf, le Ginglet de Philippe Bornard, Arbois de Renaud Bruyère, Rouge de colère de Catherine Hannoun,...

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    Le Ploussard ou Poulsard (l'important c'est d'en boire):

     

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    L’un des trois cépages rouges qui donne droit à l’appellation Arbois ou Côtes du Jura. Le plus girly de tous lorsqu'il se porte en tee-shirt ou quand il est étiqueté rosé. Pas vraiment sa vocation, en fait. Parce que c'est un vrai rouge, même s'il est peu coloré. Raisin noir à jus blanc, il débourre très tôt et concurrence le savagnin sur ses terres de prédilection. Pas de chance pour lui! Les marnes bleues et irisées du Lias se laissent difficilement partager. Il occupe néanmoins à lui seul une surface de 300 hectares, soit la moitié de la superficie plantée en rouge dans le Jura.

     

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    Son nom est un véritable sujet de controverse. L'important, finalement, c'est d'en boire. Etymologiquement, le Ploussard tire son nom de la prunelle, dont les grains ont la même couleur, parfois la même forme. Un nom qui se prononce de façon très différente en patois local selon que l’on habite à Salins (pleusse ou plesse), Arbois (plusse) ou Poligny (plousse ou pelosse) ! L'important, ça reste toujours d'en boire.

     

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    Le  Poulsard, quant à lui, dériverait du latin "pulsare", et c'est vrai que, bien vinifié, il pulse drôlement. Cultivé dans le Jura depuis le XIVème siècle (on parlait alors de Polozard!), c'est un vrai cépage d'ici, ça ne fait guère de doute. Même si l’on en retrouve un peu dans le Bugey sous le nom de Mescle. Il fut inscrit dans la liste des bons cépages publiée en 1732 par le Parlement de Besançon et son identité est fortement jurassienne. Manquerait plus que quelqu'un veuille nous le piquer, tiens!

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    C’est pourtant bien le terme de  Poulsard qui sera retenu en première place dans les décrets d’AOC, au grand dam des habitants de Pupillin, proclamée Capitale mondiale du Ploussard. Un crime de lèse-majesté qui alimente les débats et finit par donner soif. L'important, ça reste quand même d'en boire!

     

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    Quelques cuvées de Ploussard (ou Pousard) particulièrement recommandables (liste non exhaustive), dans des styles variés: Overnoy-Houillon, Point Barre et la Chamade de Philippe Bornard, En Billat de Julien Labet, L'enfant terrible de Fanfan Ganevat, Cuvée Marc de Jean-Marc Brignot (5% de Trousseau), En Chôné du domaine Pignier, les Gruyères d'Étienne Thiébaud, Par ici et Par là de Raphaël Monnier-Ratapoil, Jean-Michel Petit (domaine de la Renardière), Dorabella de L'Octavin, L'Uva du domaine de la Tournelle,...

     

    Le Pinot noir:


     

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    Présent dans le Jura depuis la fin du XIVème siècle, sous le nom ambigu de Savagnin noir, il vient tout comme le Chardonnay de la Bourgogne voisine. Surnommé  Maurillon en raison de sa couleur noire, on ne sait s‘il faut l‘appeler Pinot (du latin «pinus», le pin), ou Pineau (du grec « pinein », boire).

     

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    Si le vocable Pineau est très typé Charente, on l'utilisait aussi en Haute-Saône, tandis qu’à Salins, Arbois ou Poligny, on le préférait Petit Noirin, ceci afin de ne pas le confondre avec le Gros Noirin, qui n'avait pourtant rien à voir avec lui! Besançon penchait pour Noirum, mais dans le sud Revermont, on le qualifiait de Savagnin noir pour profiter de l’analogie avec la star des cépages jurassiens.

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    Classé en deuxième position sur la liste des bons cépages en 1732, juste derrière le Poulsard, mais très critiqué du fait de sa maturité précoce, on le considèrait comme « peu recommandable » au XIXème siècle. Certains allaient même jusqu’à préconiser l’arrachage de ce «raisin des mouches», surnom qui avait le mérite d‘être très évocateur! De nos jours, encore, vestige d'un passé qu'il serait temps de renier, il n'est pas rare d'entendre quelques généralisations déplacées. Du style: "Dans le Jura, le Pinot noir, t'oublies!".
    Ce qu’on lui reproche, en fait, c’est de ne pas produire des vins aussi bons qu’en Bourgogne lorsqu’il est vinifié seul! Mon œil! Sous l’égide du Dr Guyot, plusieurs expériences furent faites afin de rivaliser avec le modèle bourguignon, sans grand succès alors. Mais les Jurassiens persévérants ont toujours su en tirer quelque chose, de ce fichu cépage!

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    Il représente actuellement environ 10% du vignoble rouge. Il est fréquemment utilisé en assemblage pour structurer les rouges et augmenter leur aptitude à la garde. Il faut pourtant se faire un devoir de le goûter seul, pour ne surtout pas avoir à l'oublier.

    Quelques cuvées de Pinot noir particulièrement recommandables (liste non exhaustive), dans des styles variés: Arbois 2005 (les raisins de Camille) et En Barberon de Stéphane Tissot, Côtes du Jura d'Alain Labet, Arbois du Puf, la Pépée (assemblage Pinot-Poulsard) de Jean-Baptiste Ménigoz (les Bottes rouges), PP 2005 (assemblage Pinot-Poulsard) de Jean-Marc Brignot, Côtes du Jura du domaine Pignier, Julien et Grusse en Billat de Fanfan Ganevat, Don Giovanni de L'Octavin, ...

     

    L'Enfariné et autres cépages oubliés:

     

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    Recouvert d’une pellicule blanchâtre, d’où son nom, l'Enfariné fut candidat à l’arrachage en 1731. Aussi «désagréable que le nom est déplaisant, son vin léger est acerbe et peu coloré», d'après un certain Chevalier, très acerbe lui aussi, et dont on peut penser qu'il s'est fait rouler dans la farine. Car l'acidité naturelle de l'Enfariné peut faire des merveilles dans des mains expertes. À tel point que certains n'hésitent pas, parfois, à le vinifier seul.

     

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    Ces vieux cépages généralement complantés de tout temps au sein des parcelles sont proscrits dans l'appellation et généralement voués à l'arrachage. C'est compter sans l'opiniâtreté de certains à vouloir les sauver et les préserver à tout prix, tant leur apport est passionnant dans des cuvées qui fleurent bon la simplicité et la rusticité.

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    Quelques cuvées de vieux cépages particulièrement recommandables (liste non exhaustive), dans des styles variés: J'en veux de Fanfan Ganevat, À table avec Léandre du domaine Pignier, Le Ratapoil de Raphaël Monnier-Ratapoil, Vin de Pays de Franche-Comté d'Étienne Thiébaud (domaine des Cavarodes)...
     

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    Olif

  • 14 contours de syrah au creux du Van

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    Couvet, commune Val de Travers. Son hôpital, sa piscine et son ancienne tricoterie Dubied, transformée en chai du domaine de la Clavenière, tronche de Travers du vignoble Neuchâtelois. Depuis la fusion administrative, toutes les communes du Val de Travers, canton de Neuchâtel, s'appellent Val de Travers. Sauf deux, Les Verrières et La Côte aux Fées, qui continuent de voler de leurs propres ailes exécutives. Le 11 juillet 2013, 19 heures, plusieurs berlines arrivent à la Clavenière, en roulant au pas, tous feux éteints. Normal, il fait encore jour. Des individus s'en extirpent lestement et se dirigent, la mine patibulaire, vers le rez-de-chaussée du bâtiment. Normal, ils ont rendez-vous à la cave pour une dégustation à la gloire d'un des plus grands cépages rhodaniens. 14 syrahs du Valais, en 3 shots, sur 3 millésimes différents, avec pour dénominateur commun, un des maîtres à penser de nombre de vignerons et/ou œnologues helvètes.

     

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    Noiraigue, commune Val de Travers. Son Creux du Van et son gaz de schiste dont il serait temps de ne pas vouloir. Noiraigue, c'est l'un des sites jurassiens ayant reçu une autorisation de forage, avec Pontarlier et Les Moussières, côté français. Les Moussières, en plein cœur du Parc Naturel du Haut-Jura. On se demande à quoi ça sert d'être un haut-lieu naturel soit-disant protégé! Du côté de Neuchâtel, la résistance commence à s'organiser. Parce que venir polluer l'Areuse et l'absinthe pour émettre des gaz aussi délétères pour l'environnement qu'un mauvais pet foireux dans une atmosphère confinée, non merci!

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    Le 12 juillet à 10 heures, soit très précisément le lendemain du 11 juillet, plusieurs berlines se garent devant la caserne des pompiers de Noiraigue. Des individus s'en extirpent péniblement, pas tous très frais. Pour bien profiter du plus beau cirque jurassien du monde, où van (la falaise, en celtique) et vent (le vent, en français basique, voire même en romand de Suisse voisine) se mêlent, s'entremêlent et se confondent, il vaut mieux en faire le tour. Ce qui nécessite un moindre effort, que la plupart des automobilistes purs et durs n'auront jamais le bonheur de connaître, eux qui préfèrent la montée motorisée par la route jusqu'à la ferme du Soliat pour se repaître d'une bonne grosse fondue apte à combler leur petit creux, avant de jeter un œil morne et un rot fromager sur le Creux, sans avoir à fondre en grimpant le sentier dans la chaleur torride d'un été jurassien plutôt réussi. Montée dans le sens anti-horaire, via la ferme des Œillons et le sentier des 14 contours, descente par la ferme Robert et le sentier pentu du Single, où l'on ne se sent étrangement pas seul à avoir une âme de primate, tel est le menu habituel du randonneur du Creux du Van, sans se vanter.

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    14, oui, le chiffre est exact, compté, recompté, vérifié, par une foultitude de randonneurs. 14, oui, le chiffre est inexact, puisque compté, recompté, vérifié, par une poignée de dégustateurs. Il y eut finalement 15 syrahs, servies à l'aveugle en 4 flys de 5+5+4+1. 2010, 2005 et 2003. +1. Pièges et/ou pirates non exclus. Vins transvasés dans une bouteille anonyme depuis leur bouteille d'origine. Et c'est parti pour 14 contours de syrah, en quête d'un mythe mais aussi du simple plaisir de déguster, d'échanger, de commenter, de partager, une fois les dernières petites modalités du débriefing mises au point, non sans mal, d'ailleurs.

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    Mise en bouche: la montée est rude, jusqu'à la ferme des Œillons, au départ de Noiraigue. Dans le gourdon, mieux vaut un vin désaltérant et aérien, avec deux ailes. Par exemple, un Chasselas Le Brez 2012 de la Colombe, à la gloire de Raymond Paccot, chantre de la biodynamie et de la sélection parcellaire sur la Côte vaudoise.

     

     

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    1er contour: ça attaque fort, dès le franchissement des Œillons et la montée dans la forêt. Du gros calibre pour une syrah plutôt consensuelle qui ne le fut pas. Boisée, certes, mais d'un bois fin et élégant qui ne m'a pas gêné plus que cela, tant les tanins furent veloutés et frais, avant de se fondre dans une finale très syrah, d'une grande longueur et d'une exquise fraîcheur. Syrah 2010, Cave des Amandiers, Alexandre Délétraz.

     

    2ème contour: sortie du bois. Les framboisiers qui bordent le sentier ne sont pas encore chargés de fruits, cette syrah si. Un petit bonheur de fruits rouges entrelardés, sur des tanins croquants, salivants et rafraichissants. On en redemande, en ayant de surcroît un gros doute sur le géniteur. Bravo! Syrah 2010, Christophe Abbet.

     

    3ème contour: on plonge à nouveau dans la forêt. Les fruits se font discrets. Ce virage-là est plutôt raide et il faut s'accrocher. Acidité, dehors toute! C'est frais, forcément, acidulé, mais la finale se resserre sur les gencives, astringente et asséchante. Du jus, il y en a, sans doute à attendre. Si Joris su, Joris pas venu? Mais si, voyons. En l'état, c'est tout de même un peu duraille pour mon palais. Syrah Chamosite 2010, Didier Joris.

     

    4ème contour: bien accroché dans la pente, il s'agit maintenant de dérouler. Le nez est très beau, sur le caractère végétal de la syrah, bourré de fraîcheur et de notes de tapenande et d'olive noire. Une petite touche de bois ne vient même pas faire de l'ombre. En bouche, la matière en impose. Une belle grosse masse tannique acidulée qui sèche légèrement en finale, mais qui ne demande qu'un peu de temps pour se fondre. Un grand vin, pour plus tard. Syrah Quintessence 2010, Benoit Dorsaz.

     

    5ème contour: une difficulté superposable à la précédente. Ça syrahte plutôt joliment, sur un léger boisé toasté. Les tanins sont encore appuyés, mais s'enrobent déjà délicatement. Il y a la matière, l'acidulé, la fraîcheur. Ne manque juste qu'un peu de temps... Syrah Vieilles Vignes 2010, Simon Maye.

     

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    6ème contour: les lacets commencent à se resserrer, les vins aussi. On avance pourtant dans le temps, franchissant 5 années d'une traite. Une série qui m'apparaîtra un peu difficile, avec des vins au grand potentiel, mais dans une phase peu épanouie. De la violette, il y en a, pourtant, dans cette bouteille-là. C'est plutôt agréable, d'autant plus que la rétro est fruitée. Entre les deux, le vin est un peu compact et dense, comme replié sur lui-même. La finale laisse apparaître une pointe d'alcool. Globalement, c'est plutôt bien, mais pas à point. Didier, Didier! Oui. Syrah L'âme des Pierres 2005, Didier Joris.

     

    7ème contour: nouveau virage un peu sec, pour cette syrah aux étonnantes notes d'agrumes sur fond métallique, avec une touche de vernis à ongles. Les tanins sont un peu sévères, avec une acidité marquée. Il faudra lui donner une deuxième chance. Syrah 2005, Cave Le Bosset.

     

    8ème contour: le nez dans la pente, il faut continuer de grimper. Des notes de cerise, avec un petit côté noyau, pourtant, il ne s'agit pas de grenache. Et peut-être un premier nez réduit sur le caoutchouc brûlé ("il pneute!", pour certain d'entre nous). En bouche, les tanins sont marqués et finissent sur de l'amertume, ce qui induit un effet salivant bienvenu. Il y a du vin dans cette bouteille, mais c'est quand même un peu sévère! Syrah 2005, Denis Mercier.

     

    9ème contour: première sortie de route dans un virage, il fallait bien que ça arrive un jour. Nez sur la pomme blette matinée de liège et/ou de champignon, trahissant un défaut de bouchon. Là aussi, de la matière, mais des tanins durs et asséchants en bouche. De façon visiblement anormale. Pas de chance, il faudra y regoûter pour confirmer le problème ponctuel de bouteille. Grain Syrah 2005, Marie-Thérèse Chappaz.

     

    10ème contour: l'espoir renait au fur et à mesure que le ciel se rapproche. Sortie de la forêt de chêne, les framboisiers sauvages poussent à nouveau tout au long du chemin. Ça sent aussi la groseille, même s'il n'y en a pas. Le bois se fond. Les tanins acidulés sont d'une grande finesse, la finale fait bien saliver, malgré la petite pointe d'alcool bien présente et globalement toujours ressentie dans cette série, millésime oblige? Aucune impression de déjà vu/bu, pourtant... La deuxième chance de la Syrah 2005 de la Cave Le Bosset n'a pas mis longtemps à se concrétiser. Les deux bouteilles n'ont pas été conservées dans la même cave, est-ce la seule explication? Ou alors l'ordre de passage dans la dégustation?

     

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    11ème contour: deuxième sortie de route en plein virage, impardonnable celle-là. Ça sent le TCA à plein nez, impossible d'y tremper les lèvres. Dommage! Syrah 2003, Christophe Abbet.

     

    12ème contour: la délivrance est proche, la perspective de toucher au but motive les troupes, qui retrouvent un deuxième souffle. Le nez est plutôt évolué, mais très joli. Du pruneau un peu cuit, mais une rondeur bienvenue en bouche. Vin plaisir, charnu et agréable, dont il ne faudrait pas se priver. Syrah 2003, Romain Papilloud.

     

    13ème contour: à partir de là, ça déroule. Cette syrah-là ne saurait renier ses origines valaisannes. Beaucoup d'élégance, de la finesse et un petit je-ne-sais-quoi dans la texture qui évoque irrésistiblement le Valais. Un vieillissement harmonieux pour cette très belle Syrah Osami 2003 de Didier Joris.

     

    14ème contour: le final, l'apothéose! Nez complexe et enivrant sur les agrumes, l'écorce d'orange confite et le poivre. En bouche, la texture est fabuleuse. Savoureuse, aussi. Et dotée d'une grande longueur et d'une belle fraîcheur. La trame tannique est parfaitement fondue, d'une grande finesse. Ça sent le Rhône septentrional, largement en aval du Valais. Du négoce haute couture, que cette Côte Rotie 2003 de Tardieu-Laurent. On comprend ceux qui aimeraient s'en inspirer pour leur petit commerce.

     

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    À la sortie du dernier contour, il faut encore et toujours monter. Plus pour longtemps. Juste celui d'un dernier verre de syrah, un bonus ludique, puisqu'il s'agit de retrouver l'un des contours déjà franchi, présenté en magnum et, de ce fait, décliné en deux bouteilles de 75 cl, si mes calculs sont exacts. Il s'agissait de L'âme des Pierres 2005 de Didier Joris, qui présentait ma foi fort bien, derrière le pirate du Rhône français.

     

    La récompense du grimpeur, au sortir des 14 contours, c'est un panorama 4* sur le cirque rocheux, qui mérite bien une petite pause casse-croûte, pour savourer le pain, le jambon et le paysage.

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    La récompense du dégustateur, au sortir des 14 syrahs rhodaniennes, c'est un panorama 4* sur la production valaisanne, qui mérite bien une petite pause casse-croûte, pour savourer le canard, la ratatouille et le vin à table.

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    La cerise sur le gâteau, ce sera ce petit verre d'Ambre 2004, de Christophe Abbet, servi avec une tarte aux pommes maison, qui a pourtant bien failli passer à Travers. Un oubli vite réparé, juste le temps d'un aller/retour à la cuisine familiale.

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    On ne remerciera jamais assez Christophe Landry, Helvète underground, vigneron de Travers et œnologue génétiquement modifié, d'avoir bien voulu nous dessiner les contours de la syrah valaisanne et de sa vision jorissienne sur trois très beaux millésimes.

     

    Et on ne remerciera jamais assez non plus le Creux du Van de nous offrir de si beaux paysages depuis tant d'années...

     

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    Olif

  • Pontarlier-ville ou Belleville?

    "Mais où sont mes racines?..."

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    Traitement "journalistique", à chaud, après un aller/retour express à la Capitale, tout juste de retour de la Bellevilloise, cette ancienne coopérative ouvrière sauvée des promoteurs dans les années 2000 et qui s'est transformée en lieu socio-culturel depuis. Une affluence terrible aujourd'hui, pour accueillir le premier salon des vins Rue89 , co-organisé avec No Wine is innocent, le blog vinique phare de tous les adeptes de la traversée de rue. Heureusement que certains sont venus aux aurores, juste prendre un petit café, parce que le dimanche, quand l'Angélus sonne, faut pas déconner, place au vin sérieux. Au plus fort de l'après-midi, on se serait même plutôt crû à la Belle Isloise, tant les riverains étaient entassés comme des sardines en boîte. Plus de 700 visiteurs d'après les organisateurs, pas mal pour un coup d'essai. Antonin Iommi le Vindicateur a gagné du premier coup ses galons de GO de salon de vin.

     

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    Venu en coup de vent depuis Pontarlier profiter du soleil réapparu à Paris, je n'ai pas trop vu le jour. Juste le temps de découvrir la jolie gamme du domaine Rousselin en compagnie de Laurence la Vigneronne (à contrejour, malheureusement, private joke), de faire connaissance avec Olivier Collin, vigneron discret vivant caché mais dont les cuvées, toutes parcellaires et extra-brut, brillent au firmament de la Champagne, de faire un petit coup BAM!, quand votre verre fait BAM! avec Benoit Tarlant, de regoûter avec plaisir aux jolies roussettes du domaine de Soleyane, dont 2 échantillons un poil atypiques mais délicieuses, compléter mes connaissances de la grande gamme du Petit Domaine languedocien de Julie et Aurélien Petit, avec une majuscule à Petit...

     

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    ... de se régaler une nouvelle fois avec les Chablis d'Alice et Olivier de Moor, de découvrir le rarissime Sauvignon  beaujolais d'Isabelle Perraud, conditionné en bouteille bordelaise de 50 cl, de faire une petite incursion en Loire du côté de Chinon, avec Frédéric Sigonneau, du domaine de l'R, et de savourer les chenins et pineau d'Aunis du domaine de la Grapperie, en compagnie de Renaud Guettier.

    Le casse-croûte, préparé avec amour par tout le team de l'Épure, a permis de tenir le coup jusqu'à la séance de dédicace des Tronches. Un petit coup de Bordeaux, en compagnie des 3 Petiotes et de Gombaude-Guillot (la dernière goutte de Pom'n'roll), et ça repart! Direction la Gare de Lyon, histoire de ne pas manquer le TGV du retour. Et, avec tout ça, je n'ai pas bu de café!

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    Sous les pavés, la vigne continue encore demain. Ce soir, c'est l'after, en compagnie du gratin du cinéma français, à ce qu'il paraît...

     

    Olif

  • Tronches à la crème!

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    Ce fut mon 1/4 d'heure de gloire locale, mon "fifteen minutes of fame" warholien, une séance dégustation-dédicace de tronches à la Crèmerie Petite de Pontarlier, à la maison, avec la participation de la librairie L'Intranquille et celle de Raphaël Monnier-Ratapoil, venu faire déguster quelques-unes de ces cuvées. Membre actif de l'association Le nez dans le vert, lui aussi est un régional de l'étape. Il a passé toute sa jeunesse dans le Haut-Doubs avant de gagner la plaine et finir par faire du vin. Vigneron amateur depuis 2000, et par conséquent ratapoil, comme on appelle ceux qui ne vinifient pas par métier, il a désormais lâché partiellement l'histoire-géographie pour se consacrer à mi-temps à la vigne et gagner ses galons de "vrai" vigneron. Son domaine, il l'a appelé Ratapoil. Une évidence. Les vignes sont en Arbois, mais la cuverie est situé à Arc-et-Senans, dans le 2-5, en zone limitrophe de l'appellation. Quatre vins en dégustation: un superbe chardonnay Va donc 2011, aux notes fines d'amande grillée, d'épices et d'agrumes, un savagnin Indocile 2010, plus dense et puissant, un poulsard 2011 des Corvées qui glisse tout seul Par là (voir figure 1) et la véritable cuvée Ratapoil, à base de vieux cépages hors appellation, une quinzaine au total, dont tous ne sont pas formellement identifiés. Dégustée en format familial, car de ce vin-là, on n'en a jamais assez.

     

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    Il y avait donc également des Tronches, malheureusement en nombre insuffisant pour satisfaire les groupies locales, tout le stock ayant été vendu et dédicacé en moins d'une heure, montre en main. Quel succès! La prochaine fois, on organisera ça directement à la librairie L'Intranquille ... ou à la maison-mère!

     

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    Qui dit crèmerie dit évidemment fromage, mais pas n'importe lequel, du Petite, bien sûr, pour ce qui est du Comté et du Morbier, amoureusement préparé par un team de crémières au top. La première animation de ce genre à la nouvelle adresse du magasin, 1 rue Saint-Anne à Pontarlier, en préfigure certainement d'autres, on l'espère.

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    Ce fut aussi l'occasion pour un certain nombre de Pontissaliens de découvrir la crèmerie et pour un certain nombre de clients habitués de se hasarder au fond du magasin, côté cave-épicerie fine. On y a même aperçu la tronche de Travers d'un Helvète en goguette, venu en voisin faire le plein de Comté.

    Un beau succès, qui n'a pas laissé beaucoup de temps à l'équipe pour souffler et même encore plus pour déguster.

     

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    Olif

     

    P.S.: quand on participe à un évènement aussi phénoménal, ben voilà! On se retrouve dans le journal! Mais pas celui de Claire Chazal quand même...

     

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    ©Est Républicain

     

    P.S.2: Yop là! Le 25 mai, en fait, on remet déjà ça, mais en extérieur. À Strasbourg, au fil du vin libre, en partenariat avec la librairie des Bateliers. Sans Comté, mais avec des flammess (sur réservation) et, surtout, les 4 vignerons alsaciens tronchisés. Une belle dégustation en perspective.

  • Sous le plus beau chapiteau du monde!

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    De l'avis de tous ceux qui y sont allé un jour, c'est le plus beau. Pas le plus petit pour autant, avec la quantité de liquide utilisé pour l'arroser, ce serait misère. Mais celui qui mérite le détour, celui qui n'a même plus besoin d'être aidé.

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    Le week-end du 12-13-14-15 avril, à Hédé, il y aura du clown au déjeuner. On ne se servira pas avec le dos de l'écuyère et le vin coulera à flots. Du vin nature, évidemment. ViniCircus, le 10ème du nom, ne devrait pas faillir à sa réputation de plus grand évènement festif autour du vin nature. Trois jours de folie sous le plus grand chapiteau du plus petit cirque du monde, je vous en fiche mon (Cecil) billet de mille. Du rire, des larmes le long du verre, des coups de gueule, des vins qui en ont (d'la gueule), de la musique, du bon manger, et shouf la chapka, parce que la caravane devrait passer sur les coups de 23 heures le samedi soir et faire passer les excès de table et de boisson. Shouf la chapka! Shouf la chapka!

     

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    Et puis, à ViniCircus, il y aura évidemment de la Tronche et du joli minois. Des vignerons, des auteurs et une éditrice. Marie Rocher proposera son ouvrage entre deux numéros de trapèze ou de jonglage avec des bouteilles pleines ouvertes, tandis qu'une partie des auteurs jouera à l'homme-obus, d'un canon à l'autre. De joyeux moments en perspective, pour s'en prendre plein la tronche.

     

     

     

    Olif

     

    P.S.: le fond de l'air a été un peu trop frais pour le Maître Loyal du plus petit chapiteau du monde, Fred, qui vient tout juste de tirer sa révérence, après un dernier rappel encore tout chaud en librairie. Au train où vont les choses, Philémon est désormais définitivement orphelin.

  • À la rencontre du vin naturel qui n'existe pas

     

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    Mettons tout de suite les choses au point. Le vin naturel n'existe pas officiellement. Même si tout le monde sait très bien ce que c'est et ce qu'il représente. Il n'y a qu'à en tendre un verre à Michel B. et vous entendrez un pouah qui en dit long. Lui aussi l'a déjà rencontré. Comme tous les Grenoblois, d'ailleurs. Mais Michou n'a de cesse de vouloir convaincre l'univers incrédule que les envahisseurs sont là. Tout au plus a-t-on affaire à un recul de civilisation. Mais quelle civilisation, au fait? Sauf le respect naturel que tout amateur de vin lui doit, continuons donc civilement de reculer un peu, tandis que Michou avance, ou, plutôt, fait du surplace, comment veux-tu quand même. Aller de l'avant en faisant marche arrière, une expression très affectionnée dans le Jura du côté de Montigny, c'est avant tout vouloir se débarrasser des maux de l'œnologie moderne, un rouleau compresseur technologique apte à produire un vin standardisé avec n'importe quel raisin de mauvaise qualité, à grands coups d'artifices et de pratiques douteuses se revendiquant d'une grande propreté. Revenir à une approche plus naturelle, moins artificielle, sans arômes surajoutés, voilà qui est encore plus propre, contrairement aux apparences. Une expression plus pure du raisin, cultivé sur un sol donné qui lui correspond. Une adéquation entre un terroir, un vigneron, un cépage, qui donne naissance à un vin susceptible de refléter une certaine vérité qu'il est illusoire de vouloir nier, même si ce n'est pas celle qu'on recherche. Quand certains esprits primaires et chafouins se cantonnent au sens au sens primitif du mot, d'autres se livrent à une analyse sémantique plus fouillée. "Nature/naturel: deux mots à l'usage libre, nécessaire et ambivalent". C'est le titre d'un article de Samuel Cogliati, publié dans le Rouge & le Blanc d'avril 2013 (avec une belle tronche de vin valaisanne en couverture), qui mérite d'être souligné, parce qu'il soulève de vraies questions naturelles et y apporte d'authentiques réponses, on ne peut plus natures. Alors, définitivement oui, battons-nous pour défendre le vocable!

     

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    Le vin naturel est-il une mode? C'était le sujet d'une petite causerie au salon des vins naturel de Grenoble, le week-end dernier. La réponse a été non. Parce que. Les modes qui durent des millénaires, ça commence à ne plus en être. Ce qui n'empêche pas quelques-uns de surfer dessus. C'est de bonne guerre. On a bien causé, on est allé goûter. Et dédicacer, aussi. Parce qu'en Dauphiné, on s'y connait en Tronche, dont certaines bien gratinées.

     

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    Les vignerons ne se sont pas non plus privés de signer de leur empreinte le paragraphe les concernant.

     

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    Puis, d'un revers de veste, Paf la syrah! Par terre, en mille morceaux. Quel dommage! 11,5° de pur bonheur liquide, à boire d'une traite au goulot quand on ne l'éponge pas à la serpillère. Ce n'est pas Jean-François Coutelou qui dira le contraire.

     

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    Difficile de prendre une photo sans Bugey avec un I-Phone. Les vins de la Combe aux rêves n'ont pourtant pas tremblé. Éclatant chardonnay Terre Mère, déroutant Toutankhanon, magistral Éveil du loup, vivifiantes Noct'en bulles, des vins comme dans un rêve.

     

    Et puis, d'autres bouteilles glânées à droite à gauche: Planquette de Didier Michaud, Bouchat de Jérôme Guichard, une Gourmandise 100% cinsault de Julien Peyras, Couffe chien 2011 du domaine du Perron, également dans le Bugey, une jolie syrah du Rhône chez Paul Estève, du domaine des Miquettes, des Vaches bien gardées chez Lilian Bauchet, Béryl rouge de Joël Courtault et puis, en off, le Tracteur mi-gamay, mi-étraire de la dhui et de Thomas Finot, le régional grésivaudanais de l'étape, de passage en after.

     

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    En guise de conclusion, je peux désormais affirmerqu'il est absolument certain que le vin naturel existe. Je l'ai rencontré à Grenoble, où il tient salon depuis maintenant 6 années, fiches d'analyses à l'appui, au milieu d'un art contemporain tout aussi naturel.

     

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    Olif

     

     

    P.S.: C'est à quel âge, la retraite de meilleur dégustateur français du monde? Parce que là, il y aurait urgence!

     

    P.S.2: Tronches de vin sur France Inter, c'était dimanche 24 mars, en direct du Salon du Livre de Paris. On peut réécouter Dominique Hutin en rester SulQ en cliquant ici. Vers la cinquantième minute d'émission.

     

    P.S.3: les Tronches seront à la librairie Nordest, dans le Xème arrondissement, le jeudi 28 mars, en compagnie d'un ou deux vignerons et/ou de leurs vins. Venez donc y faire un tour, les Parisiens.

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    P.S.4: pour enfin profiter du printemps qui n'existe pas cette année, tous à Cabrières au Clos Romain le samedi 30 mars (j'ai bon, Isa? cf dans les commentaires), pour le plus beau des salons printaniers de vignerons bio et naturels.

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  • VDV#53 et vins oranges: Veni, Vini Vivi, Vici!

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    Vendredisduvin

    Marre du rouge, du blanc ou même du rosé? Passe à l'orange! Sans être verbalisé. Grâce à Sand la Blonde, de la Pinardothek, oufti! Elle n'est pas blonde pour de vrai, en fait (enfin, je ne suis pas allé vérifier sous son chapeau), et elle ne trempe pas sa plume dans le sirop de Liège. Les Vendredis du vin lui ont inspiré cette thématique mécanique: orange, ô des poires. Et des scoubidous s'il le faut, pourquoi pas?

     

    Le vin orange, cet inconnu en vogue, n'a rien à voir avec celui que fait ta belle-mère, en faisant macérer une orange non traitée au dessus d'un mélange d'alcool et de sucre. On n'est quand même pas là pour boire du Cointreau, oufti? Quasi indissociable d'une vinification en amphore, comme le pratiquent les Géorgiens, les Slovènes ou les Italiens, il est le résultat d'une macération pelliculaire des raisins blancs. Une pratique qui fut abandonnée par l'œnologiquement correct, mais vite récupérée par le marché des lessives domestiques, dans le but d'obtenir des vins blancs plus blancs que blancs.

    J'en ai déjà goûté un certain nombre, depuis quelque temps, des français, des rhodaniens, des jurassiens, et des italiens, surtout. Des jaunes oranges, même, avec ce savagnin cuvé 1992, élevé 6 ans sous voile par Stéphane Tissot, amoureux de longue date des vins de Radikon. J'aime ce nez souvent envoûtant, riche et puissant, cette dimension tannique sur un blanc et puis cette bouche surprenante, souvent en contraste, très sèche et très vive.

    Des vins oranges, il y en avait un certain nombre à la Dive. Des Géorgiens, des Italiens, des rhodaniens aussi, chez Philippe Viret le pape de l'amphore en France, des alsaciens, chez Stéphane Bannwarth, qui a importé des qvevris géorgiennes pour les enterrer dans le Bas-Rhin et les remplir de gewurtztraminer et de pinot gris... De quoi largement baigner dans l'orange de façon mécanique.

     

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    Et puis, la semaine d'après, sur les bords du lac de Neuchâtel, sous un ciel bleu, devant une eau bleue, sur des terres blanches de neige, des vins oranges, aussi. Veni Vinivivi, vici! 1er salon des vins naturels à être organisé en Suisse. En voilà une bonne nouvelle! De l'avis des vignerons et des exposants venus de France plus ou moins lointaine, une organisation sans faille, propre en ordre, avec ponctualité et tout le bazar. Les Italiens et les Espagnols n'avaient sans doute aucune raison de se plaindre, je ne leur ai pas posé la question. Quant aux Suisses, ils auraient sans doute aimé, pour le fun, qu'un grain de sable vienne troubler le bon ordre établi, mais il n'en a pas été question, comme à l'habitude. Descendu de ma montagne sur un chariot chargé de paille, j'ai bien failli ne pas m'arrêter à l'orange. Mais j'ai vite fait marche arrière, pour ne pas perdre le bénéfice de quelques points sur mon permis de boire.

     

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    Olivier Pittet fait partie de la génération novatrice des vignerons valaisans. Installé depuis 2004, à la tête de 6 hectares, il n'exerce pas encore son métier de vigneron-encaveur à plein temps. Vignoble totalement enherbé, hautes densités de plantation, petits rendements, il se démarque de la majorité de ses confrères de Fully. Passionné par les vieux cépages, il est parvenu à sauver de l'extinction la grosse arvine, en couvant les 4 derniers pieds encore connus dans le vignoble. Parce que, évidemment, si l'on connait très bien la petite arvine, cela veut dire implicitement qu'il en existe une plus grosse! De la grosse arvine, il n'y en a pas la queue d'un grain, dans ce Vin orange, issu d'une macération longue de marsanne et pinot gris. Pas nom plus le moindre petit bout d'une amphore, mais un élevage en fût de mélèze, un contenant largement utilisé il y a longtemps de cela en Valais, avant de tomber bêtement en désuétude, tant il est intéressant, car ne boisant pas les vins. Un vin réellement étonnant, au nez surmaturé sec et puissant, mais à la bouche plutôt stricte. Un finale explosif pour une gamme globale très séduisante, mention particulière aux Racines de Fully, de vieux gamays hautement buvables et recommandables.

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    Et puis, ultime escapade sur la lune, un vin bleu m'attendait quelques tables plus loin. Luna Blu 2010, à ne pas consommer avant 2017, selon Bertrand Habsiger, vigneron à Caspri. Yes you Toscane, mais c'est quand même déjà ultra bon et ultra orange!

     

    Ultra Orange, justement, tiens!

     

     

    Olif

     

    P.S.: Vinivivi fut un immense succès, apparemment. Il faut croire qu'il y avait une demande helvétique pour ce type d'événement. Ce fut l'occasion pour moi de découvrir les vins du domaine de Chèrouche. Le Valais au naturel grâce à Marc Balzan et une totale redécouverte de certains cépages autochtones, vinifiés de façon minimaliste. Un gros coup de cœur, qu'il faudra aller confirmer sur place bientôt, c'est tout le mal que je me souhaite!

     

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    Et puis l'occasion aussi de croiser à nouveau la plus belle barbe souriante de Fully, une belle et vraie tronche de vin, qui sait être sérieuse pour la photo!

     

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  • Les lecteurs boivent...

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    Pendant que les Gourmands lisent, il arrive que les Lecteurs boivent. Tout ça à une seule et unique adresse, au numéro 12 de la rue Bersot de Besançon, dans le Doubs.

     

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    Transformé l'espace d'une soirée en Micro Tasting, il a fallu pousser les murs de la petite boutique des Gourmands lisent, pour accueillir une poignée de vignerons venus de la France entière. Avec, par ordre d'apparition à l'écran et à Besançon:

     

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    Ivo Ferreira, du domaine de L'Escarpolette, avait préféré prendre les devants et arriver la veille, pour être sûr de ne pas être en retard. L'occasion rêvée d'un petit programme alternatif incluant le restaurant L'Alchimie de Pontarlier, Les Claquets d'Arbois et la chocolaterie Hirsinger. Plus de marrons glacés depuis le début du mois, il a fallu se contenter d'un ballotin de chocolats, ce qui n'est déjà pas rien quand on sait qu'ils sont les meilleurs du système solaire. Un air de pélerinage pour cet ancien stagiaire chez Jean-Marc Brignot l'année 2004. Et si nous ne sommes pas allés arpenter les vignes de Curoulet, c'est bien parce qu'une pluie battante a refait son apparition, comme il était malheureusement prévu. Sur sa table, toute une collection d'idéogrammes japonais, représentant des ceps stylisés. Un bel écrin pour de juteux cinsault, carignan ou merlot, à l'expression totalement libérée. Une découverte et un gros coup de cœur pour pas mal de bisontins et de bisontines.

     

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    Alice Bouvot, du domaine de L'Octavin, régional de l'étape, avait laissé Carlito, jeune papa modèle, à la maison. Il fut néanmoins un peu avec nous, grâce au coup de pinceau de Mme Olif, co-responsable de la décoration de la boutique.

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    Trois cuvées à déguster, blanches et rouge, du Jura comme on l'aime, nature et sans fard, des vins qui coulent tout seul dans le gosier. Avec, pour l'after, un Foutre d'Escampette, réjouissant pet'nat tout bon à avaler.

     

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    Gilles Ballorin, le voisin bourguignon, est venu pour "ramicoller" les jurassiens/ssiennes avec la Bourgogne. Dans sa musette, de l'aligoté, du Marsannay et du Fixin comme on n'en boit pas assez souvent, ici comme ailleurs.

     

     

    Egaré du côté de Bourg-en-Bresse, suite à une défaillance simultanée du GPS et du co-pilote qui faisait la sieste, le Pick-up champagnard s'est posé avec une petite heure de retard sur le pavé de la rue Bersot. Et, dommage collatéral, les vignerons champenois ont loupé la séance photo. Grâce, une nouvelle fois à Mme Olif, leur tronche ne manquera pas à l'album-photo.

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    Francis Boulard a apporté dans sa hotte de Père Noël 4 exemplaires différents de ses terroirs boulardiens, des Murgiers aux Rachais, en passant par Mailly. Des bulles d'une infinie délicatesse, où l'on sent de plus en plus la touche féminine de Delphine, du propre aveu de Francis lui-même. Dans la peau de Francis Boulard le temps d'une cigarette, j'ai eu l'immense plaisir de raconter deux ou trois bêtises aux dégustateurs de passage, même qu'ils n'y ont vu que du feu.

     

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    En plus d'avoir fait chauffeur de Francis, Benoit Tarlant est venu présenter deux cuvées Zéro, l'une blanche, l'autre rose. Zéro, peut-être, mais uniquement en ce qui concerne le dosage, car largement mieux notées sur l'échelle de Richter du Champagne, celle qui reflète le degré de secousse des papilles après dégustation. L'admirable Louis nous a rejoint au cours de l'after, à la table du Petit Polonais, situé à peine plus loin, et il s'est joliment marié à une tête de veau sauce gribiche, un jambon chaud aux morilles ou encore un tartare de bœuf au couteau.

     

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    D'autres tronches de vin, dans le genre jurassien bien célèbre, qui passe à la télé ou pas, auraient pu se joindre à nous. Ils ont quand même été un peu là, en ce 14 décembre 2012.

    Au final, les lecteurs auront plus bu que les gourmands n'auront lu. La sortie du futur best-seller Tronches de vin reportée au mois de mars, il n'y eut pas de séance de dédicace. Je me suis alors occupé comme j'ai pu, à la plonge notamment. Et c'est là que je me suis rendu véritablement compte que bistrotier, c'est un métier!

     

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    Crédit photo Francis Boulard

     

    Tous les vins dégustés sont encore disponibles aux Gourmands lisent, rue Bersot à Besançon, jusqu'à épuisement des stocks. Un beau Noël en perspective pour les Bisontins gourmands qui rendront visite à Julie et Jérôme. Et en prévision des fêtes de Pâques, n'oubliez pas, le 15 mars, Tronches de vin...

     

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    Crédit photo Ivo L'escarpolette

     

    Olif

  • REVEVIN 2012: jus de Roche...

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    "- Moi je connais un vin sec, moelleux ou doux, savoureux, c'est le Rooooche aux Moines...

     

    - Amène!


    - Rooche aux Moines!"

     

     

     

    Ne reculant devant aucun sacrifice, l'appellation Savennières Roche aux Moines n'a pas hésité à présenter l'intégralité de sa production à une bande de pseudo-moinillons, même pas tonsurés de près (enfin, pas tous!), lors de ces 9èmes Rencontres Vendéennes au Chai Carlina, pour faire part de l'acte de naissance du nouveau décret encadrant la production des vins du cru.

     

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    Dénomination existant depuis le Moyen-Âge, la Roche aux Moines fut donnée aux moines de l'abbaye Saint-Nicolas, qui furent prompts à planter de la vigne sur ce terroir fameux de schistes et de spilites. Seulement 33 hectares en production, appartenant à 8 vignerons, dont seulement 7 revendiquent le nom, Éric Morgat préférant pour l'instant l'assembler à sa production de Savennières. Traditionnellement présidé par des femmes, initialement épouses de notables angevins qui étaient venus cultiver leur jardin au bord de Loire, le vignoble de la Roche aux Moines a fait son coming out en s'ouvrant davantage aux hommes. Contraint de redéfinir par décret les conditions d'appartenance à l'appellation, pour pouvoir subsister, les vigneron(ne)s de la Roche aux Moines en ont profité pour élaborer une charte encore plus restrictive, dont certains items ne pouvait figurer dans le décret (comme l'interdiction du désherbage ou de la chaptalisation). Pas de discrimination, pour un législateur! Les normes d'élaboration ne peuvent imposer un mode de production par rapport à un autre... Respectons la loi bien sagement, alors, même si rien n'empêche de niveler par le haut.

     

    Pour cette présentation complète de l'appellation, des producteurs et des vins, dans le millésime 2010 (avec un pirate et des bonus), deux ambassadeurs de choix et de charme: Tessa Laroche (aux Moines) et Clément Baraut (che aux Moines aussi). Les vins sont dégustés à l'aveugle dans un ordre totalement aléatoire, que les deux ambassadeurs ne connaissent pas.

     

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    - Clos de la Bergerie 2010, Nicolas Joly: on ouvre la série par un vin particulièrement riche et opulent. Maturité versus oxydation, le débât fera rage, et encore plus après dévoilement de la bouteille. Il y a de la matière, c'est sûr, mais il y a aussi de l'acidité pour la supporter. Un style controversé, mais affirmé, et, personnellement, je trouve cela plutôt bon.

     

    - Domaine des Forges 2010, Branchereau: nez en retrait, peu expressif. La bouche est encore plus fermée, serrée. On sent de la droiture et des épaules, mais ça ne cause guère. La jolie finale salivante laisse pourtant bien augurer du potentiel.

     

    - Domaine Laroche 2010: joli nez très fin, fruits jaunes anisés, beaucoup d'élégance en bouche, avec des notes salines particulièrement agréable. Un petit rat de l'Opéra, si on le compare aux deux éléphants l'ayant précédé. C'est très bon, Tessa Laroche a parfaitement reconnu son vin, et moi, j'ai seulement failli.

     

    - Clément Baraut 2010: nez également très fin, sur les fruits blancs, belle bouche bâtie sur des amers salivants, à peine accentués en finale. Un joli vin à attendre un peu pour un plaisir maximum.

     

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    - Domaine FL 2010: retour au solide, avec ce vin trop boisé à mon goût. Tant au nez qu'en bouche, où la sécheresse finale s'impose. Riche et opulent, très cher, un vin superlatif qui ne fait pas dans la dentelle. Pas du tout mon style.

     

    - Damien Laureau 2010: le nez s'ouvre sur un léger boisé. Bouche riche, un peu alcooleuse, ronde, pas désagréable, mais le bois réapparait un peu en finale. A attendre, certainement.

     

    - Château Pierre Bise 2009: un 9 au milieu des 10. Nez très mûr, marqué par des notes de pomme. La bouche est plutôt jolie, riche mais pas trop, avec une belle acidité porteuse. Étonnamment frais pour un 2009.

     

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    - Domaine Laroche 2007, cuvée de l'Abbesse: un doux à 80 g de sucres résiduels, qui fleure bon le litchi et la mangue, avec une impression de rôti, alors qu'il est uniquement passerillé, sans botrytis. Joli acidulé final.

     

    - Bonnezeau 2010 Carpe Diem, Clément Baraut: ultime bonus sucré, il a un petit caractère oxydatif sur les fruits secs qui rappelle le vin de paille. Il est également issu de passerillage.

     

    Après ce tour d'horizon quasi exhaustif, force est de constater que l'exigence qualitative de l'AOP Roche aux Moines est élevée. La dégustation a mis en évidence un haut niveau global, avec des disparités de style finalement normales et même plutôt attendues, reflétant le travail et la personnalité du vigneron par delà le terroir. Le potentiel de l'appellation est énorme, tout au plus peut-on regretter l'absence de cohérence des tarifs pour une appellation ausi restreinte et une telle volonté de faire cause commune, des prix de vente qui s'échelonnent entre une dizaine d'€ et 53€ (pour la cuvée du domaine FL), alors qu'il n'y a aucun hiatus gustatif entre les différentes cuvées. Un juste milieu cohérent se situerait probablement entre 20 et 30€, qui serait un prix tout à fait honorable pour un vin globalement d'un très bon niveau.

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

     

  • Le nez dans le bleu

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    Retour gagnant pour Le nez dans le vert, mais aussi dans le bleu, pour cette deuxième édition quasi-estivale, qui vient tout juste de se terminer au Château de Gevingey. "Le plus beau des salons de vins, il se trouve dans le Jura", pouvait-on entendre de la bouche de connaisseurs rompus à la pratique de ce genre d'exercice. La concurrence du grand raoût biojolais (Beaujoloise, Biojolaise, Beaujol'Art), généralement très prisé, n'a pas trop pénalisé les Jurassiens, au contraire. Un Jura triomphant, même quand il revendique à juste titre une défaite. Certains l'ont même privilégié, n'hésitant pas à franchir des milliers de kilomètres depuis le grand Ouest, tandis que d'autres ont couplé les deux salons en venant dans le Sud-Revermont le dimanche. La légère baisse d'affluence constatée serait plutôt du fait des particuliers, sans doute attirés par les premiers barbecues estivaux dominicaux de ce printemps 2012. En mars, depuis quelques années, il fait très très bieau dans le Jura, il faut dire.

     

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    Les joyeuses colonies de vacances des vignerons bios jurassiens

     

    Pour en revenir au salon proprement dit, l'alternance Nord-Sud a permis à bon nombre de personnes, visiteurs comme exposants, de découvrir le superbe Château de Gevingey, un centre de colonies de vacances, propriété du comité d'entreprise d'un banquier (le CIC, pour ne pas le nommer), très fonctionnel et adapté à recevoir ce type d'évènements, même si c'est la première fois qu'il est utilisé pour une manifestation publique. Répartis dans deux salles quasiment de plein pied, les vignerons ont pu faire bénéficier les visiteurs de conditions de dégustations exceptionnelles. Beaucoup de bons vins, de beaux vignerons et de belles vigneronnes. Et plein de nouvelles têtes de jeunes vignerons avec des promesses non électorales dans leurs bouteilles.

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    Les deux plus beaux crânes du salon avaient de jolies choses à faire goûter, dans le genre retour aux fondamentaux. Mention particulière à J'en veux 2011, cuvée rouge de vieux cépage signée Fanfan Ganevat, et au Poulsard du D.D. 2011, une vinification de poulsard à l'ancienne, par Stéphane Tissot, un bien bel hommage filial au Dédé paternel. Un vin qu'il faudra privilégier en magnum tellement c'est glou. A table avec Léandre 2010, autre rouge traditionnel à la façon du grand-père Pignier, reproduisant même l'assemblage de l'époque avec tous les vieux cépages soigneusement préservés, sera le gros coup de cœur de ce salon.

     

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    Après ce tour d'horizon des anciens, place aux jeunes, avec une belle dynamique en train de s'installer, mine de rien. Premier coup de cœur pour les vins de Renaud Bruyère, qui développe son propre domaine, en parallèle d'une activité salariée au domaine André et Mireille Tissot et d'accointances avec la famille Houillon. Magnifique trousseau 2011, très beau chardonnay 2011 et époustouflante bouteille PMG sous le comptoir, Les oubliés de Paname, une vendange de chardonnay en surmaturité, des raisins véritablement oubliés par une bande de vendangeurs parisiens un peu brelus (pour ceux qui ne voient pas ce que cela veut dire, c'est du patois franc-comtois).

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    Goûter enfin les vins de Kenjiro Kagami, du Domaine des miroirs. Uniquement des vins en cours d'élevage, forcément, 2011 sera le premier millésime. Kenjiro a été à l'école alsacienne de Bruno Schueller et pris sous une de ses ailes par Fanfan Ganevat, depuis son installation à Grusse. Le résultat est dans la lignée de ses mentors, avec de jolis chardonnays, un savagnin particulièrement percutant et un gouleyant poulsard au velouté soyeux. Des vins du Jura complètement débridés, en fait.

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    Autre sympathique découverte, Alexis Porteret, du domaine des Bodines. Premier millésime en 2010 et des vins de plaisir. Mention particulière au Trousseau 2011, pas encore totalement en bouteille et toujours sans soufre, ainsi qu'à un Savagnin ouillé 2010 très prometteur, fluide et gouleyant.

     

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    33 domaines présents sur les 41 à être en bio dans le Jura, ça commence à faire du monde. Et du beau monde, surtout. Un niveau global relativement élevé, avec beaucoup de vins réjouissants, élaborés par des vignerons talentueux, qu'ils fassent partie des valeurs sûres (Domaine de la Pinte, Julien Labet, domaine de la Tournelle, Philippe Bornard...) ou des p'tits jeunes qui n'en finissent plus de monter (Ratapoil, L'Octavin, Étienne Thiébaud, Géraud Fromont, des Marnes Blanches, Catherine Hannoun, Les Dolomies, Champ Divin...). Impossible de citer tout le monde, évidemment, surtout quand c'est l'heure du cochon.

     

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    La pauvre bête a quand même fait long feu, puisqu'il a fallu toute la matinée du lundi pour qu'elle soit cuite à point, avant d'être servie en accompagnement d'une poêlée de vieux légumes.

     

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    Le nez dans le vert, dans le bleu, ou dans les effluves de cochon grillé, les vins du Jura se préparent de bien bieaux lendemains...

     

    Olif

     

  • Cap sur Vins "nature" en Nord...

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    C'est devenu un cliché tendance pour apprécier le vin "nature", il faut souvent passer le cap du nez. Un écueil loin d'être insoluble, lorsque l'on a envie de toucher au graal vinique avec sa langue, et d'autant moins compliqué à franchir que bon nombre de vins dits "nature" sont de plus en plus civilisés. La sélection de vignerons effectuée par Luc et Gilles Carpentier pour le salon de Séclin (59) ne va pas piocher parmi le vin "nature" le plus trash et réalise un judicieux mix entre quelques membres de l'AVN, des biodynamistes convaincus, des bios de la première heure, et d'autres vignerons, soucieux autant de leurs sols que de la viabilité économique de leur entreprise. Le tout, parrainé par Le vin de mes amis et, depuis deux éditions, associé au Blog d'Olif, ce qui est une joie et un honneur. Et aussi un plaisir, celui d'effectuer désormais rituellement, au printemps, la route jusqu'à Lille pour un grand moment de convivialité et de retrouvailles.

     

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    Bienvenue chez les Ch'tis, ceux qui ne font pas du ski, mais clapent de la langue au pied des terrils. La route du Nord est parfois semée d'embûches, elle s'est faite par étapes progressives. Cette année, la virée lilloise a nécessité un crochet par Colmar, mais pas pour se gondoler sur la Petite Venise, avant de passer par Nancy et une étape Rue de la Soif, à L'Échanson, haut lieu, aussi stimulant que bruyant, de la vie vinique lorraine. Un Bourgogne Épineuil 2010 de Nicolas Vauthier, servi en magnum et à l'aveugle, a trompé son monde, mais pas tous. Gamay (du Beaujolais), pineau d'Aunis (de Loire) ou pinot noir (d'Alsace), les supputations sont allées bon train, avant d'atterrir en Mâconnais, chez Julien Guillot. Encore perdu, mais plus conforme.

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    Garder le cap, c'est une obsession. Et puis le dépasser. Pour se rendre à Vins nature en Nord, à l'espace Napoléon de Seclin. Passer le cap du nez...

     

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    Cap Blanc-Nez, les mouettes piaillent en direction de l'Angleterre, ce qui n'empêchera pas le XV de France de marcher sur une épine.

     

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    Cap Gris-Nez, légèrement embrumé, légèrement enrhumé, mais sans excès. Cap passé, mais sans y être allé.

     

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    Cap Rouge-Nez, au salon de Séclin, mais avec modération évidemment, car si on a beaucoup goûté, on a aussi beaucoup craché. Des belles choses, évidemment. S'en souvenir et ne pas oublier les autres. Priorité aux Filles, une symphonie de Chignin-Bergeron 2010 chignée Gilles Berlioz.

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    Priorité aux filles toujours, avec Frédérique Barriol-Montès et ses 2004 du domaine de la Casenove, qui se goûtent à merveille, à l'image de cette cuvée Commandant Jaubert 100% syrah, dont une goutte a malheureusement dû tomber par terre, on la cherche encore. S'Arena est issue d'un accident climatique qui a donné naissance à un passerillage précoce de muscat sur souche. Caractère oxydatif, style vin de paille, belle fraicheur, sucrosité discrète, voilà un bien joli vin.

     

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    Priorité aux filles encore, avec un petit clin d'œil à Monsieur Mosse, le chouchou d'une grande partie de ces dames, "en plein boulot, avec sérieux et une certaine classe", qui produit des vins blancs à marquer au rouge fer, comme cet Anjou 2010 le Rouchefer, justement

     

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    Priorité aux filles, encore et toujours, avec les Bonichons 2010 de Philippe Peulet, du gamay 95C qui soutient bien la gorge, quand il y glisse avec volupté. Ce lieu-dit abritait naguère une maison entièrement dédiée aux nourrices, à qui l'on amenait la marmaille à téter, mais pas encore du gamay, il faut croire.

     

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    Priorité aux filles, avec Marie Lapierre, et ses toujours gouleyantes cuvées de Beaujolais. La prime à un épatant Morgon 2011, qu'il fallait se dépêcher de goûter pendant qu'il y en avait encore.

     

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     Priorité aux filles, enfin, avec Hortense et Honorine, deux jolis sauvignons 2010, l'un de Touraine, l'autre de Ménetou-Salon, vinifiés par Albane et Bertrand Minchin, vigneron pragmatique et homme de convictions. Une gamme très cohérente, en blanc comme en rouge, et qui fait plaisir à boire.

     

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    Et puis tant d'autres, du Bandol La Tour du Bon d'Agnès Henry au Pomerol Gombaude-Guillot de Claire Laval, en passant par les bulles magiques de Delphine Richard, en Champagne. Même s'il n'y avait pas que des filles, à Séclin, certaines étaient accompagnées.

     

     

    Le Salon Vins nature en Nord ne serait pas le même sans ses soirées d'exception, comme le grand repas vigneron qui s'est tenu à la Laiterie, et l'indispensable after de clôture à L'Huitrière, où le tandem Giboulaureau ne manque jamais de se distinguer, après avoir ingurgité une ou deux crêpes Suzette flambées.

     

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    Olif

     

  • Cadet Roussel a trois bouteilles...

    VI
    Cadet Rousselle a trois bouteilles,
    Il en met deux dans deux verres à pieds,
    La troisièm' n'a pas le même goût,
    Et il s'en sert pour boire un coup,
    Ah ! Ah ! Ah ! mais vraiment,
    Cadet Rousselle est bon enfant.


     

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    C'est tendance, l'ambiance vinique est au combat. "Fightingbottles". Bordeaux contre les Chinois, les Africains, les Sud-Coréens. Bordeaux contre le reste du monde et Bordeaux reçoit à chaque fois une claque. Impassible challenger, Mouton-Cadet, pas fatigué de se prendre des vents, a remis le couvert. Dans ce qui pourrait être sa catégorie, oui mais non. Pas grave, pour une fois Bordeaux sortira vainqueur.

     

    À ma gauche, Mouton-Cadet 2009, AOC Bordeaux, déniché pour un peu moins de 10€ dans une supérette SPAR locale. À ma droite, le Cadet de Gombaude 2008, AOC Pomerol, dégotté pour deux fois plus d'euros dans le BIOCOOP du coin. Match forcément inégal, bien que les deux jouent en catégorie cadet: pas la même AOC, pas le même millésime, pas le même prix. Et pas le même mode de viticulture, surtout. Ni la même conception du vin. Pas grave, du moment que le Cadet de Mouton tient son rang d'éternel perdant. Non, ce n'est pas de l'acharnement. Le match n'a pas été truqué, même si le résultat semblait joué d'avance.

     

    Les vins sont dégustés à l'aveugle et soumis au verdict d'un panel de dégustateurs qui aime plutôt bien siffler des canons qui se boivent, surtout en mangeant. Verdict: GG mérite largement un surclassement en catégorie junior. Du Pomerol de soif, qui glisse comme une paire de skis de fond bien fartés sur une neige de rêve, des tanins fondus sur une fine note vanillée qui lui va bien. GG Junior, qu'il fallait l'appeler, le Cadet de Gombaude, pour être sûr de ne pas le confondre avec le Mouton-Cadet des soucis des Rotschild, qui finit court et amer après une attaque sucrée racoleuse. Pas de quoi en faire un méchoui, l'honneur bordelais est sauf. La preuve par le niveau.

     

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    La troisième bouteille n'est pas un cadet, mais un Pinot blanc 2004 de Gérard et Bruno Schueller. Parce qu'il fallait un blanc à l'apéritif. Celui-ci est doré, dans un registre plutôt oxydatif. Ah! Ah! Ah! Mais vraiment, Cadet Roussel est bon enfant.

     

    Olif

     

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

     

    P.S.: Cadet Roussel(le), né à Orgelet dans le Jura, s'écrit indifféremment avec une ou deux ailes. Et se chante pareil.

  • Saint-Glou in Brussels 2011

    Fraichement canonisé à Bruxelles, Glou, Saint-Patron des buveurs, méritait bien qu'on lui souhaite sa fête. Officiellement absent du calendrier, Glou devrait désormais être fêté avec tous les autres Saints, début novembre. Sans aucun lien avec la fête des morts, évidemment. Ivres ou pas. Retour indispensable sur ce week-end bruxellois où les cadavres n'ont pas porté de costard, mais se sont ramassés à la pelle.

     

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    Le Manneken-Pis...,

     

    Lorsqu'il a proposé à la cantonnade facebookienne et/ou bloguesque de venir tâter du vin "nature" à Bruxelles, désormais reconnue comme un haut lieu de bistrologie et de pinardologie naturiste, Patrick Böttcher, monomaniaquement Alsace à ses heures perdues, mais authentiquement bruxellois malgré son accent suisse allemand une fois, a essuyé quelques discrets "Non, peut-être". Il y a fort à parier que l'année prochaine, tous les individus concernés vont se fendre d'un "Oui, j'en ai bien peur".

     

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    ...le glouglouteur aussi.

     

    À peine arrivés, tout juste le temps de s'installer à l'Hôtel Pantone, conceptuel, design, mais extrêmement confortable, c'est possible, j'en ai bien peur. Départ quasi immédiat pour un petit rafraichissement derrière la nuque, Chez Max, Coiffeur pour hommes. L'ancien Bistrot de la Poste a fait peau neuve et renaît de ses cendres sous influence gainsbourienne. Madame Olif aurait bien bu une petite bière, elle s'est tapée une Courge Vernie 2010 et de fines tranches de jambon. Et puis un ou deux autres blancs, histoire d'être en forme pour le repas du soir. Le grand air belge donne soif, d'autant plus que les températures sont plutôt clémentes pour la saison. Mais la Cantillon, ce sera pour plus tard.

     

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    Chez Max, Coiffeur pour Hommes (anciennement  «Le Bistrot de la Poste »)
    Chaussée de Waterloo,  550A
    1050 Ixelles (Bruxelles )
    Tél. : 02 344 42 32

    Web : http://www.chezmaxrestaurant.be/


    Les Brigittines, aux Marches de la Chapelle, nous attendaient de pied ferme. C'est Dirk Miny, le chef volubile, qui nous a servi à la louche un fabuleux consommé de gibier avec de vraies girolles dedans, avant une exquise pièce de bœuf en croûte de sel et quelques frites, une fois.

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    L'Alsace, patrie vinique de Dirk, a été à la fête, avant même que des Alsaciens bon teint ne nous rejoignent le lendemain. Un superbe Klevener 2008 de Jean-Pierre Rietsch, avant un Pinot noir 2006 de Patrick Meyer, plus controversé, mais néanmoins aisément éclusé en double exemplaire avant la fin du plat principal. L'heure de la bière avait sonné, tel un serpent à sornettes venant distiller son venin. "Wijn na Bier, Plezier, Bier na Wijn, Venijn." préviennent les Belges méfiants. "Hein?" disent les Français en commandant un fût de Cantillon, tout en salivant déjà à la pensée de la journée du lendemain.

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    Les Brigittines « Aux Marches de la Chapelle »
    Place de la Chapelle, 5
    1000 Bruxelles
    Tél : 02/512.68.91 - 02/512.69.57
    Web :  http://www.lesbrigittines.com/


    La brasserie Cantillon, c'était le clou du programme. Surtout effectuée en compagnie de Jean Van Roy en personne. Dernière brasserie bruxelloise intra-muros, elle cultive la levure indigène et la bière artisanale comme peu savent le faire. Une lambic "nature", à l'instar du vin du même tonneau, qui sert parfois aussi au vieillissement de la bière.

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    Une visite fort instructive, agrémentée de considérations sur l'artisanat, l'industrie et le bio, côté bière, suivie d'une série de travaux pratiques gustatifs qui ne laissent planer aucun doute sur le style de gueuze qu'il vaut mieux boire. On comprend mieux pourquoi la visite de la brasserie Cantillon est un véritable pélerinage pour bon nombre de touristes en goguette à Bruxelles.

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    Brasserie Cantillon
    Rue Gheude, 56
    1070 Anderlecht  (Bruxelles)
    Tél : +32 2 521 49 28

    Web  : http://www.cantillon.be/

     

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    Après avoir couru la gueuze toute la matinée, il nous restait du pain sur la plancha. Transformé l'espace d'un instant en patio privatif, l'espace vins de Basin & Marot fut une table de premier choix. Antipasti, salade et viande grillée, un menu open qui a permis l'ouverture de quelques quilles, pour se sustenter avant le repas du soir.

     

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    Basin & Marot Wines
    Rue du Page, 90 A
    1050 Ixelles (Bruxelles)
    Tél : +32 2 347 64 66

    Web :
    http://basin-marot.be


     

    Sans rentrer dans le détail, car ce fut éclectique, ce fut bon et nous ne manquâmes de rien. Sauf peut-être d'un peu de soufre, ce qui nous conduisit, en guise de promenade digestive, jusqu'au bistrot à Bout de Soufre, pour un apéritif de reconstitution avant le repas du soir.

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    Format bistrot de poche et bons vins nature, nous restâmes toujours autant à bout de soufre, pas l'once d'une céphalée à l'horizon.

     

    A Bout de Soufre
    11, Rue Tasson Snel
    1060 Saint-Gilles (Bruxelles)
    Tél : +32 2 537 27 00
    Fax : +32 498 599 000
    Web : www.aboutdesoufre.com

     

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    Il valait mieux, avant de franchir la porte du Coin des Artistes, où la cuisine de Jean-Yves en bouche un gros, de coin. Terrine de boudin au foie gras, avant sublime cassoulet maison comme on ne sait pas faire beaucoup ailleurs, y compris dans le Sud-Ouest. Et si certains ne sont pas d'accord, c'est bien volontiers que l'on ira vérifier. Le cassoulet de Jean-Yves n'a rien d'un péteux, d'ailleurs. Les quelques vents parvenus jusque là, sans offusquer les artistes, étaient en provenance du Jura.

     

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    Le Coin des Artistes
    5 Rue du Couloir
    1050 Ixelles (Bruxelles)
    Tél : +32 2 647.34.52
    Web :
    www.lecoindesartistes.be


    Après ce cassoulet d'anthologie, accompagné de moult jéroboam et magnums, suivi d'un repos digestif nocturne bien mérité, commença la partie la plus physique du week-end. Se mouvoir, à pied, jusqu'au cœur de la vieille ville de Bruxelles, depuis Saint-Gilles. Pente favorable, ravitaillements en nombre suffisant. Une petite soupe à l'oignon à La Clef d'or, place du Jeu de balle, sur un air d'accordéon, puis une petite bière, faut pas déconner non plus quand même, avant une autre bière apéritive à la Fleur en papier doré, une des plus vieilles brasseries bruxelloises, restée dans son jus XIXème siècle, mais attention, ce n'est pas un musée, là-bas, on consomme.

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    Détour par la Grand Place et amical salut au Grand Homme qui fait pipi debout, coucou à sa petite sœur espiègle, Jeanneke, et ultime bière apéritive au Délirium Café, avant d'échouer place Sainte-Catherine, avec la Mer du Nord pour dernier terrain vague.

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    Écoutons donc craquer sous la dent les sublimes beignets de crevette et les bulots sauce pimentée, et laissons gambader les Gras Moutons de Marc Ollivier sur le trottoir qui nous a servi de salle de restaurant pour un déjeuner exceptionnel malgré le tout petit chemin de pluie pour unique bonsoir qui est venu nous rafraîchir en fin de repas.

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    Sans compter qu'à l'apéritif, nous avons eu le bonheur de tremper nos lèvres dans un verre de Zwanze 2011. La Zwanze, c'est un humour typiquement bruxellois, fait de gouaille et de dérision. C'est aussi une cuvée spéciale et limitée de Cantillon créée pour le fun par Jean Van Roy et destinée à être consommée dans le monde entier le même jour, celui du Zwanze Day, afin d'éviter une spéculation idiote sur une bière de pur plaisir, dont le principal défaut est d'être produite en quantités très limitées. La cuvée 2011 est aromatisée au "Pinot d'Aunis" d'Olivier Lemasson et dessoiffe avec gourmandise. Ce dimanche 30 octobre 2011 fut notre jour de Zwanze, grâce à la générosité de Jean Van Roy et celle de Patrick. Cantillon power, for ever!

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    Noordzee - Mer du Nord
    Rue Ste Catherine 45
    1000 Bruxelles
    Tél: +32.2.513.11.92
    Fax: +32.2.502.73.04

    Web :
    www.vishandelnoordzee.be

     

    Et après ça, vous reprendrez bien une petite bière? Non, peut-être. "Beer is the answer", Jean Moeder en est convaincu. On était venus pour boire de la bière belge, on a bu de la Cantillon, évidemment, mais aussi de la bière italienne. Et on a parlé de bière suisse, française, européenne, franc-comtoise même. Moeder Lambic, Fontainas ou Saint-Gilles, le meilleur bar à bières de Bruxelles? J'en ai bien peur, même si on ne les a pas tous testés.

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    Vive la bière artisanale et authentique, servie à la pression pour un très grand nombre, grâce à un concept très innovant (chambre froide placée sous le bar, pour raccourcir le plus possible la distance entre les fûts et le gosier).

     

    Moeder Lambic Fontainas
    8 place Fontainas
    1000 Bruxelles
    Tél: +32 2 503 60 68
    Web : www.moederlambic.eu

     

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    Et les frites, dans tout ça? Direction Friture René, alors. Pour une bonne gamelle de moules, à la Cantillon, évidemment, double slash même. Un peu de difficulté à parquer la voiture devant cette ancienne et bonne adresse de friture de rue qui s'est transformée petit à petit en vrai restaurant. Les moules étaient parfaitement bien parquées devant la sauce marole, par contre. Un véritable choc culinaire que la saveur de cette moule crue et charnue trempée dans une sauce vinaigre-moutarde à réveiller les papilles les plus endormies. Avec ces moules parquées, suivies de moules à la Cantillon, frites premier choix, le tout arrosé de quelques belles quilles (du Beaujolais, notamment) et, pour finir, d'une Cantillon, la Saint-Glou s'est terminée en apothéose. Point de thé pour cloturer, mais cela eût été possible, car Nico, le "fils de la maison" s'est pris de passion pour ce breuvage et a élaboré une carte qui devrait laisser rêveur l'amateur, tant la sélection est pointue.

     

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    Friture René
    Place de la Résistance, 14
    1070 Anderlecht (Bruxelles)
    Tél : +32 2 523 28 76

    Web : http://www.eating.be/fr/resto/show/friture-rene

     

    Un immense merci à Patrick "monomaniaquement Alsace" Böttcher, Jean-François Basin-Marot et toute l'équipe des Vendredis du vin Brusseleirs pour leur accueil chaleureux et cette exceptionnelle visite guidée bruxelloise à la gloire de Saint-Glou, patron des buveurs. Glou ne connaissant pas de frontière, il y a fort à parier que sa prochaine canonisation se déroule dans le Jura, du 1er au 4 novembre 2012. Nul doute qu'on en reparle un jour ou l'autre. En serez-vous?

     

    1. Oui, j'en ai bien peur.
    2. Non, peut-être.
    3. Ne sait pas encore.

     

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    Olif

     

     

    P.S.: mieux vaut tard que jamais, et je ne doute pas que la simple lecture de ce billet va tirer des larmes aux participants de cette première Saint-Glou.

     

     

  • Débouchées en plein air

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    Toï Toï le Zinc, Toï Toï la terrasse. Une température printanière a permis aux Débouchées de prendre l'air en ce 20 novembre 2011. Les Débouchées, un salon à la Villeurbanane, résolument orienté nature, avec des Ardèchois en pagaille, le Roussillon à la fête, le Languedoc pas en reste, le Beaujolais dignement représenté, un Jurassien esseulé (mais quel Jurassien!) ... et un lévrier afghan bouffeur de saucisse. Fallait pas abandonner son assiette sans surveillance!

     

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    Honneur aux filles, et d'abord Julie, qui est venue avec Simone. Et aussi Rémont, tout ça en 2010. Des bouteilles fleuries de façon presque indécente, tellement elles sont bonnes. Et tout ça, c'est fait à la main, s'il vous plait. À dos de femme, au treuil, à la pioche, en bio, sans soufre. Alors, Julie Balagny, elle ne veut pas le brader, son vin. Ceux qui trouvent ça vraiment trop bon en achètent, ceux qui trouvent ça trop cher préfèrent juste le goûter.

     

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    Isabelle Frère est venue avec Nina, mais ce n'est pas sa sœur. Juste un vin primeur, millésime 2011. C'est bon comme du Beaujolais nouveau, mais ça a plutôt le goût de cinsault. Il n'y en a pas non plus. Juste du grenache et syrah en carbo, d'un beau rose fuschia soutenu, une bouche soyeuse, du velours pour l'estomac. Avec Murmûres, le carignan te parle dans le creux de l'oreille avant de s'engouffrer dans ta bouche. Et tu restes sans voix. Coi, quoi!

     

    Parmi tous les Ardèchois, il a fallu faire des choix. La palme du plus beau Saint-Jo au 2010 de la Ferme des 7 lunes de Jean Delobre. Un jus de syrah d'une grande pureté, comme une évidence de vin. Et puis Babiole 2010 d'Andréa Calek, juste très bon. La première découverte fut celle d'un vin d'Étables, vin de table en provenance de La petite ferme au bout du chemin. À carafer impérativement, comme l'a d'ailleurs fait David Auclair, qui connait bien son vin, c'est la moindre des choses.

     

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    Et puis, en off au cul du camion, parce qu'il ne faisait pas partie des vignerons-exposants cette année, dégustation du premier millésime de Sylvain Bock, qui a repris en 2010 une partie des vignes de Gérald Oustric à Valvignières. Déjà 4 cuvées, Sylvain Bock ne fait pas semblant. C'est d'ailleurs le nom de son assemblage grenache gris-chardonnay, parce qu'il en fallait bien un, de blanc.

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    Et puis 3 rouges, en carbo, vinifiés sans soufre, juste un peu à la mise. Ça goûte plutôt bien, carignan ou syrah, Bascule, Caramba ou Raffût. Un petit nouveau à suivre de près, d'autant qu'il a été à bonne école, celle de Valvignères.

     

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    Avant de remonter vers le Nord, cap au Sud, c'était dans le domaine du Possible, avec Loïc Roure. Tout bu or not tout bu (cuvée de négoce), C'est pas la mer à boire, Couma Aco, autant de cuvées du millésime 2010 qui font plaisir à boire. Tout comme ceux de Philippe Wies, qui avait emmené sa Petite Baigneuse faire trempette dans le Rhône. Carton plein pour Bon Plein 2009 et également pour son très beau Maury VDN.

     

    Toutes les bouteilles goûtées ce jour-là ont été débouchées sur place. Les Débouchées, le salon qui tient ses promesses.

     

    Olif

  • Les 7 péchés capitags...

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    On ne peut rien refuser à Eva! Même quand elle part seulement en vacances, à l'heure où tout le monde reprend le travail. Et va-z-y que je te propose un bête jeu de banlieusard et que je te tague, histoire de m'occuper sur la plage de Bidart, quand les vagues sont trop grosses, allongée sur ma planche de surf, les pieds en éventail, un verre d'Irouléguy à la main et l'Ipad entre les dents. Mais c'est qu'on n'a pas que ça à faire, nous autres! On a du boulot pour de vrai, et un peu du boulot pour de faux aussi, à force d'aller traîner aux quatre coins de l'Europe viticole. Mais comme je l'ai dit en préambule, on ne peut rien refuser à Eva, le plus grand goulot de toute la blogosphère Beauté et la plus belle représentante de toute la Bloglouglou.

     

    Sur le thème des sept pêchés capitaux, c'est parti pour quelques révélations croustillantes:

     

    • L’avarice : Quelle bouteille avez-vous trouvé outrageusement bonne malgré un prix honteusement bas?

     

    Cachez ce gros manseng que les buveurs d'étiquettes ne sauraient voir! Un Irouléguy Herri Mina 99 longuement mûri en cave, qui est en train de prendre une dimension supérieure, grâce à une minéralité tranchante joliment enrobée, sur un fruité toujours présent. Outrageusement bon et honteusement moins cher qu'un Pétrus du même millésime, pourtant lui ausi vinifié par Jean-Claude Berrouet.

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    • La paresse : Quel vin n’avez-vous jamais goûté par flemme de vadrouiller dans X cavistes pour le trouver?

     

    Un vin jaune 1774. C'est terrible, la flemme! Pas sûr qu'en faisant X cavistes, j'aie réussi à la trouver, d'ailleurs.

     

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    • La luxure : Dans quel vin aimeriez-vous prendre un bain et faire des bisous (oui, il y a des enfants dans l’assemblée, on fait soft) avec votre moitié?

     

    Prendre un bain de Rosé Fine, assis sur la banquette arrière d'une Dauphine, le genre de sensation que seuls les plus de 48 ans peuvent connaître. Osez Osez Rosé fine.

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    • L’envie : Quel vin dégusté sans vous par l’un de vos amis ou connaissances vous a fait le plus envie (et enragé)?

     

    Haut-Brion 2002. J'aurais bien eu envie de le goûter avant de jeter de colère toutes mes bouteilles au caniveau et d'empoisonner Laura Palmer.

     

    • La gourmandise : Quelle bouteille pourriez-vous siffler tout seul d’une seule traite ou presque?

          

    Un bête vin rouge, tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Du Bourgogne Grand Ordinaire 2009, oui, mais du Prieuré-Roch. Ça coûte la moitié d'un bras mais ça vaut tous les grands crus de la Côte. Alors...

    Et, surtout, ça se siffle à une vitesse supersonique, sans être obligé de se questionner sur la nature du terroir et du climat...

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    • La colère : Quel vin vous a tellement déçu que vous l’avez jeté de colère après l’avoir dégusté?

     

    Haut-Brion 2002. Je ne l'ai pas dégusté, mais j'ai vidé de rage mes bouteilles au ruisseau lorsque j'ai lu le compte-rendu de la dégustation organisée par l'agent Dale Vindicateur.

     

    • L’orgueil : Quelle bouteille pensez-vous être le seul à pouvoir apprécier à sa juste valeur?

     

    Le Côtes du Jura 2002 du domaine Macle, un vin d'une finesse incroyable, à ne pas mettre dans la bouche du premier Bicéphale venu.

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    Olif

     

    P.S.: il parait qu'il faut taguer en retour d'autres personnes pour ne pas briser la chaîne et risquer de se retrouver maudit jusqu'à la 14ème génération. C'est un truc pour lequel je ne suis pas très doué. J'avais bien pensé au bon vivant, le seul blog people sur le vin, mais non, pas lui. Par contre, si l'Esthète, épicurien et décalé, nouvellement arrivé, veut se mêler aux petits jeux de la Bloglouglou, il n'a qu'à reprendre la patate chaude au bond...

     

    P.S.2: comme Eva a pensé à tout avant de partir, il y a une page Facebook pour répertorier tous les tags.

  • REVEVIN 2011: Pris la main dans le Pessac!

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    Premier temps fort des REVEVIN 2011, sous le patio du Chai Carlina, cette horizontale des blancs de Pessac-Léognan s'annonçait comme une étape de cols insurmontables pour un certain nombre de Revevineurs ayant construit leur nid douillet d'œnophiles loin de la place de Bordeaux, de ses courtiers et de ses crus classés, bientôt destinés exclusivement au marché chinois, ce qui fait rire jaune, mais sous cape, quelques occidentaux pas encore complètement sevrés d'un certain style de vins élaborés pour plaire à certain(s) gourou(s) volontiers prescripteurs de breuvages concentrés et boisés, à l'élevage un tant soit peu stéréotypé, et/ou aimant plus que tout se retrouver invité(s) à la table des grands châteaux pour des dîners aux formats géométriquement variables dont la seule véritable constante est le nombre et l'ancienneté des flacons servis à des pingouins endimanchés sachant aussi bien relever leur queue de pie que le petit doigt en l'air, quand il s'agit de pavaner au milieu de cette basse cour internationale au sein de laquelle quelques pique-assiettes réussissent toujours à se faufiler, mais pas de bœuf à la bordelaise, point, à la ligne, on respire et on souffle un grand coup avant de passer au paragraphe suivant.

     

    La date et le lieu: le patio du Château Chai Carlina, à Saint-Jean de Monts, par un beau week-end ascensionnel, début juin 2011. Pfff! comme le temps passe vite!

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    Le format: rectangulaire, celui d'une table allongée où une vingtaine de Revevineurs peuvent prendre place sans avoir à tendre trop le bras lorsqu'il s'agit d'attraper un crachoir.

    L'appellation et le millésime: Pessac-Léognan 2008. Sauvignon et sémillon au menu, donc, dans un millésime à forte acidité et vraisemblablement à faible maturité d'une manière générale. Les gencives ont pas mal couiné, les dents ont grincé, mais l'estomac a peu dérouillé, tous les vins ayant été évidemment recrachés. Le prix de la majorité des vins, par contre, est susceptible de coller un ulcère, même -et surtout- quand le domaine a ramassé à bonne maturité. Une quasi-intégrale des crus classés de l'appellation, excepté Haut-Brion et Laville (redevenu missionnaire depuis le millésime 2009) qui ne jouent plus dans la même cour ni le même patio depuis un certain temps, voilà qui avait pourtant de quoi exciter les papilles.

     

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    La méthodologie: tous les vins sont goûtés à l'aveugle, par paire associant un Grand cru classé ou assimilé et un "pirate" non classé ou d'une appellation voisine. Double carafage préalable, l'identité des vins n'étant révélée qu'à la fin de la dégustation.

    Les résultats: dans une telle dégustation, il est évident que le plaisir passe au deuxième plan. Peu de vins ont conduit à l'extase gustative. Les plus grands, présentés en dernier, étaient également les plus mûrs et les plus concentrés, les plus à même d'être appréciés à ce stade, ils sont logiquement mieux sortis, Pape-Clément et Smith-Haut-Lafitte en tête. Mention honorable pour Carbonnieux et Malartic-Lagravière, qui s'en tirent pas mal également, avec une acidité importante, mais plutôt bien équilibrée. L'outsider de cette dégustation, parmi les "petits", c'est Château Turcaud barrique, plutôt très bien goûté le matin (face à un Chevalier en toute petite forme), mais curieusement peu apprécié le soir, lors d'un deuxième passage, toujours à l'aveugle, à l'occasion du repas. Les aléas de la dégustation... Un des petits poucets sur le papier, la cuvée Vin Passion du Champ des Treilles s'en est finalement plutôt bien tirée en offrant un profil aromatique et une structure complètement différents de tous les autres vins de la série. Sur la plupart des 20 échantillons dégustés, les arômes archétypiques de sauvignon levuré (agrumes, citron, ananas, bourgeon de cassis) associés à un boisage plus ou moins marqué (vanille, noix de coco, notes d'amertume) l'ont emporté haut la main, avec une matière loin d'être suffisamment mûre pour espérer envelopper tout cela dans quelque temps, à mon humble avis.

     

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    Bon, on ne s'est pas franchement régalé, c'est vrai, mais, comme l'a dit Philippe, il fallait la faire, histoire de se recaler le palais. Cela va quand même être dur de faire marche arrière et réapprécier ce standard de vin, désormais...

     

    Olif

     

    P.S.: vous avez échappé au pire titre que j'avais imaginé, Léo-de hurle-gnan, comme quoi je sais parfois me retenir.

     

    P.S.2: d'autres commentaires sur cette dégustation ici, et , afin d'en avoir un éclairage différent du mien et que chacun puisse (éventuellement) y trouver son compte.

  • Les vins de Julien: leur Terre est notre Ciel!

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    "La Terre est notre Ciel..." Tous les sens retournés, après la rencontre cosmique, entre un chef, Jean-Paul Jeunet, un vigneron, Julien Labet, et un peintre, Pierre Casenove. "Fusion esthésique" et "exigence esthétique" furent les deux mamelles de ce "chemin spirituel" et gastronomique, concocté par Jean-Paul Jeunet, en harmonie totale avec les vins de Julien Labet, véritable point d'orgue du vernissage préalable de l'exposition consacrée aux tableaux de Pierre Casenove, illustrant la nouvelle collection des Vins de Julien. Autrement formulé, après le plaisir des yeux, ça a fusionné grave dans la panse des privilégiés qui avaient réservé une table à l'Hôtel de Paris  en Arbois ce soir-là.

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    Tout le collectif Labet s'est réuni autour d'une table pour saluer la performance de Julien, auteur d'une nouvelle collection de vins en son nom propre, qui vient compléter de manière totalement indépendante l'offre du domaine proprement dit. Les vins de Julien sont issus de vignes en conversion bio depuis 2010, vinifiés avec peu ou pas de soufre selon les cuvées, dans un esprit différent de ceux du domaine familial, qui sont néanmoins eux aussi des références en la matière. Pour habiller ces vins remarquables, il fallait bien un étiquetage sur mesure et une cuisine adaptée. C'est désormais chose faite.

     

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    Chaque plat de Jean-Paul Jeunet est un assemblage de textures et de saveurs échafaudé pour le vin choisi. Savoureux mariage à chaque fois soigneusement pensé, blanc puis rouge, puis blanc, puis rouge, rien n'a bougé avant le jaune et le Paille final. Un petit pain différent, sélectionné pour chaque plat, complète l'accord. Rien n'a été laissé au hasard...

     

    - Côtes du Jura Savagnin "En Chalasse" Grains Nobles 2009 et grosse asperge, coques & vin jaune, pain noir aux algues: étonnant savagnin surmaturé sec qui ouvre le bal sur une assiette très élaborée. Riche et épicé, il laisse la bouche fraîche.

     

    - Côtes du Jura Pinot noir 2009 sans soufre et Truffe de la Saint-Jean, rave d'été & cardamome, en salade, sur une raviole de tête de veau & racines, longuet truffe & rave: ouh, le joli pinot que voilà, friand et croquant, au tanin fin qui fait écho à la truffe et qui ricoche sans fin sur la succulente raviole.

     

    - Côtes du Jura Chardonnay "Les Varrons" 2007 et Homard bleu de Bretagne, consommé de crustacés & combawa, pavé au citron: l'un des plus beaux accords de la soirée, l'acidité de 2007 répondant à la perfection à celle du combawa, les notes d'agrumes se mêlant pour s'amplifier et se fondre dans la bouche de manière inerminable. Le homard en frétillait encore. Et on a même eu droit à du rab de consommé! Trop bon!

     

    - Côtes du Jura Poulsard "En Billat" 2009 et Pigeon, blettes, poires, en voile de lard, jus court à la chicorée, baguette au Jésus & origan: le pigeon n'effraya pas le poulsard, là où on eût pu attendre le pinot, car le vin avait de la chair et de la longueur. Un joli grain de vin et de l'acidulé qui enrobent joliment le filet de pigeon et son jus.

     

    _ Côtes du Jura Jaune 2004, domaine Alain Labet, et Déclinaison de Comté et Morbier, jeunes et vieux, pain à la gaude: le domaine de Julien est de création trop récente pour s'enorgueillir d'un jaune, il a donc été fait appel à Alain pour pallier à cette carence temporaire. Un beau jaune, encore sur le fruit de sa jeunesse, pas trop marqué par la noix verte, qui claque bien en bouche et se rit des exquis fromages, trop facile pour lui.

     

    - Vin de table "La Paille perdue 2006" et Abricot, amandes fraîches & safran, en consommé au lait d'amande, moelleux safran, sorbet & cristalline d'abricot: encore un Paille de perdu! Pourtant bel et bien élevé sur la paille, il n'a pas droit à l'appellation pour cause d'équilibre naturel atteint vers 10,5°, là où il aurait fallu le maintenir au dessus de 14°. Beaucoup de sucre, donc, une grande concentration, mais un équilibre de fou qui se fond dans les notes d'abricot et de safran du dessert. Une petite merveille!

     

    - Café et quelques gourmandises: oui, aussi.

     

     

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    Et puis, il y a bien eu aussi un petit after du côté des Jardins de Saint-Vincent, mais il était déjà tard.

     

    En toute discrétion, Julien Labet a pris de la hauteur. Sa terre, c'est notre ciel, et il s'affirme très certainement comme l'un des plus grands vignerons jurassiens actuels. Cette magnifique soirée en fut la preuve formelle et il eût été dommage de la manquer...

     

    Olif

  • Quelques vins sans crier Gard...

    Le Gard est un département viticolement écartelé entre le Languedoc et les Côtes du Rhône. À moins que ce ne soit un pont entre les eux? Gardon nous de toute conclusion hâtive...

     

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    Domaine Perraudin, cuvée Solal 2009: un vin d'architecte, bâti sur l'originalité: assemblage de viognier, sauvignon, chardonnay, petit manseng, il est très aromatique, avec des notes fermentaires encore présentes, du gras en bouche, une belle élégance mais une structure un peu alanguie, qui mériterait un plus de peps. Un caractère sudiste, pourtant jamais plombant, peut-être exacerbé par le millésime 2009. Mais il faut bien admettre que c'est de la belle ouvrage, destinée à la gastronomie.

    Une renaissance pour ce domaine en sommeil depuis plusieurs années, géré par Gilles Perraudin, architecte, et situé au diable Vauvert, 30600. Un parti pris d'excellence qui se paye cash: 20€ au domaine quand même.

     

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    Domaine des Lys: la syrah 2009 du Pays des Cévennes a tout d'une Grande. C'est son nom, en fait. Une petite bombe qui embaume la tapenade, l'olive noire et les épices. Duché, rien à voir avec Guevara, c'est l'assemblage syrah-grenache en vin de Pays du Duché d'Uzès. Millésime 2009 aussi. Un vin qui ne s'use que si on le boit, mais qui révèle tout son potentiel après une bonne aération. Des sols argilo-calcaires qui préservent la fraîcheur, malgré la richesse et la concentration du millésime. C'est très bon, presque gouleyant. Ce projet viticole, réunissant Ray Monahan et Olivier Privat, également vigneron à La Glacière, a tout pour séduire. Les Lys, ça devrait tourner fort!

     

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    Olif

  • VDV#36: les vins d'un autre millénaire...

     

    VendredisduvinFlashback. À l'occasion de cette 36ème session des Vendredis du vin, Philippe Rapiteau, the Pipette-man, nous invite à jeter un sérieux coup d'œil dans le rétroviseur. Vous faisiez quoi, le précédent millénaire? Encore à l'école primaire ou déjà immergé dans le monde professionnel? Avec suffisamment de revenus pour acquérir quelques bouteilles? Et suffisamment patient pour les laisser vieillir en cave? Vinogérontophiles, ce VDV est le vôtre. Si la simple évocation de robes supposées fripées, de tanins possiblement ridés ou d'arômes évolués de petite vieille qui se néglige vous procure un délicieux frisson sur l'échine, dépoussiérez vos flacons et sortez vos tire-bouchons! C'est quoi, d'abord, un bon vin vieux? Un bon vin vieux, c'est avant tout un vin qui a su rester jeune. Sur l'âge, mais pas décati. Tenant encore debout, sans l'aide d'une canne ou d'un déambulateur. Et, du coup, révélant tout le potentiel du terroir dont il est issu. Avec le temps, le cépage s'efface et laisse la place à la magie du lieu. Les arômes deviennent tertiaires, ce qui leur confère un charme certain, mais ça ne suffit pas à réjouir le palais. Si la bouche s'étiole, on dit que le vin a perdu son corps mais pas son âme. Maigre consolation. Les bons vivants ne se sentent pas concernés lorsqu'il s'agit d'étreindre des squelettes, comme le chante Brassens.

    Dans les années 1990, la base essentielle des achats de vin des Éts Olif (formule empruntée au Sieur Boulard) était constituée de Grands crus classés bordelais. Ce qui pourrait être considéré comme une classique erreur de jeunesse se révèle néanmoins être finalement un plutôt bon placement, financier et gustatif, tant, à l'époque, le prix de ces bouteilles semblait dérisoire par rapport à ce qu'il peut être maintenant. Cela n'excuse rien, mais il faut désormais les vendre ou les boire. Ce n'est quand même pas tous les jours que l'on peut se dire que l'on s'en est jeté pour plus de 1000€ derrière la cravate, parce que de toute façon ça ne les vaut pas, qualitativement parlant! Les 2 bouteilles bordelaises ci-dessous m'ont coûté à peine 600 francs en tout. Du bon franc français du précédent millénaire, à l'époque où la baguette valait 1 ou 2 balles, guère plus qu'un petit noir au comptoir.

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    Le mois de mai, dans la famille Olif, c'est celui des anniversaires. Deux millésimes à fêter, loin d'être les meilleurs, malheureusement. Mais il reste quand même quelques flacons à ouvrir, qui permettent de juger de la jeunesse des récipiendaires. Et de jauger la qualité des vins achetés pour l'occasion, avec le secret espoir de les emmener le plus loin possible. De là à dire que cette session des Vendredis du vin tombe à pic...


    vendredis du vin,savoie,dupasquier,roussette,lafite-rotschild,mouton-rotschild- Roussette de Savoie Marestel 1987, domaine Dupasquier: celui-là, ce n'est pas un vin de Bordeaux, tout le monde aura rectifié de lui-même. Cette bouteille, gentiment cédée par Noël Dupasquier lors d'un passage, déjà lointain, au domaine, a patiemment attendu son heure. Son altesse la roussette de Savoie supporte en principe aisément le poids des ans. Le nez est très intense, marqué par des notes d'écorce d'orange et de cire. En bouche, si on sent encore bien une certaine vivacité, la structure parait un peu décharnée et commence à peiner sur la longueur. La finale est marquée par une légère amertume qui laisse peut-être un poil amer d'avoir attendu cette bouteille un peu trop longtemps.

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    - Château Mouton-Rothschild 1987, Pauillac: avec celui-ci, on est bien à Bordeaux, nageant dans le stupre et le lucre. Dernière vendange du Baron Philippe de Rotschild, étiquette signée Hans Erni, l'une des dernières œuvres de ce peintre suisse renommé, dernier exemplaire issu de ma cave. Tout a une fin, sauf ce Mouton, loin d'être fini. La bouteille oui, qui n'a pas fait trop long feu, l'exemple même d'un beau Pauillac à maturité, malgré la petitesse du millésime. Arômes tertiaires, un peu sous-bois et humus, notes de fumée et de bois noble. Tanins souples et fondus, élégants et harmonieux, beaucoup de finesse, de classe et surtout un grand plaisir en bouche. À des lieues du caractère austère et malengroin du millésime 1988, dernière expérience plutôt malheureuse et déplaisante vécue avec Mouton.

     

    vendredis du vin,savoie,dupasquier,roussette,lafite-rotschild,mouton-rotschild- Château Lafite-Rothschild 1994, Pauillac: après une première bouteille de ce lot, désespérément bouchonnée il y a une dizaine d'années, l'heure de la revanche allait-elle sonner pour cet autre cru fétiche pauillacais? 1994, millésime difficile, qui a conduit Lafite à ne garder que le cabernet-sauvignon pour sa grande cuvée. Plutôt corpulent, le vin se pare d'une relative austérité à l'ouverture de la bouteille mais les tanins ne sont pas revêches. De la finesse et une grande droiture le rendent plutôt séduisants sans son genre. Long et élégant, il n'est pas pour autant guindé et se laisse plutôt bien approcher. On peut encore l'attendre, ou à défaut le vendre aux Chinois.

     

    Olif